Oldies But Goodies: Adventure Comics #66 (Sept. 1941)

29 mai 2010 Non Par Comic Box

[FRENCH] Si vous croisez dans la rue un individu qui dit arriver directement de l’an 532, où il était un des compagnons d’armes du Roi Arthur, il s’agit au mieux d’un plaisantin, au pire d’un déséquilibré (ou, en dernière extrémité, d’un comédien travaillant pour M6). Mais si l’individu porte une épée, une armure en or et qu’il chevauche en prime un cheval ailé, il y a des chances qu’il y ait un fond de vérité. C’était en tout cas, en 1941, le préambule des aventures du Shining Knight, arrivé au vingtième siècle par un procédé digne de Captain America…

Dès la première image on se rend compte d’un curieux anachronisme : trois malfrats (visiblement des américains du vingtième siècle) sont poursuivis par un chevalier à la tenue rouge et or. Non seulement ce dernier les menace d’une épée dans une main et d’une lance dans l’autre. Je ne suis pas certain qu’il soit possible de se tenir à cheval en  maniant les deux armes sachant que pour la lance il faut plutôt se tenir immobile en fonçant vers sa cible tandis que la manière dont le chevalier tient l’épée tout au dessus de sa tête devrait normalement le déséquilibrer). Mais passons… L’homme en armure pourrait être un acteur, un cascadeur ou artiste de cirque ayant décidé de s’attaquer à la pègre en utilisant un costume de scène ? Pas vraiment, car son cheval blanc est tout simplement pourvu d’ailes…

Il y a clairement un élément fantastique à l’oeuvre dès cette première case, élément qui étonne aussi bien les gangsters capturés par ce nouveau héros… que les policiers qui se grattent la tête en se demandant bien de qui il s’agit, alors que le cheval ailé s’envole en emportant son cavalier dans le ciel… Même le narrateur interpelle le lecteur: « Oui, qui est cet inconnu… courageux, fantastique… qui galope directement des brumes du passé pour tonner en 1941 ? Pour le savoir, déroulons le parchemin de l’Histoire… ».

Nous voici donc en train de faire un bond en arrière jusqu’en 532, dans la forteresse du roi d’Arthur à Caerleon, situé près de la rivière Usk. A ces mots il devient évident que le scénariste a au moins fait l’effort d’ouvrir un livre sur le mythe arthurien tant on s’attendrait plutôt à entendre parler de Camelot, citadelle plus souvent associée avec ce roi légendaire. « Camelot » est en effet une invention plus tardive, greffée sur le mythe par notre compatriote Chrétien de Troyes au douzième siècle. Les premières sources, elles, privilégiaient Caerleon comme lieu à partir duquel Arthur régnait et réunissait ses chevaliers. Autant les scénaristes de comics ont parfois le chic pour se prendre les pieds dans le tapis quand il s’agit de parler d’histoire ou de mythologies, autant ici on sent que l’auteur s’était quelque peu renseigné avant de se lancer dans l’écriture du Shining Knight.

On évite également de nous parler de Table Ronde (bien qu’à l’évidence le meuble soit arrondi) pour nous présenter Arthur réunissant ses principaux chevaliers (Lancelot, Galahad, Gauvain…) dans la « salle de repas ». Et puis il y a aussi Et puis il y a sir Justin, dont vous ne vous trouverez sans doute aucune trace dans les dictionnaires sur la chevalerie puisque, pour le coup, il s’agit là d’une pure invention du scénariste, destinée à devenir la vedette du récit. Sauf que là, pour l’instant, il n’a rien d’un « Shining Knight » (« Chevalier Brillant »): son armure est grise car tout le monde porte des cottes de mailles grises (autrement dit les chevaliers sont en tenue de combat). Arthur est en train de confier à Justin une mission qui consiste à aller terrasser un géant qui menace les territoires du Nord. Justin jure sur son épée (« qui n’a jamais connue le déshonneur ») de se débarrasser de celui qui terrorise le « pays des glaces ». Sachant que (à force de réécriture par des chroniqueurs de nombreux pays) les légendes arthuriennes utilisaient comme décor toute l’Europe, on peut penser que le « pays des glaces » connu aussi sous le nom de « territoires du Nord » est plutôt la Norvège (par opposition au Groenland ou l’Islande, qui n’ont vraiment été peuplés qu’aux environs du neuvième ou dixième siècle).

Mais dès qu’il se met en route sur son cheval gris, Sir Justin perd un peu de sa superbe. Son héroïsme et sa détermination ne sont pas en cause mais sa lourde armure est un véritable supplice à porter : elle est lourde et lui tient trop chaud. Le soleil se lève à peine qu’il souffre déjà de la chaleur. Voilà de bien cruelles conditions pour remplir sa mission, aussi il hâte son cheval (nommé Victory) de manière à avoir fini le plus rapidement possible. Mais le narrateur nous explique : « Mais hélas, plus jamais Arthur et ses chevaliers ne poseraient leurs yeux sur leur compagnon ! Car alors que l’aube se lève sur le Pays de Galles, le jeune Sir Justin se dirige vers une mission qui l’entraînera à des milliers de kilomètres et de siècles de là, dans la plus étrange aventure qui soit arrivée à l’un des chevaliers d’Arthur« . En fait le scénariste s’avance. Ou plutôt ses successeurs sur la série ne l’entendront pas ainsi car, plus tard, Justin aurait l’occasion de revenir de temps à autre auprès d’Arthur et de la Table Ronde… Plusieurs jours plus tard, Justin tombe sur deux autres chevaliers qui ne font visiblement pas partie de son camp et qui lui barrent le passage. C’est l’occasion pour Justin de faire preuve de sa valeur, en battant à lui seul ses deux adversaires, faisant tour à tour usage de son épée et de sa lance. Les deux autres chevaliers sont vites mis en déroute et doivent s’enfuir à pied… Justin les poursuit dans les bois mais les arbres et la végétation deviennent plus denses. D’ailleurs Justin a de plus en plus de mal à manier sa lance et la plante accidentellement dans un arbre… qui s’écrie « Ouch ! Je suis frappé !« 

Un arbre qui parle ? C’est forcément un acte de magie ! D’ailleurs l’arbre fendu par la lance s’ouvre, laissant apparaître Merlin l’enchanteur. Ce dernier explique qu’il avait été emprisonné dans l’arbre par le sort d’une méchante sorcière… et remercie chaleureusement Justin de l’en avoir libéré, quand bien même il s’agissait d’un accident. Merlin ? Justin a déjà entendu parler de lui (ce qui pose la question de la place exacte de Justin dans la hiérarchie de l’armée d’Arthur car un proche du roi aurait forcément déjà rencontré Merlin). Pour remercier le chevalier, l’enchanteur décide de lui faire quelques cadeaux. D’abord, l’armure grise, lourde et même un peu rouillée de Justin est transformée en or brillant (c’est ce qui lui vaudra plus tard ce surnom de « Shining Knight ». Non seulement elle est en or mais elle est désormais d’une nature spéciale : elle est à la fois légère et fraîche, de manière à ce que Justin puisse la porter sans désagrément. Plus encore : Elle est également à l’épreuve… des balles ! Enfin c’est ce que dit Merlin sans en expliquer beaucoup plus que « tu ne le comprendras que dans un bon bout de temps« . Bien sûr, en 532, on est loin de se douter de ce que seront les armes à feu mais la remarque de Merlin est ainsi tournée qu’on comprend que l’enchanteur sait que son nouvel ami est destiné, plus tard, à vivre dans un autre siècle. Enfin le dernier cadeau de Merlin est encore plus spectaculaire : le cheval gris Victory est changé un étalon blanc ailé ressemblant au mythique Pégase, que Justin surnomme du coup « Winged Victory ». Avec ces nouveaux atouts, Justin peut reprendre sa route vers les territoires du Nord, tout en s’amusant de voler encore plus vite que les ailes..

Très vite, Sir Justin arrive ainsi dans un paysage gelé où le géant, haut comme cinq ou six hommes, reconnaît immédiatement l’approche d’un ennemi. Blunderbore (c’est le nom du géant) commence à se battre avec Justin mais là encore le chevalier doré fait usage de sa lance puis de son épée. Le héros est assez rapide et féroce pour arriver à terrasser le géant. Mais, une fois frappé mortellement, Blunderbore s’écroule dans un mouvement qui fait que son pied projette Justin et Winged Victory dans une proche crevasse. Pire : le combat a provoqué un terrible éboulement. Le chevalier et sa monture sont bientôt recouverts par des tonnes de glace. Justin croit sa mort arrivée : « Je sens le sommeil éternel de la mort qui viens à moi. Cependant c’est terrible de mourir alors que je suis encore jeune, quand j’ai encore tant de choses à faire…« .

Et ainsi le Shining Knight et Winged Victory reste prisonniers d’un iceberg qui dérive pendant des siècles… Jusqu’au jour où il arrive en vue des côtes de l’Amérique. Nous sommes maintenant en 1941 et un vieil homme qui bricole sur la plage repère l’étrange bloc de glace « Un iceberg ! Dans ces eaux ! Et je pourrais jurer qu’il y a quelque chose à l’intérieur ! Il y a bien quelque chose là-dedans ! Et la dynamite que je garde dans ma voiture devrait faire l’affaire ! J’espère seulement que je ne vais rien endommager !« . Curieux homme que ce papy qui garde de la dynamite dans sa voiture « juste au cas où » et qui n’a pas l’air de réaliser que, oui, ce genre de substance peut causer beaucoup de dégâts (les enfants, surtout n’essayez pas ça chez vous !)…

Quelques instants plus tard, cependant, la théorie risquée est mise en pratique.. et fonctionne. L’iceberg vole en éclat, libérant et réveillant l’étalon ailé et son chevalier, qui ont ainsi traversé les siècles tout en étant préservés dans la glace, un peu à la manière d’Hibernatus ou de Captain America, sans vieillir d’une minute. « Par mon épée ! Je pense avoir entendu un tonnerre puissant ! Mais où suis-je ? Et qui est cet homme étrangement vêtu ? Peut-être est il un allié du géant ?« . En fait Justin n’a pas conscience du temps qui a passé. Il se rue à l’assaut du vieil homme tandis que ce dernier est sidéré de voir « un chevalier et sa monture, vivants! ». Assez bizarrement le petit vieux ne souffle pas mot des ailes que Winged Victory porte sur le flanc (pourtant, ça doit se remarquer, un cheval ailé !).

Comprenant très vite que Justin est désorienté et le prend pour une sorte de sorcier, l’homme lui jure être un ami ! Mais Justin n’est pas convaincu « Tes mots sont étranges ! Et tu es si ridiculement habillé ! Tu est peut-être un mage et tu est bien courageux de molester un chevalier du roi Arthur en notre an de grâce 532 !« . L’homme explique alors au chevalier qu’il a dormi des siècles dans la glace et qu’ils sont maintenant en 1941 : « Le fait que tu es survécu dans la glace est un miracle scientifique ! […] Tu peux retourner avec moi jusqu’à mon musée. Nous t’y garderons à l’abri jusqu’à ce que tu ai pris tes repères« . Et le vieux responsable de musée charge Justin et sa monture dans sa voiture (d’une manière assez ridicule puisque le cheval se tient sur les quatre fers dans le véhicule, son cavalier sur son dos, alors qu’il aurait sans doute été plus pratique de le laisser galoper à côté de la voiture). Et Justin de s’émerveiller : « En vérité tu est un sorcier. Cette carriole sans chevaux nous a emmené aussi rapidement que mon étalon ailé ! » Une fois accueilli chez le directeur du musée, Sir Justin goûte à tout le confort moderne. Il découvre, émerveillé, l’eau courante ou encore le matelas moelleux de son lit. Mais la gouvernante du musée est passablement vexée quand elle voit l’invité du directeur manger avec ses doigts, comme un porc : il ignore tout de l’usage du couteau et de la fourchette. Puis le directeur fait faire le tour du musée à Justin, en lui montrant entre autres choses un joyau qui aurait appartenu à Arthur. Ce que Justin confirme sans attendre : « Par ma foi ! C’était le diamant préféré de mon seigneur – un cadeau que lui avait fait la douce dame Guinevere ! Ah – J’ai l’impression de l’avoir vu hier à peine !« . Bien sûr Sir Justin ne sait rien de la chute d’Arthur et le directeur de musée ne pipe pas mot, préférant sans doute passer sous silence le fait que la « douce dame » en question accélérera la fin de la Table Ronde en tombant amoureuse d’un chevalier du roi…

Mais la discussion est interrompue par l’arrivée d’une jeune femme, Eve Barclay, qui est la fille du principal sponsor du musée (et qui du coup se comporte un peu comme si elle était chez elle). Elle discute alors avec le directeur du musée, ce qui nous permet d’apprendre enfin le nom de ce dernier : le docteur Moresby. Et elle ne manque pas de remarquer le fringuant jeune homme qui accompagne le docteur. Moresby, après avoir un peu bredouillé, improvise et le présente comme son nouvel assistant, spécialiste de tout ce qui touche aux armures. Visiblement Moresby n’a pas envie d’ébruiter la vraie nature de Justin. D’un côté on peu s’en étonner (vu la trouvaille historique qu’il représente) mais par ailleurs on comprendra que Moresby n’a aucune preuve de ce qu’il avance, qu’il a été le seul témoin de l’arrivée de l’iceberg et que personne, sans doute, le croirait… Cependant Justin n’est pas des plus discrets, il ne cesse de parler de chevalerie et Eve finit par croire qu’à force d’inspecter des armures le jeune homme est incapable de penser autrement qu’en « chevalier ». Elle ironise alors en précisant que s’il se prend vraiment pour un chevalier il lui faudra aussi une damoiselle à sauver… Et qu’elle espère bien qu’un jour il aura l’occasion de la sauver. Alors qu’elle s’en va, Justin est sous le charme…

Mais au même moment un trio de voleurs s’introduit dans le musée… Et ils assomment Moresby. De loin, Justin a vu la scène et décide que « qu’il est à nouveau temps pour la chevalerie« . Il court jusqu’à sa chambre et revêt son armure dorée tandis que le narrateur souligne « Après quatorze siècle, la renaissance du Shining Knight », oubliant un peu vite que Justin n’a posé son armure que quelques heures plus tôt, en arrivant au musée. Tandis que les gangsters sont en train de piller l’endroit, ils aperçoivent le Shining Knight qui se tient immobile et pensent d’abord qu’il s’agit d’un mannequin. Mais quand celui-ci se met à bouger, le trio est convaincu qu’il s’agit d’un fantôme. Les voleurs tentent alors de s’enfuir mais Justin les rattrape et commence à les battre. Les gangsters sortent alors leurs pistolets et tirent… sur un homme qui ne sait même pas de quoi il s’agit: « Quelles étranges armes ! Quel est ce bruit qui assourdir les oreilles ? ». Heureusement pour le Shining Knight, Merlin a fait que son armure (enfin techniquement on parle plutôt d’une cotte de mailles) soit à l’épreuve des balles… Intervient ensuite quelque chose de très curieux en termes de narration. Dans une case le Shining Knight a clairement le dessus… Dans l’autre il est à terre tandis que le commentaire nous explique que Justin a été « débordé par le nombre » alors que l’instant d’avant il s’en tirait très bien. En fait scénaristiquement il s’agit de mettre en place les conditions d’une course-poursuite. Les trois voleurs, profitant d’un moment de faiblesse de Justin, s’enfuient dans leur voiture. Le Shining Knight, lui, n’a qu’à récupérer Winged Victory (dont l’étable se trouve dans les sous-sols du musée) et à s’élancer derrière eux…

Un cheval ailé en plus du reste ? Les voleurs croient devenir fous. Surtout quand Sir Justin charge la voiture comme s’il s’agissait d’un tournoi et… perfore le moteur avec sa lance (sans doute un coup de chance car comment un chevalier fraîchement débarqué de l’an 532 saurait-il où se trouve le moteur, sans parler de savoir ce qu’est un moteur ?). Bien sûr les malfrats tentent de s’enfuir à pied mais le chevalier arrive à les poursuivre en leur donnant des coups sur les fesses avec le plat de l’épée et avec sa lance… Ce qui nous permet de faire une boucle avec la scène d’ouverture. Les gangsters sont livrés à la police et toute la population de la ville peut voir cet étincelant chevalier s’éloigner dans le ciel, juché sur son cheval ailé. Quelques instants plus tard, c’est le Shining Knight lui-même qui rend les joyaux volés à Moresby (ce qui pose d’ailleurs une question : si Justin a repris les pierres avant de livrer les voleurs à la police, on peut se demander de quoi ils sont accusés). Mais Moresby, seul à savoir que son assistant est une sorte de super-chevalier, est inspiré: « Il y a des hommes mauvais, tout comme il y aura toujours du Mal en ce monde. J’ai souvent pensé que si les gens avaient un champion qui lutterait pour eux…« . Et le Shining Knight le coupe : « Attendez, sire ! Ils ont un champion ! Je suis celui-ci ! Sir Justin, le Shining Knight, champion du peuple ! Et par cette lame qui n’a jamais connu le déshonneur, je jure de débarrasser mon nouveau pays de tous les crimes et de tous les maux… en étant le Shining Knight !« .

Même si Sir Justin peut sembler être un personnage mineur de DC, il faut souligner quand même que ses aventures dureront une dizaine d’années, totalisant plus de 100 épisodes (y compris quelques épisodes par Frank Frazetta dans les années 50 qui ont marqué les esprits et qui, toute proportion gardée, furent au Shining Knight ce que les histoires de Frank Miller furent à Daredevil). En ce sens son run initial durera bien plus longtemps que celui de héros comme le Spectre ou Doctor Fate. Comme je l’écrivais un plus haut, la formule évoluera un peu avec le temps. A savoir que Merlin l’Enchanteur se révélera capable en certaines occasions de ramener Justin dans son époque d’origine quand le Roi Arthur a besoin de lui… mais de rendre Justin au vingtième siècle quand ses missions dans le passé sont terminées. On pourra s’étonner que le Shining Knight tienne à retourner dans une époque qui n’est pas la sienne alors qu’il pourrait se contenter de rester à Caerleon. Mais sans doute tient-il à respecter sa promesse faîte à Moresby de débarrasser l’Amérique du crime.

En parallèle de ses aventures en solo, le Shining Knight sera aussi membre de la seconde équipe de super-héros de DC dans les années 40, les Seven Soldiers of Victory (Mais ces sept soldats n’auront jamais la popularité de la Justice Society of America). Dans l’univers DC moderne, il sera expliqué que les Seven Soldiers ont été dispersés dans le temps à la fin des années 40 et il appartiendra à la Justice League of America et à la Justice Society de les libérer pour les ramener à l’époque contemporaine, Sir Justin changeant donc une nouvelle fois d’époque.

Mais dans la série All-Star Squadron, Roy Thomas allait muscler un peu le CV du chevalier doré en expliquant que dans les années 40 il avait fait partie également d’une autre équipe, « l’Escadron des Étoiles » (aux côtés de Robotman ou encore Liberty Belle), où il avait rencontré l’héroïne Firebrand, avec qui il allait vivre une relation plus ou moins symbolique (sans se souvenir d’Eve Barclay). C’est sans doute à travers cette série que les lecteurs modernes le connaissent le plus puisqu’elle l’a ramené un peu sous les spotlights. Par la suite on pu voir que le Shining Knight avait évolué avec le temps et portait désormais une armure de nature technologique. Ce Shining Knight est membre honoraire de la Justice Society et est appelé en cas de besoin. On a pu l’apercevoir dans la minisérie Identity Crisis où son épée lui était volée, servant à tuer le premier Firestorm. Sir Justin, le Shining Knight de l’époque Arthurienne ou des années 40 (selon le critère que vous préférerez) est sans rapport direct avec la Shining Knight apparue dans les « Seven Soldiers » de Grant Morrison : Elle vient d’une autre époque, antérieure à l’époque arthurienne, l’idée de Morrison étant qu’il y a des constantes qui se répètent dans l’univers DC dans les temps de crise. De la même manière qu’il y a toujours un équivalent des Seven Soldiers (et qu’on peut déduire que les principaux chevaliers de la Table Ronde en formaient une version précédente), il y aura donc toujours une version d’un(e) Shining Knight.

Rien qu’à lui seul, Sir Justin a défendu au moins trois époques (sans parler d’aventures occasionnelles où il s’aventurait dans le futur) et on lui reconnaîtra d’avoir inventé bien avant Stan Lee et Captain America la technique de l’iceberg comme moyen de survivre à travers les âges… N’oublions pas non plus de souligner que le Black Knight des Avengeurs lui doit aussi énormément. Ce n’est pas tellement que le Black Knight de Marvel soit indirectement lié à la magie de Merlin (ca, c’est un peu couru d’avance quand on parle de personnages dont les racines sont liées à l’époque arthurienne) mais le Winged Victory chevauché par Shining Knight est sans doute l’inspiration majeure de la monture ailée (et en tout point identique) du Black Knight, qui devint par la suite le cheval de la Valkyrie chez les Défenseurs…

[Xavier Fournier]