Avant-Première VO: Review Batman And Robin #3

26 août 2009 Non Par Comic Box

Avant-Première VO: Review Batman And Robin #3[FRENCH] La nouvelle mouture du tandem Batman/Robin termine sa première mission commune tandis que Grant Morrison continue de montrer ce qu’il veut faire à la fois de ces personnages et de la série. Plus positif ou plus dark que l’ancien Batman ? Même pas, mais quelque chose de différent qui cultive simultanément un goût pour le burlesque et un certain sens du malsain (termes utilisés en ce qui me concerne pas du tout dans un sens péjoratif). Alors, que vaut-elle cette fin d’arc ?

Batman And Robin #3 [DC Comics] Scénario de Grant Morrison
Dessin de Frank Quitely
Parution aux USA le mercredi 26 août 2009

Batman And Robin #3Depuis deux numéros, nous étions tentés de penser que le  Batman And Robin de Morrison et Quitely se caractérisait par une inversion des rôles, avec un Batman qui aurait été plus mesuré et un Robin plutôt enragé. Les trois premières pages nous démontrent que la situation est un peu plus complexe qu’un simple retournement de situation. Batman version 2009 n’est pas forcément plus « gentil » que son prédécesseur. Il est simplement différent, avec des caractéristiques qui ne peuvent seulement s’évoquer par une échelle des valeurs et qui n’ont sans doute pas finies de surprendre ceux qui jusqu’ici croyaient connaître le justicier nocturne. Le mélange des genres est encore plus évident dans des scènes qui donnent le beau rôle au Professor Pyg : voici à bien des égards un personnage qui aurait sa place dans le feuilleton Batman des années 60 tant il cultive un comportement grand-guignol (tout à fait voulu et assumé par le scénariste). Mais dans le même temps Pyg est dangereux, terrifiant et manipulateur.

On se retrouve un peu certains sentiments liés au Joker du film Batman The Dark Knight (de toute façon dans ce décorum de cirque, l’ombre du Joker n’est pas loin) où le criminel était horrible tout en arrachant un rire à la salle. Ici, c’est là même chose. Pyg veut lui aussi infecter, corrompre, défigurer le monde qui l’entoure. Morrison nous donne un univers « grotesque » qui intrigue, amuse et répugne à la fois, un peu comme si les criminels du feuilleton Batman dont je parlais plus tôt avaient d’un seul coup décidés d’assumer leur rôle de serial-killer. Dans cette situation on peut se demander si la pire menace, dans l’esprit du nouveau Robin, est bien l’atteinte possible à sa vie et à son intégrité mentale. Robin n’est-il pas plus agacé par la peur de sombrer dans le ridicule. A travers ce bras-de-fer entre deux ambiances, Morrison détaille ici un peu plus quel va être le registre de sa série (tout en glissant quelques suites liées à Batman: R.I.P.). Le scénariste sait gérer à merveille un « entre-deux » qui joue à tous les niveaux. Un « entre-deux » impliquant Batman et Robin, un autre concernant le choc des cultures entre grotesque et violence. Et bien d’autres oppositions/confrontation encore sont de mise… Sans regretter spécialement l’arrivée prochaine des futurs dessinateurs de la série, on regrettera quand même que ce troisième numéro soit aussi le dernier (pour l’instant) à être dessiné par Frank Quitely. Dans l’univers de Batman, Quitely ne se contente pas d’être égal à lui-même, il est dans une grande forme manifeste, sans doute aidé en cela par les changements des personnages. Comme les costumes des principaux protagonistes ont de nouveaux occupants, il a pu s’en donner à cœur joie avec les statures et les attitudes. Lui succéder sur le titre ne sera pas une chose aisée…

[Xavier Fournier]