Oldies But Goodies: Daring Mystery Comics #7 (1941)

20 novembre 2010 Non Par Comic Box

[FRENCH] Bill Everett était déjà le créateur d’une des pierres angulaires des revues Timely/Marvel, ayant lancé le héros amphibie Sub-Mariner. Mais l’éditeur était friand de nouveaux personnages, en particulier pour peupler une de ses revues, Daring Mystery Comics, qui peinait à trouver son rythme de croisière. En 1941, on se tourna donc vers Everett pour fournir un nouveau héros. Ce serait The Fin (l’Aileron), deuxième héros aquatique de Marvel.

Dans les années 40, Daring Mystery Comics était une véritable pépinière de super-héros pour Timely/Marvel. Il était même rare qu’un personnage arrive à survivre trois épisodes avant de disparaître, quitte à être remplacé par un « clone » ou une copie presque conforme. Marvel Boy, Marvex, Citizen V, le Phantom Reporter, le Fiery Mask, Mister E, le Thunderer et bien d’autres furent projetés comme de la chair à canon dans les pages d’une poignée de numéros. Les raisons d’un tel manque de stabilité restent obscures. Souvent, les héros disparaissaient avant même que Timely puisse avoir techniquement le temps d’avoir reçu des lettres de lecteurs ou des résultats de vente. Il faut donc croire que la rotation venait de caprices éditoriaux, de responsables pas convaincus par des histoires qu’ils publiaient faute d’alternative mais se dépêchaient d’oublier au numéro suivant pour tester quelque chose d’autre. On ne pouvait tout simplement pas créer un nouveau Captain America, Human Torch ou Sub-Mariner en claquant des doigts. Et la patience de l’éditeur semblait être aussi mince qu’une feuille de papier. Peut-être est-ce pour cela qu’on se tourna vers Bill Everett, une valeur sure de l’époque, pour contribuer à Daring Mystery Comics #7 (Avril 1941) qui introduisait globalement toute une nouvelle lignée de héros. Si on en croit la préface du second volume des Marvel Masterworks consacrés à cette revue, on aurait simplement demandé à Everett de produire un nouveau concept et l’artiste, déjà responsable de la création de Namor le Sub-Mariner, aurait proposé de lancer un autre héros aquatique mais… qui serait différent de son prédécesseur. On verra plus loin à quel point.

Sur la page de présentation, le texte nous présente The Fin comme ni plus ni moins que le leader d’un nouvel ordre qui va changer la destinée des générations futures et s’opposer aux dictateurs (comprenez Hitler, Mussolini, Hirohito…). Cette déclaration tonitruante ne sera jamais vraiment étayée par la suite mais d’emblée on sent qu’Everett envisage son personnage comme un héros appelé à avoir une portée globale et à s’impliquer dans la seconde guerre mondiale. Ce qui mine de rien n’est pas une mince affaire au printemps 1941. D’autant qu’au début The Fin était supposé débuter dans une autre revue (Mystic Comics #5), parue un mois plus tôt et datée de mars 1941, autrement dit synchrone avec la sortie de Captain America Comics #1. The Fin fait donc partie de ces premiers héros à s’intéresser à la seconde guerre mondiale mais, contrairement à ce que laisse entendre l’auteur dans son introduction, il ne sera pas le « leader » de cette nouvelle génération de personnages, cet honneur revenant à Captain America. Il y a pourtant des signes que les deux héros auraient pu se partager le travail. Captain America était en fait le troufion Steve Rogers et opérait au sein de l’armée de terre. Le lieutenant Peter Noble, lui, travaillait à la base dans la marine, parmi l’équipage d’un sous-marin.

C’est d’ailleurs là que nous trouvons pour la première fois le lieutenant Noble, alors que son bâtiment croise sous les eaux, « quelque part dans un canal sans nom de l’océan Atlantique ». « Canal » (ou Channel en anglais) est le nom donné à la Manche par les anglo-saxons. Cela revient à placer l’action dans « une Manche sans nom » et on devinera sans grand effort de concentration que la scène se déroule quelque part entre l’Angleterre et la France. Le sous-marin se « concentre sur les manoeuvres de guerre ». Ce qui là aussi n’est pas mince car on aura un peu plus loin la confirmation qu’il s’agit d’un bâtiment américain. Et des « manoeuvres de guerre », au printemps 1941, c’était déjà largement anticiper que les USA allaient franchir le Rubicon et se lancer dans le conflit mondial. Mais ce sous-marin là ne disputera pas la moindre bataille. Son équipage ne remarque pas qu’en le faisant passer près du fond marin il l’amène à la hauteur d’une épave (on voit vaguement les débris en bois d’un bateau). Il y a collision et rapidement les couloirs du sous-marin s’emplissent d’eau. Il coule ! Seul un des hommes (Peter Noble) arrive à trouver refuge dans un compartiment étanche. Il a le réflexe de vouloir utiliser des bouteilles de plongée pour retourner aider ses camarades mais avant qu’il ait pu le faire, le sous-marin bouge violemment et Peter est projeté contre une paroi. Assommé, il tombe dans l’inconscience. Le narrateur nous explique alors que « le jeune cadet ingénieur, réserviste de la marine U.S., tombe dans un coma similaire à la mort ! ».

Plus tard, quand Peter Noble revient à lui, il suffoque. L’air est en train de manquer dans l’espace hermétiquement fermé. Cette fois Noble arrive à s’équiper d’un masque et de bouteilles de plongée. Dans la pièce, il y a tous les outils nécessaires à l’entretien du sous-marin. Noble trouve donc également une torche à acétylène pour ouvrir un trou dans la paroi, se retrouvant dans l’eau, à l’extérieur. Ce qui semble au demeurant idiot puisque Noble ignore à quelle profondeur le bâtiment a pu couler pendant qu’il était inconscient. Il pourrait donc aussi bien être écrasé par la pression et il aurait semblé plus intelligent de percer un trou dans la porte du local pour s’introduire directement dans le couloir, sans passer par l’extérieur. Cette pensée n’ayant pas traversé l’esprit de Peter Noble, le voici dans l’eau de la Manche, qui décide d’ouvrir un autre trou dans la paroi du sous-marin pour aller aider ses camarades. Malheureusement quand il arrive à s’introduire dans le compartiment où ils se trouvent, il ne peut que constater qu’ils sont tous morts.

Peter comprend qu’il a du rester piégé dans sa petite pièce pendant des heures. Et commence à se demander pourquoi il n’a pas suffoqué. Puis il commence à s’étonner de la nature même de l’eau qui l’entoure. Ressorti à l’extérieur, il s’aperçoit qu’il ne peut pas flotter dans le liquide. Pire : quand il tente de nager vers la surface un phénomène étrange semble l’empêcher de nager vers le haut. Un effet de pression ? La situation semble plus complexe. Peter Noble est coincé au fond du sol marin, pourvu de ses bouteilles de plongée dont le réservoir n’est pas infini. N’ayant rien d’autre à faire, il marche alors sur le fond, avant de s’apercevoir que des bulles d’air s’échappent de l’entrée d’une grotte. L’espoir renaît : « De l’air ! A presque 2000 pieds ! Cela veut dire qu’il y a un passage vers la surface ! Ou bien… Je ferais mieux d’aller voir. Je n’ai rien à perdre ! ». C’est vrai. Rien à perdre. D’autant que 2000 pieds (première indication qu’on puisse trouver dans ce récit qu’on puisse trouver de la profondeur des lieux), cela nous place à plus de 600 mètres sous la surface ! C’est non seulement énorme mais un vrai record du monde pour un homme équipé de bouteilles archaïques. Normalement son organisme n’aurait pas du tenir plus de quelques minutes…

Dans la grotte, toujours sous l’eau, Peter découvre une suite de passages et commence s’apercevoir qu’il ne ressent pas la pression et progresse beaucoup plus vite. Puis soudainement il est emporté par les eaux vers le haut et… crève la surface, arrivant dans une caverne où il y a de l’air. Le héros pense à voix haute: « C’est un rêve fantastique… Ou un cauchemar ! Qu’est ce qui m’attends après ça ??? » Au bord de l’eau, il s’aperçoit que l’endroit est illuminé par des « rochers phosphorescents ». Ici, la scène se rapproche considérablement des poncifs littéraires rencontrés dans des classiques littéraires liés au « continent oublié ». Dans son roman Voyage au Centre de la Terre, Jules Verne évoque en particulier une mer (la mer Lidenbrock, du nom de son découvreur) qui borde un continent caché sous la Terre, dans une sorte de géode naturelle, et qui est éclairée par un phénomène ressemblant à une aurore boréale permanente. Qui plus est, quand les héros de Verne s’enfoncent vers le centre de la Terre, ils profitent d’une source lumière naturelle identifiée comme étant… des rochers lumineux. De là à penser que Peter Noble vient de faire surface sur le rivage de la mer Lidenbrock et qu’il se retrouve au bord du continent décrit par Verne, il n’y a qu’un pas… que vous pourrez franchir ou non selon votre opinion.

Dans le cas présent Peter Noble fait le tour du « lac » et ne trouve aucune issue. Il est comme dans une « cloche » naturelle. Tout au plus il découvre un peu de végétation dont, faute de mieux, il se nourrit. Mais sur la paroi où poussent les plantes qu’il ramasse, il sent un peu d’air qui passe dans des fissures. Noble retourne alors au sous-marin pour récupérer des outils et revient s’attaquer à la paroi de la caverne. Après deux heures de travail, il arrive à percer un trou assez grand pour qu’il puisse passer. Il découvre alors une autre caverne, elle aussi avec une étendue d’eau… Mais la nouvelle caverne est habitée par d’étranges créatures. Des êtres ailés, verts et pourvus de queue de poisson, qui respirent à l’air libre. Et ces êtres ne manquent pas de remarquer l’arrivée d’un homme équipé de jambes, privé d’ailes et qui a une peau pâle. L’un d’entre eux se précipite, pique vers Peter et le questionne. Le lieutenant américain s’étonne alors de comprendre parfaitement le langage, ce qui ajoute encore plus à l’étrangeté de sa situation (mais aucune explication véritable ne sera donnée sur le fait que les deux races se comprennent). Le leader des hommes verts ne s’étonne pas que Noble ne les connaisse pas mais n’a pas l’air plus étonné que ça de rencontrer un humain (ce qui laisse à penser qu’il a au moins une petite idée de ce que sont les hommes de la surface). Il se présente comme étant Ikor, le sous-monarque de Neptunia, le pays où ils se trouvent.

Neptunia ? Jamais entendu parler. Peter Noble va même jusqu’à ne plus croire ces sens « Si je ne savais pas que je suis en train de rêver je dirais que vous êtes fou ! Maintenant ôtez vous de mon passage bestiole démoniaque, je veux partir d’ici ! ». On se dira d’une part que Noble est très téméraire de penser que la bestiole improbable est un fou. Un cinglé n’aurait pas des ailes et une queue de poisson. Et si vraiment Noble pense être en train de dormir pourquoi est-il si pressé de remonter à la surface ? De toute façon Ikor ne laisse pas à Peter le temps d’en dire plus. Le sous-monarque est clairement agressif depuis l’arrivée de l’américain et lui saute carrément dessus. Un corps à corps s’engage, l’homme et l’être ailé tombant à l’eau. Dans la lutte, Peter a le réflexe de brandir son pistolet au dessus de sa tête. Il ne veut pas que l’arme tombe à l’eau car elle deviendrait inutilisable (ce qui fait qu’on se demande un peu comment il a fait pour l’amener du sous-marin sans qu’elle séjourne dans l’eau). Mais dans la cohue, un coup part et Ikor s’effondre, mortellement touché à la tête.

Quand il sort de l’eau, Peter Noble n’est pas très rassuré, pensant à ce que le peuple de Neptunia est capable de lui faire pour se venger de la mort d’Ikor. Et il est vrai que les « neptunéens » enrage de voir que leur maître ait été assassiné. Peter tente un coup de bluff et, le pistolet à la main, leur explique qu’après tout vu la facilité avec laquelle il vient de tuer ce maître il pourrait en faire de même avec eux s’ils ne se tiennent pas à carreau. Les êtres étranges réfléchissent. L’un d’entre eux explique aux autres : « Ce petit bâton de tonnerre dans sa main (NDLR, comprenez le pistolet) est une invention du diable ! Il n’est pas Neptunus ! ». Dieu seul ce qu’est Neptunus dans l’esprit de ces personnages puisque c’est la seule fois qu’on mentionne ce nom. C’est le nom latin de Neptune mais pourquoi ces bestioles parleraient latin ? Le neptunéen continue : « C’est un démon… Ou un dieu ! Oui ! Je sais ! Il doit être la réincarnation de notre noble ancêtre, l’Aileron (The Fin) ! Il s’est enfermé lui-même dans une caverne au-delà de nos murs il y a mille ans et a promis de revenir quand nous aurions besoin de lui ! ».

En écoutant cet exposé, Peter se dit qu’il a un coup possible à jouer en se basant sur cette histoire. Mais un autre des neptunéens ne croit pas à cette théorie. Il se précipite vers l’humain en le traitant de « faux démon » (hum… est-ce qu’un « faux démon » ne serait pas, dans ce contexte, un « vrai dieu » ?). Mais Peter sort une nouvelle fois son pistolet et abat ce nouvel adversaire. Et puis fini de discuter. C’est décidé. Peter, sous la menace du pistolet, annonce alors aux neptunéens qu’à partir de maintenant il remplace Ikor. C’est lui leur nouveau maître ! Loin d’être attristés, les créatures éclatent de joie. Il faut croire qu’Ikor et l’autre bestiole abattue étaient les deux seuls membres nuisibles de la race. Les autres reconnaissent Peter Noble comme étant The Fin et leur nouveau « sous-monarque ». L’homme leur annonce alors qu’il a besoin d’aller faire d’autres préparatifs et qu’il va repartir par là où il est venu mais que personne ne doit le suivre, sous peine d’être tué. Retourné dans l’autre caverne, Peter médite : «  Je dois jouer avec eux jusqu’à ce que j’ai trouvé un chemin menant à la surface. Je dois d’une manière ou d’une autre informer le monde à propos de notre sous-marin ! Je ferais mieux de retourner au. Je vais reprendre mes bouteilles de plongée car l’eau salée pourrait me nuire. C’est curieux d’ailleurs que l’eau soit salée de l’autre côté du passage, alors qu’ici il s’agit d’eau fraîche ! Et je ne peux pas flotter dans l’eau salée, ce qui est ridicule ! ». Ca on ne peut pas dire que la situation fracasse des records de crédibilité…

Quelques minutes plus tard Peter Noble fouille le sous-marin et y trouve une cagoule d’aviateur (ne me demandez pas ce que faut un cagoule d’aviateur dans un sous-marin), une authentique aile de requin conservée comme un bibelot, une partie de son uniforme de l’armée ainsi qu’un couteau. Tout cela fournira la base de son costume de The Fin. Quelques instants plus tard Peter Noble ressort du sous-marin, bizarrement sans être muni de ses bouteilles de plongée (rien jusqu’ici ne nous a informé que The Fin pouvait respirer sous l’eau) et reprenant le chemin de Neptunia : « Maintenant ! En route vers de nouvelles aventures ! ». Et ainsi s’achève le récit des origines du personnage. Des origines aussi trouées qu’un bout de gruyère : Pourquoi l’eau est-elle pure de l’autre côté du passage ? Quel est le rapport entre Neptunus/Neptune et Neptunia ? Que font des créatures ailées dans une caverne à 600 mètres de profondeur ? Si Ikor était un « sous-monarque », qui est était le monarque supérieur ? Qu’était donc devenu le Fin authentique qui est parti 1000 ans plus tôt en promettant de revenir ?

En fait on peut voir que Bill Everett avait choisi de suivre une recette totalement inverse à celle de Sub-Mariner. Là où ce dernier est un habitant des océans qui part en guerre contre « le monde de la surface », Peter Noble est un humain qui joue les intrus dans un royaume coincé sous la mer. En dehors de cette dernière case au sens ambiguë, rien ne dit ou n’explique que ce héros masqué peut respirer sous l’eau. Tout semble le promettre à des aventures dans le monde de Neptunia, un peu à la manière de John Carter of Mars, Gulliver ou le Warlord de DC Comics. Tout au plus on devine cependant à travers le costume du héros et ce grand aileron de requin qu’il s’est fixé sur la tête qu’Everett envisage cependant de le garder au contact de l’eau. D’autant que sur la page d’introduction de l’histoire The Fin est qualifié de « Super-Shark » (ce qui semble bien avoir été un titre de travail pour le personnage). Mais rien, dans ce premier épisode, ne l’établit véritablement comme un  héros dont les aventures se dérouleraient dans l’eau. La mer n’est présente que comme un environnement séparant le sous-marin de Neptunia…

Inexplicablement la formule du personnage va changer d’épisode en épisode. D’abord c’est la seule fois où verra Neptunia et ses habitants. Par la suite The Fin apparaît tout le temps seul, ce qui est doublement inexplicable. Non seulement on peut se demander ce que sont devenus les Neptunéens mais ils sont aussi la seule raison pour laquelle Peter Noble se déguise en Fin. Privé d’eux, il n’aurait logiquement aucune raison de continuer la comédie. Mais surtout, dès Daring Mystery Comics #8, le sens de la série change du tout au tout. Dans son second épisode, Peter Noble est qualifié de « Robin des Bois de la mer. On le voit non seulement respirer sans problème dans l’eau mais il se déplace sans connaître les problèmes vus dans le numéro précédent. Il remonte à volonté à la surface de l’eau et ne parait pas plus intéressé que ça par l’idée de retrouver la civilisation humaine (quand un navire anglais arrive, The Fin tourne le dos sans l’attendre). The Fin est, entre deux épisodes, inexplicablement devenu un imitateur de Sub-Mariner ! A ceci près que The Fin n’est pas aussi colérique que le prince Namor et se comporte comme un super-héros (dans ce deuxième épisode, The Fin affronte et détruit un sous-marin allemand).

Dans son troisième épisode (Comedy Comics #9, Daring Mystery Comics ayant été rebaptisé) The Fin change encore un peu de méthode puisqu’il tombe sur un cimetière d’épaves et trouve, dans les décombres d’un bateau, un mystérieux sabre de corsaire qui coupe n’importe quoi (même les métaux) comme s’il s’agissait d’une motte de beurre. Seul inconvénient : le sabre émet comme une impression répugnante qui fait que quiconque n’y est pas préparé est incapable de le garder en main. D’une part on peut se demander si le cimetière d’épaves n’est pas ce que le sous-marin de Peter Noble a heurté dans Daring Mystery Comics #7. Vu la nature visiblement surnaturelle du sabre, il serait possible de penser que la lame a en quelque sorte « amenée » le Fin jusqu’à elle. Ensuite ce sabre qui coupe à travers tout ressemble beaucoup, dans l’idée, à des épées mystiques connues comme celle du Black Knight de Marvel. Everett va même jusqu’à faire des allusions à Excalibur (le sabre du Fin se fiche dans un canon et le héros doit le retirer à la force du poignet). Et l’idée du premier Fin, celui qui disparaissait 1000 ans auparavant en promettant de revenir quand son pays aurait besoin de lui a quelque chose d’également très arthurien.

Le sabre de marin du Fin serait-il lié à ces lames ou au folklore de Camelot ? On en serait guère plus. La carrière du Fin serait en effet de courte durée et le personnage disparaîtrait en 1942 sans avoir répondu aux nombreuses questions (Publié en 2008, The Twelve #1 nous révélerait que The Fin avait participé à la prise de Berlin).  Dans les faits on ne reverrait The Fin qu’après un trou de trente ans, dans Avengers #97 (1972), quand Rick Jones, recevant temporairement des superpouvoirs sur la réalité, invoquerait une troupe de héros du Golden Age pour arrêter la guerre Kree/Skrull. Le Fin en ferait partie avant de repartir là où l’esprit de Rick Jones l’avait emprunté. Puis dans la série Invaders des années 70, il serait brièvement mentionné (sans faire de réelle apparition), Sub-Mariner expliquant qu’il le considérait comme un imitateur (ce qui était méconnaître les débuts très différents du héros à l’aileron). Le vrai retour de Peter Noble ne se ferait que dans New Invaders #2 (novembre 2004), où il faudrait rajouter à la liste de ses pouvoirs inexplicables le fait de vieillir de manière très lente. Peter Noble, désormais amiral (et marié avec une atlantéenne), était aux commandes de l’Infiltrator, sorte de vaisseau tout usage utilisé par les New Invaders. Avec le premier épisode de The Twelve, The Fin est apparu une demi-douzaine de fois dans l’ère moderne. C’est déjà le double de sa carrière pendant le Golden Age…

[Xavier Fournier]