Oldies But Goodies: Human Torch Comics #14 (1943)

2 octobre 2010 Non Par Comic Box

[FRENCH] Dans les méandres du Golden Age il existe des super-villains qui n’ont fait qu’une apparition discrète mais qui, pourtant, n’étaient pas dénués de potentiel. En 1943, Human Torch et son jeune assistant Toro, allaient ainsi affronter le White Vampire, un personnage sadique aux méthodes assez particulières. Typiquement le genre de comic-books qui démontre que sur la dernière phase de la seconde guerre mondiale un certain virage vers l’horreur était en train de s’opérer. Ou comment mixer Disney et vampirisme…

Au demeurant le cheptel des super-villains Marvel/Timely dans les années 40 semble assez faible. C’est à dire qu’une fois sorti du Red Skull et d’Adolf Hitler lui-même, les adversaires des super-héros de la firme étaient le plus souvent des personnages interchangeables, tantôt gangster tantôt nazis, avec un monocle, une cicatrice ou un crochet en guise de main en option. Des ennemis patibulaires, certes, mais qui manquaient la plupart du temps de charisme ou même seulement d’un costume reconnaissable. Pour être honnête le Captain America de Joe Simon et Jack Kirby rencontra bien quelques criminels hauts en couleurs mais la plupart d’entre eux trouvèrent la mort à la fin de l’épisode de leur apparition. En cherchant un peu, bien sûr, nous pourrions en dégager quelques-uns encore exploitables mais le fait même que le Marvel moderne ne se soit pas donné la peine de ressortir la plupart d’entre eux (préférant des personnages rétro-injectés tels que le Baron Zemo, Baron Blood, Master Man ou U-Man) sonne comme une preuve du manque de potentiel. En 1977, au moment de montrer une adversaire d’Human Torch dans la série Invaders, Roy Thomas fut même obligé d’aller chercher et antidater Asbestos Lady (une femme en amiante), une criminelle qui n’était intervenue qu’en 1947… En fait, il y avait bien mieux dans le même genre mais je soupçonne que le poids du Comics Code (encore bien actif en 1977 alors qu’il n’avait pas été mis en place au moment de la guerre) y est pour quelque chose. Par « mieux », j’entends bien sûr « pire », c’est à dire quelqu’un qui avait toutes les raisons d’en vouloir à Human Torch et qui possédait une personnalité assez typée : le White Vampire !

Dans Human Torch Comics #14 (1943), l’androïde Jim Hammond et Toro (le gamin qui possède les mêmes pouvoirs incendiaires que lui) répondent à un appel de la police. En fait dans un épisode précédent il avait été établit que quand Human Torch ne jouait pas les super-héros, son alter-ego était Jim Hammond, policier de son état. Puis finalement les scénaristes s’étaient fixés sur le fait qu’Human Torch (même dans le cadre de ses « super-activités ») était officiellement une sorte d’auxiliaire de police, dûment enregistré comme tel [1]. Mais la chose restait sujette aux caprices des scénaristes. Parfois Human Torch ne semblait pas avoir le moindre rapport réel avec la police.

Dans d’autres cas il était « appelé » (comme c’est le cas dans cette histoire) sans que la scène donne réellement l’impression d’une collaboration étroite. Dans le cas qui nous intéressent, Human Torch et Toro sont appelés sur le lieu d’un crime. Les deux héros trouvent rapidement l’endroit puisque les curieux se massent non loin du corps. En se posant (le duo est bien sûr arrivé en volant), ils saluent alors « Doc », un vieil homme avec qui ils ont visiblement un certain degré de complicité. Il est difficile d’être certain de l’identité du « Doc » en question. Il pourrait s’agir d’un médecin légiste (mais il ne semble pas spécialement s’intéresser au cadavre) ou bien du professeur Phineas Horton (physiquement il en a l’air en tout cas), le créateur de l’androïde Human Torch. Le destin d’Horton était traité un peu comme le job de policier de Jim Hammond dans ces années-là. Les scénaristes envoyaient des signaux assez contradictoires quand au fait que le savant était vivant… ou pas. Dans Marvel Comics #1 on l’avait vu vivant, effrayant Human Torch par son ambition. Mais dans le #2 on apprenait bizarrement qu’Horton était supposé être mort « hors caméra » sans qu’on sache trop comment. Par la suite la plupart des histoires feraient simplement abstraction de lui… Mais il arrive en quelques occasions de le voir à nouveau mentionné comme s’il était bien vivant. Difficile de savoir sur quel pied danser quand à l’identité de ce « Doc », donc…

Le dénommé « Doc » explique : « Ce meurtre à l’air de sortir d’une histoire d’horreur ! Les seules marques sur la victime sont deux traces de dents sur sa gorge ! ». Hmm. Un vampire ? En se penchant sur le cadavre, Human Torch et Toro découvrent « un mouchoir de femme » lourdement parfumé, sur lequel a été écrit un message : « Mettez dix milles dollars dans un sac et laissez-le dans une voiture à l’arrêt, à MINUIT, au croisement des rues Hunter et Green. Si vous ne le faîtes pas, vous serez mort à l’aube. Signé : le WHITE VAMPIRE ». En fait cette macabre injonction ne s’adresse pas au héros. Le message a bien été écrit à l’attention de l’homme mort. Le chef de la police le confirme d’ailleurs quelques instants plus tard. La victime était employé de banque… Il s’agissait d’un chantage pour lui faire sortir 10000 dollars de la banque… Ce qui ne l’a visiblement pas empêché de se faire tuer.

Human Torch est perplexe (et, avouons-le, pas très malin sur le coup. Sans doute que la culture générale de l’androïde n’est pas très à jour en ce qui concerne des créatures fantastiques) : « Pourquoi cette mise-en-scène de vampire ? ». Le jeune Toro, lui, est plus sur le coup : « Est-ce qu’une chauve-souris ne pourrait pas être responsable, Doc ? ». Le vieil homme, la cigarette à la bouche, est plus circonspect : « Il faudrait une chauve-souris sacrément intelligente pour tuer le bon homme au bon moment dans une cité de cette taille… Et Toro… Il n’y a pas de choses comme les vampires humains. Tout ça n’est que du non-sens vaudou. Je trouverais une explication logique dans mon laboratoire ! ». En fait, laissés à eux-mêmes les deux super-héros passent la soirée à faire des recherches sur le thème des vampires. Et Human Torch est passablement surpris de ce qu’il découvre : « Tu sais, Toro, une partie de ces trucs ont l’air sérieusement authentiques… ». Et l’assistant de renchérir : « Curieux, n’est-ce pas ? ». Mais avant qu’ils se lancent dans un dialogue sur l’existence des vampires, on sonne à la porte (la porte de quoi ? On ne sait au juste si Human Torch avait un appartement distinct à cette époque et où il se trouvait)…

Le nouvel arrivant, un certain Don Padro Kelly (secrétaire d’une ambassade sud-américaine), est un homme apeuré qui les implore de sauver sa vie. Lui aussi a reçu une menace inscrite sur un mouchoir féminin. A lui, cependant, on ne demande pas d’argent. Kelly est supposé déposer sa valise (sans doute remplie de documents diplomatiques) au coin d’une rue. Kelly est convaincu que le White Vampire est forcément un agent des forces de l’Axe, qui veut mettre la main sur les secrets de son pays. Mais cette fois Human Torch a un plan : il décide de maquiller Toro de manière à ce qu’il ressemble à Don Padro Kelly et qu’il puisse se rendre à sa place au rendez-vous. Le vrai Kelly reste seul, en peignoir, dans l’appartement. Human Torch lui explique qu’il est en sécurité puisqu’ils sont au vingtième étage et que de plus toutes les fenêtres sont fermées (à l’exception d’une seul pour laisser de l’air). A l’endroit prévu, Toro déguisé est embarqué dans une voiture où une voix féminine lui ordonne de remettre la mallette. Le White Vampire est une femme ! Human Torch prend la voiture en filature en volant loin dans le ciel… Mais le stratagème est de courte durée. Ne trouvant sans doute pas dans la mallette, la femme jette Toro au dehors du véhicule et lui projette une sorte de gaz à la figure. Inquiet, Human Torch se rue au secours de son jeune ami mais heureusement la vapeur n’était qu’une sorte de parfum bizarre. Ils décident de retourner chez eux.

Très vite, cependant, ils font le rapprochement. Le parfum est le même que celui du mouchoir reçu par Don Padro ! Mais quand ils arrivent à destination, ils découvrent l’homme mort, tué de la même manière que l’employé de banque un peu plus tôt. Toro est médusé. L’endroit était pourtant sécurisé ! Comment aurait pu faire le ou les tueurs ? Human Torch inspecte la seule fenêtre ouverte, bien trop haut pour que quelqu’un entre… mais il voit soudain une chauve-souris pénétrer par cette voie. Une chauve-souris qui se jette directement sur Toro ! Ce dernier est obligé de s’enflammer pour échapper à une morsure. Mais l’animal s’échappe par la fenêtre par laquelle il était entré. Les deux héros s’envolent derrière lui, poursuivant cet étrange « vampire »…

En cours de route, les héros s’interrogent… L’animal qu’ils suivent vole droit devant lui… Toro s’exclame « Toute cette affaire est folle ! Les chauve-souris ne sont-elles pas supposées voler en zig-zag ? ». Et Human Torch acquiesce, lui aussi étonné. Le vampire qu’ils suivent vole aussi assurément que s’il s’agissait d’un pigeon voyageur. Une fois sortis de la ville ils arrivent en vue d’un château d’aspect à la fois lugubre et européen (très « Disneyland » en un sens). C’est bien là que la chauve-souris s’engouffre, les deux torches toujours à sa poursuite… L’intérieur de la bâtisse est aussi macabre que l’extérieur… Plus encore, même, puisque les pièces sont jonchées de squelettes et pullulent de chauve-souris. Toro, qui n’aime pas ces bestioles, est très mal à l’aise mais bien vite les deux héros écoutent du bruit à l’étage. Là, ils découvrent une femme vêtue de blanc dans une cage transparente, en train de s’occuper des chauve-souris. C’est White Vampire dans toute sa splendeur !

La criminelle ne tarde pas à remarquer qu’elle n’est plus seule. Elle s’empare d’un fouet et se retourne vers les intrus en s’écriant : « Quand j’appuierais sur ce bouton vous mourrez ! ». Forcément, ce n’était pas la chose à dire. Ayant pris conscience de la menace, Human Torch s’enflamme et chauffe à blanc le bouton suspect. Immédiatement White Vampire comprend qu’il ne s’agit pas de simples curieux. Elle reconnaît les pouvoirs de la Torche Humaine. Et le héros l’assume : « Oui ! Nous sommes des gens au sang chaud qui méprisent les tueurs, le parfum et les chauves-souris ! Et maintenant qui êtes-vous ? ». White Vampire accepte de répondre à une seule condition : que Hammond éteigne sa flamme. Bizarrement, le héros obéit. White Vampire, sans rien révéler de son origine ou de son identité réelle, explique alors que ses chauves-souris ont une petite pièce de « métal sensitif » insérée à la base de leur cerveau. Elle leur envoie un signal directionnel que ces bêtes sont forcées de suivre. Dans le cas contraire elles meurent : « Je les dirige vers l’endroit exact où se trouve ma victime et quand elles y sont, elles cherchent la personne qui porte mon mouchoir parfumé et la tuent. Puis un signal négatif les font revenir… ». Toro réalise le sens du parfum… alors qu’il en est encore couvert (depuis le moment où il s’est fait passé pour le secrétaire d’ambassade). Ce n’est visiblement pas assez d’informations pour Human Torch, qui veut encore en savoir plus sur les méthodes de White Vampire. Elle lui explique alors qu’elle a pris l’habitude de fouetter les chauve-souris (à l’aide du fouet dont elle s’est emparé plus tôt) tout en prenant soin de porter elle-même le parfum en question. Du coup les bestioles ont appris à détester cette odeur. Fouetter des chauves-souris ? Il faut être fortiche ! C’est même à se demander comment et pourquoi White Vampire n’a pas trouvé un système plus pratique…

Mais toutes ces explications n’avaient qu’un but : Gagner du temps de manière à pouvoir atteindre à nouveau le bouton piégé. White Vampire réussit à le déclencher, projetant ainsi Human Torch dans une trappe cachée dans le sol. Pris par surprise, Human Torch n’a pas le temps de s’enflammer. Qui plus est, dans la chute sa tête heurte un rocher et il s’assomme (dans la mesure, bien sûr, où un androïde peut être assommé). Reste Toro mais White Vampire lâche alors sa meute de chauves-souris contre lui. Tandis que Toro s’enflamme et est occupé à incinérer les animaux qui l’attaquent, White Vampire prend la poudre d’escampette, à l’abri derrière une paroi transparente. Néanmoins les chauves-souris ne ralentissent guère le garçon enflammé (d’ailleurs c’est à se demander en quoi elles représentent une menace pour ces héros en particulier, qui ne risquent pas d’être mordus, protégés par les flammes). Qu’à cela ne tienne, White Vampire déclenche un autre gadget : des extincteurs cachés dans le plafond qui projettent des trombes d’eau. Elle prend la peine d’expliquer « Ha ha ! J’ai fait installer ça en raison de la haute tension qui passait par cette pièce ! Une bonne coïncidence ! ». Ah c’est certain… Plus qu’une coïncidence c’est même un miracle : A commencer par le fait que rien dans les méthodes exposées par White Vampire ne justifie l’usage d’une haute tension particulière. Et peut-être qu’une bonne âme pourrait lui expliquer qu’en cas de problème la dernière chose à faire est de projeter de l’eau sur des lignes à haute tension ! N’empêche. Dans le cas présent le procédé permet d’éteindre la flamme de Toro et de le livrer, au moins en théorie, aux chauve-souris enragées… Terrifié, Toro brise alors la paroi transparente derrière laquelle White Vampire se cachait. Celle-ci hurle « Ne laisse pas les chauves-souris entrer ! »… La terreur de White Vampire s’explique puisqu’on se souviendra qu’elle aussi porte le parfum détesté par ces animaux (c’est à ça, en gros, que servait la paroi transparente : la protéger des chauve-souris). Mais trop tard, les bestioles se précipitent vers la brèche. Trop vite sans doute car elles se prennent dans les câbles à haute tension, provoquant un court-circuit qui « assomme » aussi bien les bestioles que Toro…

Quand il revient à lui, Toro est donc débarrassé des animaux. Mais sa priorité est toute autre : «  Je ne peux pas la laisser fuir ! C’est une criminelle ! Une nazi ! Si j’utilise ma flamme sur ces appareils à haute tension je devrais arriver à provoquer quelque chose ! ». Et effectivement il déclenche une explosion qui fait voler en morceaux la tour du château. Toro, enfin, s’intéresse au devenir de son mentor. Il descend dans la trappe et arrive à remonter Human Torch, toujours inconscient. Ils arrivent à quitter le château de justesse alors qu’il est emporté dans une gigantesque explosion, qui provoque même un glissement de terrain (dingue ce qu’on peut faire en balançant des flammes sur une ligne haute tension, non ?). Human Torch, revenu à lui, est bien sur étonné de ce chaos mais Toro lui explique : « White Vampire allait s’échapper. J’ai donc utilisé ma flamme ! Je pense qu’elle est foutue ! ». Plus tard Human Torch et Toro retrouvent le chef de la police et lui racontent tout : «… Et c’est toute l’histoire, Chef ! Tout son plan a échoué ! Les chauves-souris et tout le reste ! ». Le chef peut alors conclure « Ce genre de plan échoue généralement ! Il suffit de lire les journaux quotidiens pour le prouver ! ». Bien sûr le chef ne veut pas dire par là que des femmes fouettent des chauves-souris tous les jours mais bien que les plans des nazis sont voués à l’échec.

On nous permettra de trouver les personnages un peu trop catégoriques dans leur idée qu’ils sont débarrassés de White Vampire puisque d’abord et avant tout on ne voit pas le corps de cette femme en blanc. De plus Toro a eut le temps, lui, d’aller chercher Jim Hammond au fond de son trou et de le ranimer avant de quitter la zone en danger. White Vampire, qui n’avait pas un tel « handicap » avait donc largement le temps de s’échapper avant les deux héros ! Par ailleurs ce n’est pas comme si le Red Skull n’avait pas réchappé de circonstances en apparence bien plus meurtrières. Si c’est bien la seule apparition de White Vampire, on n’est cependant loin d’être convaincu que cette dresseuse de chauves-souris a trouvé la mort au terme de l’épisode. Au niveau scénaristique, ce n’est d’ailleurs sans doute pas souhaitable car elle est loin de faire partie des criminels les plus ridicules du Golden Age. Il faut dire qu’elle a de qui tenir !

Sa cagoule avec des oreillettes très particulières, ses gants et sa cape (assez curieusement dans l’histoire la cape est représentée le plus souvent comme si elle flottait en l’air) semblent inspirés au moins en partie par Batman. C’est sans doute une des raisons pour laquelle White Vampire est représentée en blanc plutôt qu’en noir. A l’époque Timely faisait preuve d’une certaine nervosité en ce qui concernait les rapprochements possibles entre ses personnages et d’autres firmes. Déjà, l’éditeur avait connu quelques problèmes avec MLJ, l’éditeur du Shield originel, parce le premier bouclier de Captain America lorgnait trop sur le costume de son modèle. Par la suite Timely s’était aussi fait tirer les oreilles parce qu’un des adversaires de Cap s’appelait le Hangman (nom qui se trouvait également être celui d’un autre héros de MLJ). Enfin, en feuilletant les aventures de Captain America on trouve aussi sur un certain Black Toad, un super-villain qui agît dans le milieu du baseball et qui, malgré son surnom de « Crapaud Noir » a tous les airs d’une chauve-souris. Qui plus est, s’appeler Toad alors qu’au baseball on joue avec une « bat » semblait totalement incohérent. Il semble bien que le Black Toad devait s’appeler le Black Bat et que Timely a fait machine arrière au moment du lettrage de l’épisode, pour s’éviter des problèmes avec DC Comics. Dans le même état d’esprit, il semble donc certain que White Vampire ne devait pas trop s’approcher de Batman, d’où une teinte différente.

Mais L’explication majeure dans le design de cette femme fatale vient… du monde de Disney. Il y a une certaine ressemblance physique entre White Vampire et la Reine Grimhilde (la méchante belle-mère) telle qu’elle est représentée dans le dessin animé « Blanche Neige » de 1937. Le château de White Vampire, tout droit sorti d’un conte de fée européen, est un autre indice en ce sens. Et entre « Snow WHITE » (nom anglais de Blanche Neige) et « WHITE Vampire » il y là aussi un certain rapprochement à faire. Retirez la couronne de la reine, coloriez en blanc son costume et vous arrivez à quelque chose d’énormément proche de White Vampire. Ce qui d’ailleurs n’est sans doute pas une si mauvaise idée tant cette Reine est l’un des méchants les plus reconnaissables du monde de l’enfance… et est elle-même liée au vampirisme (l’histoire de Blanche Neige est au moins en partie inspirée de l’histoire d’Elizabeth Bathory, meurtrière qui pensait entretenir sa beauté en prenant des bains dans le sang pris à des jeunes filles). Blanche Neige étant l’œuvre des frères Grimm, deux romanciers allemands, l’idée (plus ou moins consciente) d’aller chercher le concept d’une super-nazie du côté de la belle-mère maléfique est donc loin d’être « hors de propos ».

On notera aussi que le début de l’épisode d’Human Torch Comics #14 s’intéresse aux mythes sur le vampirisme fantastique sans jamais vraiment revenir dessus par la suite. Bien qu’au demeurant White Vampire ne soit qu’une très « ordinaire » dompteuse de chauves-souris, le statut de ces bestioles n’est pas réellement défini par la suite. White Vampire pourrait très bien être elle-même un vampire au sens fantastique (façon Dracula) et/ou être la maîtresse un tantinet sado-maso d’un gang de vampires qui, eux-mêmes, peuvent apparaître sous la forme de chauves-souris. Bien sûr, cette piste d’un vampirisme « traditionnel » n’est que de l’extrapolation, plus basée sur des choses non dîtes dans l’épisode que sur des choses qui s’y trouvent vraiment. Il n’en reste pas moins qu’une tueuse en série (vampirique ou pas) utilisant des chauves-souris et des châteaux médiévaux venus de nulle part n’avait rien d’un espion interchangeable et que c’est typiquement le genre d’adversaire qu’il conviendrait de voir à nouveau dans des aventures rétros (ou modernes, allez savoir) d’Human Torch ou des Invaders…

[Xavier Fournier] [1] Ce qui d’ailleurs donne (sans doute accidentellement) du sens au fait que, bien des décennies plus tard, à l’issue de Civil War, le camp d’entraînement de l’Initiative serait baptisé « Camp Jim Hammond » : Human Torch avait tout simplement le premier super-héros à se déclarer de son propre chef à la police et à bénéficier d’une sorte de « patente », précédant ainsi la loi sur les super-héros défendue bien plus tard par Iron Man et son camp.

PS: La semaine prochaine une chronique un peu spéciale…