Oldies But Goodies: All-Winners Comics #8 (1943)

Oldies But Goodies: All-Winners Comics #8 (1943)

25 mai 2013 Non Par Xavier Fournier

Oldies But Goodies: All-Winners Comics #8 (1943)[FRENCH] Pendant le Golden Age de Marvel, le Destroyer avait la particularité de s’attaquer aux forces nazies… de derrière les lignes allemandes. Il était donc courant qu’il se frotte à Hitler et à ses sbires. Mais enfin bon en 1943, une aventure publiée dans All-Winners Comics #8 allait donner au combat une dimension carrément démoniaque.

All-Winners Comics #8 (1943)Pour une fois le récit commence avec le héros (le Destroyer, alias Keen Marlow) qui s’adresse directement au lecteur en convenant lui-même que l’histoire qui va suivre est étrange et que lui-même, parfois, se demande si elle est arrivée. Ce qui est une sorte de renversement de sens assez croustillant puisqu’un personnage de fiction se présente comme témoin de l’authenticité d’un récit tout en induisant une certaine dimension de doute. On sent, d’avance, que le scénariste est sur le point de se lancer dans quelque chose de particulier, qui sort du contexte habituel de ce genre de comics. Et pour en avoir le cœur net il suffit de regarder la case suivante, quand le Destroyer pointe le doigt vers le bas et explique que tout a commencé dans les profondeurs… dans l’Hadès !

Dans le lieu où finiront toutes les âmes des pêcheurs, Satan pique une colère alors qu’il est en train de lire un rapport. Il est assis à côté d’une femme blonde, en robe de soirée, qui s’étonne de sa réaction : « Que se passe-t-il mon maître ? Dis-le à Madam Satan ! ». Satan est furieux : « C’est cet idiot d’Hitler ! Je l’ai mis à la tête de tout… Et que fait-il ? Il loupe tout ! Regarde ce rapport du front russe ! Aïee ! J’en suis malade ! ». Madam Satan, qui semble bien être l’épouse du Diable, lui dit alors à l’oreille : « Il m’a fait l’effet d’un imbécile depuis la première fois où je l’ai vu ! Ce dont tu as besoin, c’est que quelqu’un d’autre prenne les choses en main, quelqu’un en qui tu pourrait avoir confiance ! ». Satan est du même avis et se demande alors qui pourrait être cette personne… Et si vous pensiez que Madam Satan allait se proposer elle-même, son idée est toute autre : elle désigne du doigt un des pensionnaires de l’Enfer… Attila le Hun !

Satan et sa dame...On nous explique alors que 1500 ans plus tôt Attila le Hun était le Hitler de son époque. Tout ça tient aussi à une sorte de jeu de mots sur un surnom qui était courant à pendant la guerre : qualifier les soldats allemands de « huns », d’envahisseurs barbares… Quelque part entre le passé lointain et 1943, son âme est visiblement devenu une sorte de surveillant en enfer, qui fouette avec férocité les damnés. Satan est convaincu par l’idée de son épouse et demande à son épouse de prévenir Attila de se préparer. Il va le renvoyer au pays des vivants. Madam Satan pense qu’il est le candidat idéal pour remettre les choses en ordre et décide même de l’accompagner, pour fournir la matière cérébrale nécessaire (autrement dit Attila sera la façade tandis qu’elle-même sera le vrai cerveau de l’opération). Après avoir reçu l’accord de celui qui est sans doute son mari (Satan, donc), la femme informe Attila de leur mission : « Laisse tomber le fouet, Attila ! Toi et moi allons rendre une petite visite à Adolf Hitler ! ». Attila adopte alors une attitude de dégout « Hein ? A qui ? Hitler ? Ce crétin moustachu ! Il était temps que Satan se décide à faire quelque chose. L’ironie dans l’histoire c’est qu’on a présenté Attila comme étant l’Hitler de son temps… et qu’il n’est pas sans porter la moustache lui-même. Autrement dit Attila se moque en un sens de ce qu’il est. Attila reprend : « Alors on va dépanner ce peintre en bâtiment ? Mène moi à lui et je montrerais comment je dirigeais les choses ! ». La proposition satisfait Madam Satan, qui annonce qu’ils partent pour Berchtesgaden (là où se trouvait le « nid d’aigle » d’Hitler, une demeure juchée sur une montagne)…

Dans notre réalité, à Berchtesgaden, donc, Hitler est bientôt informé par un militaire qu’il a des visiteurs qui l’attendent dans la librairie. Le leader nazi est furieux ! On ne doit pas le déranger ! Il est trop occupé… à essayer de peigner sa fameuse mèche. Il ordonne alors que ces visiteurs qui n’ont pas été invités soient jetés dehors. Mais le militaire, assez ennuyé, insiste. Hitler devrait quand même les voir et constater de lui-même qui ils sont avant de confirmer ses ordres. L’implication de ces scènes, on l’aura compris, c’est que non seulement Hitler est un pantin aux ordres de Satan mais que par extension tout le régime nazi travaille pour le Diable et a clairement conscience de la hiérarchie infernale. Dans un premier temps Hitler dit qu’il n’en a rien à faire et que si c’est comme ça on va livrer les visiteurs au bourreau. Mais quand il arrive dans la salle son expression change totalement. Il reconnaît immédiatement Madam Satan et multiplie les courbettes devant elle. Mais il n’a aucune idée de qui l’accompagne. La maîtresse des enfers explique alors : « Adolf, voici Attila ! Le Diable l’a envoyé pour prendre ta place. C’est lui qui va être ton nouveau chef ! ».

Hitler apprend qu'Attila le remplace...Hitler est furieux : « Mon CHEF ? Hitler ne prend des ordres de personne ! De personne ! Vous m’entendez ? ». En fait il y a un petit jeu de mots dans le dialogue. Hitler est forcément écrit avec un accent allemand à couper au couteau et, dans le texte original, au lieu de dire « Hitler takes orders from no one », son phrasé est « Hitler takes orders from no vun », le mot « one » étant écrit de manière à ce que la prononciation s’approche de « Hun ». Il continue : « Je vais conquérir le monde moi-même. Donnez-moi juste une arme secrète et… ». Mais le ton d’Hitler ne convient pas du tout à Madam Satan qui, sous la colère, révèle une sorte de mâchoire infernale, digne d’un crotale (ou, pour ceux qui connaissent, de Diana en train de manger dans le feuilleton « V ») : « SILENCE ! Nous t’avons assez entendu bluffer ! Tu n’es pas en train de parler au peuple allemand ! Tu as vendu ton âme au diable ! Si un seul bruit sort encore de ce que tu appelle ta bouche, je t’enverrais en Hadès immédiatement ! ». Hitler tente encore de plaider sa cause, de dire qu’il a besoin de plus de temps mais Madam Satan reste intraitable : « Tu vas recevoir tes ordres d’Attila et tu vas aimer ça ! Nous avons entendu les informations sur le front russe et en Afrique. Si on te laisse un peu plus de temps, ils te repousseront jusqu’à Berlin ! » A nouveau, Attila se moque d’Hitler comme n’étant qu’un simple peintre en bâtiment qui croit qu’il peut conquérir le monde. Il serait d’avis d’envoyer Hitler en Enfer dès maintenant. Mais Madam Satan en a assez des bravades de ces deux-là et leur explique qu’il faut se mettre au travail.

Et c’est à ce moment-là que le Destroyer fait enfin réellement son apparition à l’intérieur de l’histoire. La particularité de ce héros de Timely/Marvel réside dans le fait qu’il s’agissait d’un super-soldat attaquant les nazis de derrière les lignes ennemies ! Le Destroyer se déguisait même parfois en officier allemand pour tromper son monde et harceler Hitler et ses forces sans que personne ne puisse l’arrêter. Il semble que le héros était venu à Berchtesgaden pour tourmenter une nouvelle fois Hitler. On le découvre juché sur un arbre placé au dehors de la pièce. Il vient d’entendre la conversation, de voir Attila et Madam Satan donner des ordres à Hitler… Et il est passablement surpris, au point de se demander s’il doit en croire ses yeux.

Une arme qui pétrifieA l’intérieur, Hitler insiste. S’ils veulent gagner, ce n’est pas un changement de chef qui va changer grand chose. Il leur faut aussi une nouvelle arme secrète. Avec un grand sourire (il convient de noter que pendant tout l’épisode le dessinateur fait preuve d’une certaine aptitude à la caricature, avec des expressions plus forcées, plus comiques, que d’ordinaire pour Marvel) la femme annonce qu’elle a ce qu’il faut. On demande alors à deux militaires nazis de venir dans la pièce et elle leur souffle au visage une fumée verte qui émane d’une sorte de petite pipe. Immédiatement les deux militaires sont pétrifiés. Et pas seulement au sens figuré. Ils prennent l’apparence de la pierre et sont transformés en deux silhouettes immobiles. Hitler est sidéré… Elle les a transformés en statues ! Il devient hilare. Les forces alliées ne sauront pas comment résister à ça ! Il suffira de répandre cette fumée sur les sols russes, américains et anglais pour gagner la guerre ! Il bat alors des mains comme un enfant… Mais c’est le moment où le Destroyer décide qu’il en a assez vu. Il passe à l’action et entre dans la pièce en brisant la vitre. Hitler, qui l’a déjà combattu, le reconnaît immédiatement. Mais le héros américain n’est pas là pour discuter. Il saute sur le leader nazi et commence à le cogner, avant de taper aussi, au passage, sur Attila. Comme bien souvent dans les comics, le super-héros ne semble pas intéresser pour se Le Destroyer est piégé !bagarrer avec une femme. Hitler demande donc à Madam Satan d’utiliser le gaz vert sur le Destroyer. Mais elle demande à Attila de s’en occuper. Avec la petite pipe, il produit donc à son tour la fumée verte. Et comme le Destroyer n’a rien pour se protéger… Il sent son corps se raidir. Bientôt, c’est fait : Le héros n’est plus qu’une statue grise. Hitler peine à le croire. Ils auraient enfin capturé le fameux Destroyer ? Attila lui explique qu’il ne peut se défendre et que s’il veut le cogner, c’est le moment : le héros ne pourra pas se défendre. Crédule jusqu’au bout, Hitler donne donc un coup de poing à la statue. Et comme celle-ci est en pierre, le nazi idiot se fracasse la main… Tandis qu’Attila, qui savait bien l’effet que çà produirait, ricane.

Cependant Hitler insiste sur le fait qu’il n’est pas si idiot que çà. Il décide de montrer la statue du Destroyer à ses principaux officiers, histoire d’améliorer le moral des troupes. Attila trouve que c’est une excellente idée. Cette réunion lui permettra de rencontrer ses troupes et de se présenter comme étant le nouveau chef. Mais Hitler est curieux : Est-ce qu’il y a un moyen de retransformer les statues en êtres humains ? Attila répond par l’affirmative. Oui, il y a bien un remède. Le feu ou la chaleur annulent l’effet du gaz vert. D’ailleurs il joint le geste à la parole. Il utilise une allumette qu’il promène sous le nez d’un des militaires pétrifiés et aussitôt l’homme retrouve sa couleur normale et sa mobilité. Bien sur nous sommes dans le contexte d’une histoire très caricaturale. Car si le « remède » était aussi simple, cette « arme secrète » n’aurait aucun intérêt sur le plan militaire (en imaginant qu’on pétrifie des soldats alliés il suffirait que d’autres utilisent un briquet pour leur rendre leur état habituel).

Le soir venu, Hitler et ses officiers fêtent donc la capture du Destroyer dont la statue, pour l’occasion, a été installée sur la table du banquet. On mange, on boit, on fume… C’est un festin au point qu’une partie de l’assistance tombe inconsciente. Hitler décide qu’il a trop mangé et qu’il est temps d’aller se coucher. Il quitte donc la salle… Sans réaliser que ses officiers ont laissé des cigarettes en train de se consumer dans un cendrier… A quelques centimètres de la statue. Ce n’est pas assez pour rendre toute sa mobilité au Destroyer mais cela suffit pour libérer ses jambes, qui retrouvent de la souplesse. Moitié humain/moitié statue, le héros peut donc trotter jusqu’à une proche cheminée. Là, il y a assez de flammes pour retransformer tout le reste de son corps. Il est à nouveau lui-même. Mais il est surpris par l’arrivée de Madam Satan.

Madam Satan tente la persuasion...Constatant que le Destroyer a trouvé la parade, la femme tente d’abord de le rallier à leur cause. Mais ca ne marche pas. Passant de la persuasion à la menace, elle annonce alors qu’elle va le transformer à nouveau et que cette fois elle s’arrangera pour qu’il reste une décoration. Mais le Destroyer est plus rapide qu’elle. Il lui arrache sa pipe : « Cette fois je ne vais pas te laisser une chance d’utiliser ce truc ! ». Sans la pipe, il semble que Madam Satan n’ait pas particulièrement de pouvoir. En tout cas rien qui lui permette de résister physiquement au Destroyer. Elle appelle donc Attila à l’aide. Le Hun arrive à la rescousse, brandissant un grand sabre. Mais sans l’appui de la fumée verte, il n’est plus qu’un adepte de l’escrime parmi tant d’autres. Dans le corps à corps qui suit, le Destroyer arrive à le repousser vers les flammes de la cheminée. Projeté dans l’âtre, Attila se dématérialise contre son gré, renvoyé vers l’Enfer. Il semble que le feu annule vraiment la puissance des envoyés de Satan. Comme on vient de le voir, Madam Satan n’a pas vraiment de pouvoir propre. En voyant disparaître son allié, reparti vers le monde satanique, elle panique. De peur de rester seule sur Terre, elle préfère sauter à son tour dans les flammes, déclenchant son retour en Enfer…

Hitler est sauvé par un bombardement allié...Pour autant le Destroyer n’est pas tiré d’affaire. Il reste beaucoup de militaires nazis dans les parages. S’il arrive à en neutraliser certains par sa seule force, le nombre ne joue pas pour lui. Pour éviter les balles, le héros saute derrière une table et retombe sur le lance-gaz de Madam Satan, laissé à l’abandon. Il décide alors de s’en servir pour son propre compte et arrive ainsi à paralyser les soldats qui l’attaquaient : « C’est un sympathique petit gadget s’il est utilisé de bonne façon ! J’ai une idée ! Je vais coincer Hitler avec ce truc ! ». Il commence alors à fouiller l’édifice à la recherche de son ennemi. Mais Hitler l’aperçoit alors qu’il approche et reconnaît « l’arme secrète ». Conscient de l’idée du Destroyer, Hitler s’enfuit à l’extérieur et une poursuite s’engage. Mais bientôt les deux hommes sont séparés par une explosion. Les Alliés sont en train de bombarder la zone… et la déflagration sépare le héros et le nazi. Observant de loin le « nid d’aigle » d’Hitler disparaître dans les flammes, le Destroyer s’exclame : « Quelle ironie ! Ce raid a sauvé Hitler alors que j’étais sur le point de l’avoir ! Nos gars ont, sans le vouloir, sauvé ces nazis que j’avais paralysé. Toute cette chaleur les aura libérés ! Mais je ferais mieux de me débarrasser de cette chose dangereuse ! Si elle tombait entre de mauvaises mains ! » Et le héros brise alors l’arme secrète contre un rocher…

La page d'introduction...Sur l’image finale de l’histoire, le Destroyer s’adresse à nouveau au lecteur : « Oui, Hitler s’en est tiré ! C’est le destin qui en a décidé ainsi ! Mais je reviendrais ! Et ils seront des millions avec moi ! A l’heure de la bataille finale, ce monstre ne nous échappera pas ! Nous reviendrons ! ». Il faut croire que cette aventure aura convaincu Satan, Madam Satan et Attila de ne plus s’en mêler puisqu’Hitler conservera son poste jusqu’à la chute de Berlin. Mais sa fin réelle donnera à ce récit un petit parfum prophétique. D’abord, avec le recul, un certain nombre de lecteurs ont pu noter qu’Hitler et ses « patrons » parlent ni plus ni moins de gazer leur ennemis, quand bien même il s’agit ici d’un gaz surnaturel. Au regard de l’Histoire avec un grand H, ce récit prend des airs de paraboles. D’autant qu’il n’était pas rare que dans les aventures du Destroyer on fasse allusions au camp de concentration (sans pour autant imaginer les horreurs qui s’y déroulaient). Au final, le Hitler réel finira par disparaître dans les flammes, tout comme ses patrons dans cette aventure. Tout ça étant bien sur le fruit du hasard. En 1943, les auteurs ne risquaient pas de deviner les détails de la fin de la guerre en Europe. Sous un angle politique, on s’étonnera cependant qu’à force de vouloir caricaturer Hitler et à (littéralement) le diaboliser, on vient à en faire ici une sorte de pantin. Au lieu d’être le Mal absolu, Hitler en vient à devenir une sorte de benêt digne du Colonel Klink (personnage de la série TV Stalag 13 pour ceux qui ne le connaîtraient pas) qui suit les ordres. L’Hitler vu dans cet épisode est idiot, bête mais les méchants réellement déterminés sont « au dessus » de lui… C’est plutôt curieux, en particulier pour l’époque… L’idée est de lier au Diable, c’est certain, mais en le déresponsabilisant, on fait du dictateur un pantin, en un sens moins directement maléfique.

Le Lantholum qui paralysait Dynamic Man...Sur le plan de la continuité des comics, cet épisode comporte plusieurs points d’intérêt. D’abord il entretient à l’intérieur de l’univers Marvel du Golden Age l’existence continue d’une substance surnaturelle qu’on pourrait comparer à la Kryptonite et qui a pour effet de paralyser ses victimes. On en avait déjà vu une version dans Mystic Comics #1 (1940), sous le nom de Lantholum. Elle servait alors à paralyser l’androïde Dynamic Man. On retrouverait plus tard dans Young Men #24 (1953), une substance verte nommée « solution X-R » qui avait paralysé aussi bien l’androïde Human Torch que son jeune compagnon humain Toro. Ajoutez que dans The Twelve #1 (2007) explique qu’à la chute de Berlin les nazis sont arrivés à paralyser une douzaine de super-héros en les soumettant à un mystérieux gaz vert et tous ces épisodes liés par le hasard finissent par former un canevas. Le Lantholum ou la solution X-R seraient des variantes de la substance amenée sur Terre par les forces démoniaques. Et les nazis, en particulier, seraient arrivés après cet incident de 1943 à reproduire « l’arme secrète » de Madam Satan pour paralyser les « Twelve » à la fin du IIIème Reich. Le seul élément qui ne colle pas avec cette hypothèse séduisante est que la « solution X-R » paralyse deux héros dont le propre est de s’enflammer et que parmi les Twelve on trouve Fiery Mask, lui aussi pourvu de pouvoirs incendiaires. Le gaz de Madam Satan ne saurait donc fonctionner sur eux. A moins d’imaginer que la version de 1945 vue dans The Twelve #1 est perfectionnée de manière à fonctionner même en cas de flammes.

La Black Widow du Golden AgeL’autre chose intéressante, c’est la ressemblance ou tout au moins le voisinage entre Madam Satan et une héroïne de Marvel dont nous avons déjà parlé ici, la Black Widow du Golden Age (Mystic Comics #4, 1940). A l’origine Black Widow, une sorte de concubine de Satan, était supposée se nomme Madame Death. Finalement qualifiée de « Veuve Noire », elle avait ensuite été piratée en 1941 par un autre éditeur, MLJ Comics, sous le nom de… Madam Satan, elle aussi concubine du diable et relativement identique (si ce n’est que la Madam Satan de 1941 était brune). Et là, d’un seul coup, on se retrouve à nouveau chez Timely/Marvel avec une autre Madam Satan assez compatible avec ce concept (si ce n’est qu’on voit bien que la Madam Satan qui affronte le Destroyer est plus faible et n’a pas de pouvoir une fois privée de son gaz). On pourrait alors aisément relier la première Black Widow à cette Madam Death de 1943 pour imaginer que Satan a une sorte de harem, un ensemble de concubines similaires qu’il utilise pour différentes missions à travers le monde. A moins d’aller jusqu’à imaginer que, malgré la différence de couleur de cheveux (Madam Death est rousse, Black Widow est blonde), il ne s’agit que d’une seule et même femme qui, pour le coup, aurait été plus faible le temps de cet épisode pour une raison indéterminée. Black Widow, agent de Satan, n’avait rien d’une héroïne altruiste et aurait tout à fait pu travailler avec Hitler si son patron l’avait ordonné…

Bien sûr, il s’agit d’une très vieille histoire (70 ans au compteur !) et il parait peu probable qu’on aura un jour un épisode qui pourra relier toutes ces possibilités. Pourtant Satan reste un personnage utilisé de manière courante dans l’univers Marvel moderne (et il y a même un Son of Satan, mais qui n’est pas pour autant le fils de Madam Satan). Hitler lui-même a été réincarné en un autre personnage, le Hate-Monger. Et la première Black Widow est arrivée jusqu’au vingt-et-unième siècle via la série The Twelve. Même le Destroyer est encore vivant et actif (bien qu’on ne le voit pas souvent) dans l’univers Marvel. Les principaux acteurs de cette histoire sont donc encore disponibles pour des suites éventuelles. Mais il paraît peu probable qu’un scénariste moderne viendra puiser un jour dans ce récit pour lui trouver des retombées…

[Xavier Fournier]