Oldies But Goodies: Air Fighters Comics V2 #5 (Fev. 1944)

Oldies But Goodies: Air Fighters Comics V2 #5 (Fev. 1944)

4 janvier 2014 Non Par Xavier Fournier

Oldies But Goodies: Air Fighters Comics V2 #5 (Fev. 1944)[FRENCH] Je vous ai déjà parlé dans ces chroniques de Black Angel, aventurière anglaise qui se battait pendant la guerre contre la menace nazie en Europe, en particulier contre la Baronne Blood. Mais les exploits de cette fantômette de l’air ne s’arrêtait pas à affronter quelques nazis d’opérette et elle s’est parfois offert des guest-stars inattendus, comme un certain héros français…

Black Angel et son nouvel ami...En 1944, basée en Angleterre et équipée de son propre avion, Black Angel était capable de rendre visite assez régulièrement à la France occupée. Cette fois l’épisode commence d’ailleurs à Paris où résonne le bruit des bottes nazies et on s’intéresse plus particulièrement à quelques soldats allemands qui se sont arrêtés à l’intérieur du tombeau de Napoléon (autrement dit le dôme des Invalides, même si le scénariste ne va pas si loin dans ses explications). Les envahisseurs sont occupés à graver une croix nazie sur le couvercle du cercueil de l’Empereur Français : « Napoléon, Bah ! Il affait de la chanze alors ils l’ont abbelé le plus grand guénéral du monde ! Il n’aurait pas une chance avec nous ! Nous ferions mieux de détruire zette tombe ! Ja ! C’est un problème pour nous car les français le voient comme un héros ! ».

Mais alors que les soldats sont en train de s’attaquer au cercueil, ils sont interrompus par une vieille femme encapuchonnée qui venait visiter le tombeau. Elle s’adresse à eux en pointant un doigt accusateur : « Vous payerez pour ça, nazis ! Une terrible justice puni quiconque ose salir la tombe de Napoléon ! » La menace n’impressionne pas les nazis et l’un d’entre eux donne un coup de poing à la vieille française mais elle ne se démonte pas : « Frappe moi encore ! Tu ne peux pas faire de mal à une vieille femme ! Je n’ai pas de raison de vivre tant que vous les nazis serez dans Paris ! ». Si vous vous attendiez à ce que la vieille femme ne soit qu’un déguisement de Black Angel pour s’approcher des hommes, vous avez… tout faux ! Au contraire les soldats nazis sont dérangés par une silhouette inconnue portant un manteau vert et un chapeau. Le nouveau venu se tient dans l’ombre mais n’hésite pas, à son tour, à menacer les soldats : « Qui ose porter la main sur une femme française ? Chien d’allemand ! Tu devrais être guillotiner ne serait-ce que pour avoir osé parler à une fille de la France ! ». Puis il donne un violent coup de poing au soldat le plus proche de lui. La voix de l’inconnu doit paraître âgée car le nazi s’étonne « Il frappe fort pour un vieil homme ! ». La vieille femme s’aide de son parapluie pour assommer un autre soldat tandis que l’inconnu en vert neutralise le reste de la troupe : « Vous pouvez conquérir le sol, soldats, mais jamais vous n’aurez le peuple de la France ! ».

Black Angel entre en action...C’est à ce moment seulement que Black Angel entre dans l’histoire. Elle se tient sur un balcon proche et décide bien sur d’intervenir : « Les nazis en train de s’attaquer à un vieil homme et une vieille femme ! C’est un boulot pour Black Angel ! ». Profitant de sa position en hauteur, elle lance des pots de fleur sur les allemands avant de leur sauter dessus. Les allemands sont terrifiés « C’est une seule personne mais il s’agit de Black Angel ! ». A ce stade on perd la trace de la vieille femme (sans doute qu’elle a réussi à fuir dans la cohue). L’inconnu en vert conseille alors la fuite à Black Angel : « Mieux vaut nous retirer maintenant ! Nous pourrons reprendre nos forces et revenir plus tard les attaquer ! ». Black Angel note cependant quelque chose de curieux au niveau de la main de l’inconnu et lui demande s’il est blessé. Mais la silhouette en vert évite de répondre.

L’inconnu guide Black Angel dans les rues jusqu’à un passage souterrain. Mais là aussi l’aventurière est passablement surprise par l’inventivité et la débrouillardise du bonhomme : « Cette cachette est parfaite ! Les nazis sont passés devant sans nous voir ! Comment saviez-vous qu’elle se trouvait là ? ». L’ombre verte rétorque « C’est un ami proche qui a fait construire ces passages ! Bon maintenant empruntez ce tunnel ! ». Black Angel sursaute en entendant les explications de son allié. Elle sait qu’historiquement l’homme qui a fait construire les tunnels secrets de Paris était Napoléon lui-même ! Mais quand elle se retourne l’inconnu n’est plus là.

Le jour suivant Black Angel est toujours à Paris et elle observe une procession étrange : « Tous ces français ! Je me demande ce qui se passe ! Pourquoi vont-ils tous en direction de la tombe de Napoléon ? » Elle est interrompu par l’homme au manteau vert qui surgit à nouveau à ses côtés : « Vous ne comprenez pas, ma chère ! J’ai aimé la France depuis bien des années et ces hommes ne sont pas des français ! Ils s’attendent à ce que la France entière pense qu’il s’agit de français venus faire un pèlerinage sur la L'homme mystérieux connaît bien la ville...tombe de Napoléon ! Mais il s’agit de nazis ! Ils veulent prendre la dépouille de Napoléon et l’emporter hors de France ! ». Black Angel comprend la portée de ce plan : « Le corps de Napoléon est un symbole national de la liberté française ! Ca briserait le moral de la France entière ! ». L’inconnu lui impose le silence et lui explique qu’il va se glisser parmi les rangs des ennemis et voir ce qu’il peut apprendre… « Quel curieux vieil homme » se dit Black Angel « mais il ne peut pas tout faire tout seul ! Je dois rallier une partie de la Résistance pour l’aider…

Plus tard les forces allemandes chargent le cercueil de Napoléon dans un avion. Un gradé se félicite de ce plan, qui semble être son idée : « Les Franzais penzeront que ce sont certain d’entre eux qui ont volé le cadavre et ils seront trop effrayés pour protester ! Nous, Allemands sommes brillants ! ». Mais au fond de la soute se tient l’étrange homme en vert, qu’ils semblent prendre pour l’un d’entre eux. Mais bientôt il lève le doigt vers eux : « Vous êtes perdus ! Vous avez profané la tombe de Napoléon mais vous ne vivrez pas assez longtemps pour être récompensés par votre leader ! ». Là, le gradé reconnaît le vieil homme de l’autre fois, qui leur a déjà donné du fil a retordre, et ordonne qu’on le jette dans le vide…

L'homme mystérieux se révèle imposantMais avant que la menace puisse être mise à exécution, des choses étranges se déroulent dans la cabine de pilotage. Alors que les deux pilotes sont en train de parler, l’un d’entre eux est tiré par l’arrière via une cordelette passée autour de son coup. Son camarade ne remarque que trop tard la disparition, alors que des mains gantées (visiblement celles de Black Angel) disposent derrière lui la cordelette. Le second pilote est rapidement étranglé… Et l’avion, sans quelqu’un aux commandes, pique alors du nez. Dans la soute les soldats perdent l’équilibre. Pensant aux menaces du vieil homme en vert, ils s’exclament : « Il a maudit l’afion ! Nous ne nous en tirerons pas vifants ! ». En fait Black Angel n’a bien sur aucune intention de transformer l’opération en mission suicide. Elle prend rapidement les commandes et déclenche le pilote automatique et explique qu’elle va aller voir comment le vieil homme se débrouille… Ce qui implique, bien sûr, qu’elle sait qu’il était dans l’avion alors que dans la dernière scène les montrant tous les deux il disparaissait en promettant de chercher des informations, sans parler de ce vol.

Mais avant qu’elle ait pu sortir du cockpit, c’est l’homme mystérieux qui la rejoint. Elle le gronde : « Vous n’auriez pas du venir ! C’est un travail pour la jeunesse française ! ». L’homme en rétorque : « Les nazis ne veulent plus me toucher car ils pensent que je suis maudit ! ». Puis, sur une inspiration subite, il demande à Black Angel de poser l’avion près du musée de l’armée : « Trouvez-moi quelques hommes et rapportez moi de la poudre pour ces vieux canons. Que les hommes s’équipent des lances qu’ils trouveront dans le musée ! Je vais leur montrer ce qu’un général peut faire ! ». L’inconnu serait donc un général ? Le lecteur devrait-il penser qu’il s’agit de De Gaulle ? Pas vraiment mais il va encore falloir faire preuve d’un peu de patience avant de savoir ce qu’il en est…

L'homme en vert a un plan...Quand l’avion se pose près de son nouvel objectif les soldats nazis sautent et décident d’aller prévenir leur hiérarchie de l’échec de la mission. Au QG parisiens des occupants, ils sont accueillis par une explosion de colère. Leur supérieur leur promet que « le Führer fous fera pendre pour za ! Zi le peuple franzais abbrenait que nous les nazis avons tenté de voler le corps de Napoléon, nous n’obtiendrons jamais leur coopération ! Prenez des soldats bien armés et allez récubérer le cercueil ! Nous le remettrons dans le tombeau et nous dirons que ce n’était qu’un tour des français ! ».

Plus tard, deux silhouettes sombres (Black Angel et son allié) observent de loin un détachement allemand qui approche. L’homme mystérieux s’écrie « Ils marchent droit vers notre piège ! Prévenez les hommes de faire feu à quand j’en donnerais l’ordre ! ». Black Angel acquiesce : « Nous n’avons que des armes anciennes mais vous semblez savoir ce que vous faîtes… ». Mais bientôt les nazis eux-mêmes remarquent que les choses sont trop calmes et sentent le piège… Quand ils s’arrêtent, l’ombre en vert donne l’ordre de tirer… En fait les résistants avaient disposé sur les flancs du chemin les canons du musée militaire et leur tire dessus. Le supérieur des soldats allemands, pris de panique, hurle alors qu’il doit laisser ses hommes se battre tandis que lui doit retourner à son bureau pour chercher le pistolet qu’il a oublié.

Black Angel est prisonnière mais pas intimidée...Les nazis sont en déroute et Black Angel dirige les résistants à leur poursuite. Dans un premier temps les lances sont très utiles pour attaquer les quelques soldats en état de se défendre. Mais bientôt un nouveau détachement nazi arrive et cette fois il est accompagné par des blindés. Même Black Angel se met à douter : « Les nazis ont amené des tanks ! Nous ne pourrons pas les combattre avec nos armes ! ». Elle ordonne alors aux résistants de disperser. Eux-mêmes conviennent qu’il vaut mieux sauver la vie des hommes afin de pouvoir attaquer à nouveau plus tard. Puis Black Angel décide de faire diversion en courant dans le sens opposé. Ca marche : les blindés se lancent à sa poursuite et l’encercle. Un conducteur de tank jubile : « Black Angel ! Cette capture me vaudra une généreuse récompense ! Vous êtes dure à coincer mais vous n’êtes pas de taille face à la Gestapo ! ». On l’emmène au QG nazi où le chef goûte sa victoire : « Alors ! Nous cherchions le cercueil de Napoléon et nous avons trouvé Black Angel ! Mais n’ayez pas l’air si heureuse, nous avons aussi le cercueil ! ». L’héroïne costumée lui promet alors qu’il va être surpris…

Plus tard le nazi fait amener le cercueil dans la pièce et ordonne qu’on l’ouvre : « Je veux voir ce français qui était supposé être un grand général ! ». Mais Black Angel explique qu’ils ont procédé à une substitution et que le vrai Napoléon est toujours dans sa tombe. L’allemand est furieux, promet que le Reich ne l’apprendra jamais et qu’il fera abattre tous les français qui sont liés à cette histoire tandis que Black Angel sera la première à mourir. Mais une main armée d’un pistolet émerge du faux cercueil : « ¨Personne dans cette pièce ne s’en tirera pour tuer un français ! ». Le couvercle se lève et révèle l’homme en vert, qui tient en respect les nazis. Profitant de la confusion Black Angel s’empare d’une baïonnette et tue le chef nazi. Les deux héros s’enfuient ensuite en passant à travers une fenêtre. Cette fois Black Angel tente de retenir le mystérieux héros français avant qu’il disparaisse à nouveau: « Vous m’avez sauvé la vie ! Je veux vous remercier ! ». Mais dans son mouvement, en essayant de l’immobiliser, elle déchire accidentellement un bout de sa manche, qui lui reste dans la main. L’inconnu disparaît alors, en expliquant qu’il doit de dépêcher…

La conclusion... un peu attendue...Quelques jours plus tard Black Angel et les résistants français décident d’aller inspecter la tombe de Napoléon pour vérifier que les choses sont en place. Ils vont même jusqu’à ouvrir le cercueil pour vérifier que le corps s’y trouve toujours. Un des résistants s’exclame : « Ce combat dans les jardins du musée ! Seul Napoléon aurait pu l’organiser aussi bien ! Quel dommage qu’il ne pouvait pas réellement se trouver là ! ». Mais en ouvrant le cercueil un autre homme s’écrie : « Regardez ! Un morceau de l’uniforme de Napoléon a été arraché au niveau de la manche ! Ce n’était pas comme ça avant ! ». Black Angel ne peut s’empêcher de faire le rapprochement avec le morceau de tissu qu’elle tient justement encore à la main. Comme nous sommes de bons clients vous et moi, nous n’allons pas nous étonner que plusieurs jours après Black Angel ait encore le même bout de tissu dans la main. Sans doute qu’elle le conservait dans sa poche, dans l’idée de le rendre à son propriétaire. Black Angel fait la comparaison et se rend compte que les deux bouts de tissus correspondent : « Oh ! Ce n’est pas possible… ! ». Et l’épisode s’achève avec une phrase du narrateur qui précise « Ou peut-être que c’est possible, Black Angel ! ».

Tout le fond de l’épisode, comme un certain nombre d’entre vous l’avaient sans doute vu venir, Black Angel semble avoir été aidée pendant une bonne partie de l’épisode par l’ombre de Napoléon lui-même. Ce qui est à la fois logique et surprenant dans le contexte des comics. Logique parce qu’après tout, s’il s’agit de prendre un personnage historique représentant une certaine notion de grandeur de la France, son ancien empereur est loin d’être un mauvais choix. Surprenant parce que pour le monde anglo-saxon (et par extension culturelle en Amérique) Napoléon n’a pas spécialement laissé un bon souvenir puisqu’il était avant tout un ennemi. Sans doute ces deux données contradictoires convergent-elles ici (et dans d’autres comics des années 40) pour montrer que contre les nazis même le fantôme de Napoléon est plus humain et à une meilleure idée de ce qui est juste.

[Xavier Fournier]