Oldies But Goodies: Punisher Vol.2 #18 (Avril 1989)

15 septembre 2007 Non Par Comic Box

punisher18small.jpg[FRENCH] L’univers Marvel n’est sans doute pas assez grand pour le Punisher (sorte de division anti-gang à lui tout seul) et le Kingpin, chef de la pègre de New York (et en d’autres temps ennemi de Spider-Man et Daredevil). Après avoir tourné autour du pot, le Punisher décide un jour d’en finir avec le gros lard. Mais le plan ne va pas se passer comme prévu…

Face Off est le titre d’un film de John Woo (John Travolta contre Nic Cage, ça devrait vous dire quelque chose) mais quelques années plus tôt ce fut également le titre d’un épisode important de la série mensuelle consacrée au Punisher. Mike Baron avait lancé le titre en l’établissant dans les « coulisses » de l’univers Marvel, en donnant à ce anti-héros violent des missions qui l’entraînaient là où n’allaient pas les autres super-héros (plus friands d’ennemis aux costumes outranciers). Mais à partir de la fin de la première année du magazine, ayant bien établi le caractère de son personnage, Baron s’intéressa plus aux interactions possibles entre Frank Castle (le Punisher), en lorgnant en particulier du côté de Daredevil, le justicier aveugle. On eut ainsi droit à une rencontre au sommet entre les deux personnages, rencontre forcément explosive puisque le moins qu’on puisse dire c’est que ces deux là ne partagent pas la même philosophie. Ce n’était de toute façon pas la première fois que le Punisher croisait le chemin d’un super-héros Marvel. En fait, pendant un peu plus d’une dizaine d’année, il n’avait même vécut que comme ça, en « tapant l’incruste » dans les séries mensuelles de ses collègues puisque lui-même était sans titre fixe. Mais enfin, au bout de quelques années à croiser Spider-Man, Daredevil ou même Captain America se posait une question : Pourquoi le Punisher, adepte d’une justice expéditive, ne s’occupait-il pas des gangsters rencontrés par les autres héros ? En particulier le plus gros d’entre eux, au sens propre comme au figuré : Dans les autres séries on nous disait que le chef incontesté de la pègre « Marvel » était le Kingpin (le Caïd en VF). Et alors ? Qu’est-ce qu’il faisait le Punisher ? Pourquoi ne s’attaquait-il pas à la tête plutôt que de se limiter aux seconds couteaux ? Les lecteurs se posaient de plus en plus la question…

punisher18big.jpgMike Baron se mis en tête de l’expliquer dans le premier semestre de la deuxième année du titre (alors dessiné par Whilce Portacio), période dans laquelle le Punisher fait la rencontre de plusieurs alliés dans sa guerre contre le crime. Du coup, il peut intensifier son action mais ces missions sont aussi coûteuses en vies et, quand s’ouvre l’épisode #19, le Punisher peut compter les quelques « amis » qui lui reste. Mais c’en est trop. Frank Castle décide de frapper un grand coup et de décapiter la maffia : il faut tuer le Caïd.  L’équipe de Frank ne se réduit plus qu’à Microchip (son expert en informatique), Vernon (un enseignant noir doué en armes que le Punisher a rencontré par hasard lors d’une mission dans une école) et le Punisher lui-même. Rapidement, ce trio cesse d’en être un quand un jeune pirate informatique, « the Board », les contacte pour les rejoindre. Et c’est un événement important puisque The Board était jusque là le spécialiste informatique… du Kingpin. Sentant le vent tourner, le jeune homme veut changer de camp et rejoindre le clan du Punisher. La proposition de The Board ? Vendre les codes d’accès de la tour du Caïd contre un million de dollars (vous ne pensiez quand même pas qu’il faisait ça par pure honnêteté ?). Mais avant d’avoir pu finaliser un accord, The Board est assassiné par un autre ado, lui toujours fidèle au Kingpin.

Vernon, l’allié du Punisher, est planqué en hauteur et pourrait abattre de loin le jeune assassin mais il refuse. Il n’est pas un assassin de sang froid et refuse de tirer un gosse comme un lapin, même s’il s’agit d’un meurtrier. Ca ne fait pas vraiment sauter de joie le Punisher et quand tout le monde revient au QG, une discussion corsée éclate. Microchip commence alors de plus à prévenir Frank Castle d’une autre chose : s’ils suppriment le Caïd, qui leur garantit que celui qui le remplacera ne sera pas pire encore ?
Pendant ce temps, le Kingpin n’en est pas là. Il a été obligé d’employer des comptables asiatiques surdoués (ils ne travaillent qu’avec des bouliers) car le Punisher et Microchip ont détruit son système informatique dans les épisodes précédents. Le Caïd n’arrive donc pas à gérer l’argent qu’il amasse. L’un des comptables s’étonne que le gangster ne prenne pas plus de précautions que ça et fasse compter tout cet argent illicite dans l’enceinte même de ses bureaux. Le Caïd a alors cette logique implacable : d’après lui personne ne le soupçonnerait de faire traiter sa compta dans ses propres locaux (ben voyons, c’est pas comme si la moitié des héros de l’univers Marvel ne le surveillaient régulièrement !). D’ailleurs tandis que le Caïd se vente d’avoir une forteresse imprenable (il ne se souvient pas que dans de nombreux épisodes de Spider-Man ou Daredevil les héros y sont entrés aussi facilement que s’ils étaient chez eux ?), un jeune comptable ironise. Il dit que les victimes précédentes du Punisher aussi pensaient être à l’abri. Furieux, le Caïd surplombe l’ado de manière menaçante mais préfère conclure qu’en raison de son excellent travail de comptable, il sera epargné… pour cette fois.

Pendant ce temps le Punisher, Microchip et Vernon planifient la prise d’assaut du building. Frank Castle n’a laissé qu’un seul rôle à Vernon : démolir une caméra. L’autre s’étonne d’être cantonné à ce rôle mineur et de ne pas participer aux tirs d’attaque. Sèchement, Frank explique qu’il a déjà eu sa chance au tir (dégommer l’assassin de The Board) et qu’il a échoué. Vernon enchaîne en se rapprochant de la logique de Microchip : Et si tuer le Caïd ne faisait que déclencher une nouvelle guerre des gangs ? Le Punisher est tout sourire. Pour lui ce serait une bonne raison de plus (menant les gangsters à s’entretuer). Se lançant dans l’assaut, Frank et Microchip détournent un hélicoptère. Mais de son côté Vernon ne se contente pas de neutraliser la caméra : il s’introduit dans une cage d’élévateur qu’il commence à remonter à la force du poignet. « Il [le Punisher] ne s’attendait quand même à ce que je m’en aille, après qu’il m’ait montré les plans… […] J’ai le droit d’être ici. Castle aura besoin de quelqu’un qui peut réfléchir et négocier s’il veut s’en tirer vivant ». Toute la question étant de savoir si le Punisher est parti du principe qu’il s’en tirerait vivant… Pendant ce temps, Frank Castle et Microchip ont pris d’assaut la tour en utilisant des gaz. Le Kingpin est apparemment le seul dans tout l’immeuble a avoir un masque à gaz planqué dans un tiroir. On en arrive donc vite à la confrontation ultime. Furieux, le Caïd brise les murs aussi facilement que s’il était Hulk. Il arrive facilement à prendre Microchip en otage et force le Punisher a déposer les armes. La situation dégénère à un combat corps-à-corps entre les deux hommes. Mais comme les lecteurs de Daredevil le savent bien, le Caïd est une sorte de colosse gras connaissant de nombreux arts martiaux. Le Punisher n’a pas une chance et le Kingpin est sur le point de lui briser le dos quand…

Vernon tire des coups de feu. L’allié rejeté du Punisher est arrivé à l’étage et il a une sorte de mitraillette en main. Il force le Caïd à lâcher Frank et négocie avec lui une sorte de trève : si le Kingpin épargne Frank, les trois hommes s’en iront sans plus de problème. Le Punisher est furieux et, une fois relâché, voudrait que Vernon (seul homme armé de la pièce) mitraille quand même le Caïd. Mais Vernon a donné sa parole et refuse. De plus Microchip décoche un nouvelle de taille : Dans les étages inférieurs, convaincus que le Caïd va être tué, ses hommes de mains ont déjà commencé à s’entretuer pour savoir qui le remplacerait et des civils ont été blessés de manière « collatérale ». Apprenant que la vie d’enfants et de femmes a été mise en danger, le Punisher se laisse convaincre de prendre la fuite. Finalement impressionné par l’action de Vernon, Frank Castle lui propose d’intégrer leur équipe de façon définitive. Mais Vernon refuse. Finalement, après avoir vu tout ça, il a la sensation de s’en être tiré par pure chance et préfère redevenir enseignant dans la première école qui voudra bien de lui… Quelqu’un qui arrive à faire plier le Punisher et le forcer à tenir des promesses faîtes à la pègre ? On se demande ce qu’aurait donné la carrière de Frank Castle s’il avait gardé près de lui cet allié plus modéré…

[Xavier Fournier]