Oldies But Goodies: Fly-Man #31 (1965)

Oldies But Goodies: Fly-Man #31 (1965)

13 octobre 2012 Non Par Xavier Fournier

[FRENCH] Après avoir été un acteur important du monde des super-héros pendant le Golden Age, Archie Comics avait tenté d’y revenir à la fin des années 50, avec des résultats mitigés. Pour vraiment matérialiser une nouvelle génération de héros, il faudrait créer une équipe lorgnant sur la Justice League ou, surtout, sur les Avengers : Les Mighty Crusaders.

En 1940 Archie (alors connu sous le nom de MLJ) Comics avait démarré très fort dans le genre-super-héroïque. Sans pour autant vraiment rivaliser avec les ventes d’un DC Comics ou d’un Fawcett, l’éditeur avait lancé quelques figures mémorables comme le Shield originel, le Black Hood ou le Hangman. Archie ne pouvait pas prétendre avoir une position de leader sur le marché mais au début des années quarante, la société avait clairement une gamme plus imposante, plus riche, qu’un Timely/Marvel (qui, en dehors de Sub-Mariner et Human Torch, avait surtout un cheptel de héros éphémères). En un sens, Marvel ne s’imposerait dans la durée qu’en copiant les recettes d’Archie/MLJ, Captain America étant essentiellement une copie du premier Shield (et pas seulement au niveau du bouclier). Dans l’après-guerre, MLJ s’était rendu compte de la perte de vitesse des super-héros et avait tout misé sur un autre genre : les aventures du jeune étudiant Archie, éternellement hésitant entre les charmes des jolies Betty et Veronica. Le succès d’Archie (le personnage) avait été tel que l’éditeur avait décidé de se rebaptiser pour mieux être identifié.

Mais vers la fin des années 50, la société avait noté l’émergence d’une seconde génération de héros chez DC. Archie avait décidé de se repositionner à nouveau sur ce créneau et avait demandé à Joe Simon de superviser plusieurs titres de héros costumés (Le dessinateur Jack Kirby intervenant sur les premiers numéros). Deux, en fait, pour commencer. Adventures of the Fly et Double Life of Private Strong. Ce dernier était un nouveau Shield. S’inspirant de ce que DC avait fait avait fait avec Flash, Simon utilisa donc un nom connu (le Shield) pour créer un nouveau héros (Lancelot Strong). Mais le héros était trop surpuissant. Au point que ses pouvoirs ressemblent à ceux de Superman. Et Lancelot Strong ayant un costume rouge et bleu, DC Comics ne fut pas long à réagir, menaçant d’un procès. Pris la main dans le sac, Archie décida d’arrêter Double Life of Private Strong en catastrophe, au bout de deux numéros. Restait Adventures of the Fly mais la position de Joe Simon était fragilisée. Sans Lancelot Strong il ne supervisait plus vraiment une gamme. Mais Simon s’entendait mal avec la famille Goldwater (John Goldwater était le « J » de l’antique MLJ Comics et le propriétaire de la firme). Joe Simon cessa donc d’écrire la série avec Adventures of the Fly #4 (Janvier 1960), remplacé par le scénariste Robert Bernstein. Pour être honnête, The Fly avait perdu une grande partie de son intérêt dès le #2, après que Jack Kirby ait cessé d’assurer les dessins. Bernstein, fréquent collaborateur de DC Comics, n’avait rien d’un débutant. Il avait fourni des histoires solides de Superboy ou Superman (entre autres choses). Mais le régime éditorial dicté par John Goldwater semblait imposer une certaine naïveté des histoires. Il serait faut de dire qu’après le départ de Simon rien ne se passa sur la série. Malgré quelques idées marquantes de Bernstein (par exemple la création de Fly-Girl, la partenaire de The Fly), le tout était souvent sabré par des dessins de piètres qualités et une ambiance générale assez granguignolesque. Mais dans un premier temps… le stratagème fonctionna !

La plupart des chroniqueurs que The Fly n’eut jamais la popularité d’un Flash ou d’un Green Lantern. En fait c’est faux ! Le site Comichron (qui archive les chiffres de circulation et de ventes des comic-books américains) fait état d’une moyenne de 240452 exemplaires écoulés par numéro d’Adventures of the Fly vers 1960 (http://bit.ly/hqr4i0). A la même époque Green Lantern est diffusé à 255000 exemplaires, ce qui fait donc de The Fly un concurrent notable des héros de DC. D’autant qu’il éclipse Wonder Woman (230000 ex.) ou même les Challenges of the Unknown (235000). Ce qui laisse rêveur sur la carrière qu’aurait pu avoir The Fly si John Goldwater avait fait l’effort de débaucher un dessinateur notable (mettons Gil Kane par exemple). Privé d’une direction éditoriale forte, The Fly allait cependant péricliter. D’autant qu’un autre concurrent allait grignoter des parts de marché. En 1960 (avant la création des Fantastic Four), la plus forte revue Marvel (Tales of Suspense, alors dépourvue de super-héros) ne s’écoulait qu’à 184895 exemplaires. Mais la situation allait vite s’inverser. Au point qu’en Octobre 1964 (Adventures of the Fly #30), Archie Comics décida de changer son fusil d’épaule. La revue fut mise en sommeil quelques mois pour repenser la formule. Cette fois il ne s’agirait plus de copier DC mais de lorgner sur Marvel, dont les super-héros venaient de le doubler. S’il faudrait encore quelques années avant que les ventes de Marvel menacent réellement celles de DC, les super-héros de Stan Lee, Jack Kirby et de Steve Ditko dépassaient sans doute déjà largement les ventes d’Adventures of the Fly. Les résultats de Marvel à cette époque sont peu clairs mais Comichron rapporte pour 1964 (http://www.comichron.com/yearlycomicssales/1960s/1964.html) des circulations moyennes de 205075 exemplaires pour Journey into Mystery (qui accueillait Thor), 207065 pour Tales of Suspense (Iron Man), 207365 pour Tales To Astonish (Giant-Man et Hulk) et 215090 pour Strange tales (Human Torch, Doctor Strange). Les ventes de Fantastic Four, Avengers et Spider-Man à la même époque ne sont pas connues avec certitude mais elles étaient forcément supérieures à celles d’un Strange Tales. Par comparaison, Adventures of the Fly était tombé à une circulation de 197748 ex. On comprendra donc qu’Archie, première victime de l’élévation de Marvel, ait voulu reprendre sa position sur le marché des super-héros.

D’autant que John Goldwater avait des raisons d’être irrités par les héros Marvel de 1963-1964… Il avait pu voir le retour de Captain America (à l’origine un plagiat de son premier Shield) alors que Lancelot Strong, son propre héros patriotique avait été renvoyé dans les cordes. Spider-Man ou Ant-Man venaient lorgner sur les plates-bandes de The Fly. A plus forte raison si on considère que dès 1961 The Fly avait pu profiter de l’aide d’une Fly Girl. Il y avait de quoi s’étouffer, en 1963, en voyant débarquer The Wasp aux côtés d’Ant-Man ! Le péché originel venait donc assurément de l’autre côté. Marvel avait publié et réuni un certain nombre de concepts qu’on trouvait déjà chez Archie. En voyant paraître Avengers #1 en 1963, Archie avait déjà de bonnes raisons de penser que la réunion de héros issus de Tales of Suspense, Journey Into Mystery et Tales To Astonish allait vendre plus que les titres individuels concernés. Avec en plus le retour de Captain America dans Avengers #4, rejoignant des personnages comme Ant-Man et The Wasp, Archie avait donc toutes les raisons de voir dans les Vengeurs une sorte de miroir du Shield originel, de the Fly et de Fly Girl. La position de l’éditeur n’était pas tant de copier Marvel que de réapproprier certaines choses. Marvel était en de construire avec succès son propre univers avec certains archétypes qui existaient déjà chez MLJ/Archie. Goldwater et ses collaborateurs pouvaient donc légitimement penser à utiliser leurs « versions originales » pour rétablir la donne. Mais il n’était pas possible de lancer directement un équivalent des Vengeurs façon Archie. Marvel avait commencé par (re)lancer une bonne douzaine de héros avant d’en venir aux Avengers. Archie n’avait plus qu’une poignée de titres super-héroïques (En dehors d’Adventures of the Fly, on trouvait également Adventures of the Jaguar) tandis que certains archétypes (comme le héros patriotique maison, le Shield) n’avaient pas montré le bout de leur nez depuis des années. Il faudrait donc en passer par une phase de réintroduction…

En mai 1965, les lecteurs d’Archie eurent donc la surprise de voir revenir la série de The Fly désormais rebaptisée Fly Man (sans doute pour mieux se rapprocher de Spider-Man, Ant-Man ou Giant-Man). Si le héros changeait peu en apparence, ses capacités avaient changé. The Fly/Fly Man avait toujours eut des pouvoirs assez mal délimités. Sans doute parce qu’à l’origine Joe Simon l’a créé en comprimant diverses projets (au départ de sa conception il s’agissait d’un héros nommé Silver Spider). On le voit dès le début, en 1960, avec des pouvoirs redondants. Par exemple The Fly peut marcher sur les murs… Mais il peut aussi voler ! A quoi bon, alors, marcher sur les murs ? De la même façon les propriétés du pistolet du héros sembleront parfois contradictoires. Et c’est sans compter certaines capacités du héros que Robert Bernstein mais aussi Jerry Siegel (scénariste qui interviendra vers la fin d’Adventures of the Fly) ajouteront selon l’envie du moment. Mais sur la couverture de Fly Man #31, ce qui retient immédiatement l’attention du lecteur, c’est l’apparition d’autres héros costumés. Au premier plan Fly Man se lamente qu’il est seul contre tous (il est en train de se faire attaquer par la bande de son éternel adversaire, le gnome Spider) et que sa carrière super-héroïque touche à sa fin. Pas vraiment un message de « winner » pour relancer une série. Heureusement pour Fly-Man, trois héros surgissent pour l’aider. Un héros volant, Comet, arrive à la rescousse tandis qu’un autre, Black Hood, se laisse descendre au long d’une corde. Enfin, surgissant d’une bouche d’égout (là aussi, ce n’est pas vraiment un symbole de « winner ») on voit le Shield dans une variation de son costume des années 40. Tous se précipitent pour aider leur confrère. A l’intérieur la première page reprend au dialogue près l’image de la couverture. Mais le narrateur présente les « amis super-héros de Fly Man » en expliquant qu’il s’agit de croisés de la justice et que l’histoire qu’on va lire est sans doute « l’évènement le plus excitant de la décennie ». On verra que ce n’est quand même pas tout à fait le cas. Car pour l’occasion Archie a confié l’écriture à Jerry Siegel, le créateur de Superman. Une référence, c’est certain, mais aussi un auteur rouillé, qui n’est plus en phase avec la jeunesse des années 60 et qui en est réduit à essayer de trouver un ton intermédiaire entre ce que Goldwater avait déjà imposé sur Adventures of the Fly et une caricature de ce qu’on peut trouver chez le Marvel de l’époque (par exemple les chamailleries incessantes entre héros). Les dessins étaient de Paul Reinman, pas vraiment le dessinateur le plus dynamique qu’on puisse trouver à l’époque.

La touche de Siegel est cependant manifeste dès le départ, avec une scène qui montre le criminel Spider en train de s’évader de prison. Spider est chauve et s’échappe grâce à un fantastique gadget digne de Fantômas : Un camion équipé de tentacules. Mais si on y regarde bien, le Spider de Siegel est à peu de choses près identique à Lex Luthor, l’adversaire de Superman. A son bureau, l’avocat Tommy Troy apprend la nouvelle par la radio. Spider en liberté ? Pas question ! Troy frotte alors son anneau magique en s’écriant « Je souhaite devenir… The Fly Man ! ». Aucune explication quand au changement de nom du personnage. Mais le sort reste actif et Tommy est immédiatement revêtu du costume vert et jaune, avec deux petites ailes transparentes qui surgissent du col.

Exemple symptomatique de la simplification outrancière des histoires d’Archie : Dès la case suivante Fly Man s’approche du camion de Spider (comment le héros savait-il où le trouver ? Mystère !). Il annonce alors à son adversaire qu’il est venu pour lui offrir un retour gratuit à la case prison. Pas impressionné, Spider actionne alors une sorte de siège éjectable qui le projette comme un homme-canon. Spider part comme un missile vers une des grottes de la montagne voisine, où sa chute est ralentie par un filet spécialement prévu à cet effet. Là aussi la simplification scénaristique est à l’œuvre. Pour que ce dispositif existe et soit efficace, Spider aurait du prévoir à quel moment précis Fly Man allait le rejoindre et quand il faudrait actionner son éjection (2 minutes plus tôt ou plus tard, le criminel n’aurait sans doute pas été dans l’axe de la grotte). Encore mieux que ça : Spider prend le temps d’enfiler son uniforme de super-vilain puis actionne un levier qui transforme toute la surface de la montagne en une sorte de galerie des miroirs. L’astuce a pour effet de générer des illusions d’optique et de faire croire qu’il y a plusieurs Spider dans la montagne. Fly Man ne sait pas lequel poursuivre. Même en rentrant dans une caverne, il ne voit que des reflets de son adversaire. Incapable de retrouver la trace du criminel, Fly Man s’en va en promettant qu’ils se retrouveront. C’est une situation pour le moins particulière puisque le héros sait donc où se trouve le QG de Spider (la montagne) mais renonce, de guerre lasse, de le poursuivre.

Mais bien sûr Fly Man sait que Spider ne restera pas longtemps caché. Le jour suivant, effectivement, un vaisseau en forme de patte géante, pourvue de griffes, traverse le ciel de la ville. Et il porte le logo de Spider. Fly Man arrive donc immédiatement. D’autant que la patte en a visiblement après une grande foire qui se tient ce jour-là. L’engin pourrait d’un coup détruire les lieux. Heureusement Fly Man n’a pas comme seul pouvoir le fait de voler. Il peut aussi se transformer en…géant. Ce qui est pour le moins curieux quand on parle d’un héros dont les pouvoirs sont, en théorie, basés sur les mouches. Par le simple pouvoir de sa pensée, Fly Man grandit et devient un colosse haut de plusieurs dizaines de mètres. Il lui est alors facile de détruire l’engin envoyé par Spider, en se promettant d’en faire de même avec toute autre invention que son adversaire pourra utiliser. A l’évidence, quand on voit ce Fly Man géant, on ne peut que faire le rapprochement avec le Giant-Man des Avengers. Sauf que. Là aussi les choses sont un peu plus compliquées qu’il y parait. Ce pouvoir de croissance de Fly Man est très probablement inspiré d’Adventures of the Fly #24 (février 1963), qui contenait une histoire de Robert Bernstein intitulée « The Mystery of the Giant Fly ». Dans ce récit un adversaire de The Fly créait un double maléfique du héros, mais ce double était « surchargé » de puissance pour pouvoir faire face non seulement à The Fly mais à Fly Girl. Sous l’effet de cette puissance supplémentaire, le Fly maléfique enflait et devenait un géant. Henry Pym (Ant-Man) n’a utilisé les pouvoirs de Giant-Man qu’à partir de novembre 1963, des mois après le « Giant Fly » de Bernstein. Du coup on se trouve là encore dans une situation où Archie, tout en se rapprochant de Marvel, ne fait qu’utiliser des éléments lancés auparavant. Pour en revenir à la victoire de The Fly contre Spider, elle est de courte durée : Le génie criminel avait prévu la contre-attaque du héros et il a électrifié sa griffe. Le héros est paralysé, incapable de lâcher prise, et imagine alors que sa dernière heure est arrivée.

Mais heureusement un élément imprévu vient bousculer les plans de Spider. Un super-héros volant surgit. Il vêtu d’un costume orange et vert mais surtout d’une sorte de casque colonial caractéristique, décoré d’un motif arc-en-ciel. Le nouvel arrivant désintègre alors le vaisseau de Spider, expliquant dans un jargon pseudo-scientifique qu’il vient de le « désatomiser avec les rayons de puissance émis par les projecteurs miniatures » contenus dans ses gants. Fly Man croit reconnaître son sauveur. Et ce dernier le lui confirme : Oui, il est bien The Comet, puissant croisé venu de la planète Altrox, qui aidait les terriens il y a plusieurs années. Mais il explique alors que puisqu’il vient de renoncer à son trône sur Altrox, il sera désormais plus libre de son temps et qu’on le reverra plus souvent sur Terre. Jerry Siegel avait introduit cette version extra-terrestre de The Comet dans The Adventures of the Fly #30 (octobre 1964), dans une histoire de Fly Girl. Ce qui explique que Fly Man puisse le reconnaître. Il en aura entendu parler par sa partenaire. Sorti de là il s’agit surtout d’une réinvention d’un héros du Golden Age. Le premier Comet d’Archie n’était absolument pas un extra-terrestre mais John Dickering (un justicier avec une visière proche de celle de Cyclope, lui aussi pourvu d’un regard désintégrateur). Dickering avait trouvé la mort dans Pep Comics #17 (dans des circonstances préparant la venue d’un autre héros, le Hangman), en juillet 1941.

En apparence les deux Comet sont aussi différents que les deux premières versions de Flash (respectivement Jay Garrick et Barry Allen) de DC ou que les deux Human Torch de Marvel. Siegel, en tout cas, se comporte comme si John Dickering n’avait jamais existé. Mais par la suite les scénarios se prendront un peu les pieds dans le tapis. Certaines allusions laisseront entendre que le Comet venu d’Altrox était actif dès les années quarante. Si bien que, pour en finir avec les contradictions, quelques années plus tard on expliquera qu’il n’y a qu’un Comet, pas deux: En 1941, après sa « mort », le corps de John Dickering a été transporté sur la planète Altrox. La science y étant plus avancée, on l’a sauvé et équipé d’une nouvelle technologie. Et visiblement Comet est devenu le roi de la planète. Mais en 1964 ces subtilités sont éloignées de l’esprit de Siegel, qui traite son Comet comme un homme neuf. On notera que, comme pour la création de Superman, la notion d’extraterrestre entre en jeu. Mais dans les deux cas Siegel s’intéresse assez peu à la culture d’origine des héros. Tout comme Krypton était expédiée en deux ou trois cases dans la première version de Superman (l’émergence de son folklore kryptonien intervient après que Siegel soit parti de la série), Altrox est à peine mentionnée, le scénariste ne faisant pas mine de s’y intéresser. En fait, tel qu’il apparait en 1964, le Comet est une sorte d’hybride entre Tony Stark et Green Lantern. Comet n’a pas d’armure à proprement parler mais les gadgets que contiennent son costume sont assez proches des performances d’Iron Man. Et le moustachu Comet est le portrait craché de Stark…

Comet est ne s’attarde pas sur les lieux et disparait vite. Par la suite Fly Man reprend ses activités super-héroïques et doit intervenir dans le Pacifique pour empêcher une éruption de raser un village. Malheureusement pour lui, Fly Man ne peut pas être partout. Pendant qu’il est occupé ailleurs, trois hommes de Spider (Boppo le Puissant, Flipsy le Terrible et Basher le Dynamique) ont tout le temps de perpétrer un hold-up. Mais alors que le gang prend la fuite, ils sont observés par… une mouche, qui décide (ne riez pas…) d’envoyez un message télépathique à Fly Man. Bientôt ce sont des insectes en tous genres qui donnent des indications au héros sur le cheminement de la voiture du gang. Des insectes, y compris, en gros plan… une fourmi. Histoire de nous montrer que non seulement Fly Man peut changer de taille comme le Giant-Man de Marvel mais qu’il peut également commander, lui aussi, aux fourmis (entre autres races). De loin, Spider observe Fly Man. Le criminel ricane : Le héros ne peut se servir de ses pouvoirs qu’une heure par jour ! Et après toutes les émotions récentes, Fly Man devrait rejoindre Boppo, Flipsy et Basher juste au moment où il perdra ses pouvoirs ! De son côté le héros est lui aussi conscient de cette limite. Mais il se dit « Mes pouvoirs sont presque arrivés à leur limite mais je veux coffrer la fin de la journée ».

Mais c’est une très mauvaise idée. A peine est-il entré dans le repaire des trois gangsters de Spider (en marchant au plafond) que ses pouvoirs le trahissent. Fly Man tombe… comme une mouche au sol (bien que la perte de ses pouvoirs ne s’accompagne pas de la disparition de son costume, son identité est donc protégée). Il n’est donc plus qu’un humain normal, devant lutter contre trois brutes épaisses. Fly Man est finalement assommé et, comme les trois bandits sont d’anciens acrobates de cirque, ils arrivent à former une sorte de chaîne humaine pour jeter le héros sur le passage d’un train. Le héros git sur les rails alors qu’une locomotive approche. De loin, les adversaires de Fly Man se réjouissent déjà de sa fin.

Mais à nouveau un autre héros joue au « trouble-fête ». Le Shield, héros qu’on n’avait plus revu depuis les années 40, saute sur la voie et emporte Fly Man, toujours inconscient, avant qu’il puisse être écrasé. Les gangsters tentent bien de leur tirer dessus. Mais sans résultat. On nous explique alors que le costume du Shield attire magnétiquement les balles vers son torse. Et comme il porte un costume pare-balles, personne ne peut le blesser ou blesser quelqu’un proche de lui. Là où c’est étonnant, c’est que c’est une modification des pouvoirs du Shield originel, qui était vraiment indestructible. Mais après la mésaventure de Lancelot Strong, Archie a peut-être préféré redéfinir les pouvoirs du Shield pour les rendre moins proche de ceux de Superman (un comble puisque Siegel était à l’écriture). Alors que Fly Man est toujours sonné, le Shield bondit sur les trois gangsters et les assomme… d’un seul coup de poing. Entièrement revenu à lui, Fly Man demande avec reconnaissance au Shield où il était passé toutes ces années. Parce qu’après tout c’est un retour digne de celui de Captain America… Mais le Shield, qui ne semble pas avoir vieilli, botte en touche. Il préfère ne pas aborder le sujet. Il apparaîtra dans d’autres épisodes qu’il n’est pas Joe Higgins (le Shield de 1940) mais son fils, Bill Higgins, qui a pris la relève. Une nouvelle fois Spider s’est donc fait voler sa revanche… L’ennemi de Fly Man, toujours planqué dans son QG, décide de remettre au lendemain sa prochaine tentative (ce qui est idiot puisqu’il sait qu’à l’instant T les pouvoirs de The Fly sont épuisés).

Le lendemain Fly Man reçoit un nouveau message télépathique. Des insectes le préviennent que leur forêt est en train de bruler. Fly Man se précipite sur les lieux de l’incendie et décide de se réduire jusqu’à une taille minuscule pour être « au même niveau que ses amis ». Les insectes lui expliquent qu’ils sont rassurés de le savoir là. Fly Man commence à battre des ailes et les ondes de chocs sont suffisantes pour souffler l’incendie. Imaginez un peu si, au lieu de se réduire à une petite taille, Fly Man avait utilisé son pouvoir pour grandir. Ses ailes auraient sans doute éteint le feu encore plus vite. Mais ni le héros ni l’auteur ne semblent le réaliser. Mais Fly Man a d’autres soucis plus immédiats. Un avion le survole et lance une bombe qui vient se ficher dans le sol. Sans surprise la bombe porte le logo de Spider. En fait c’est une bombe atomique qui a la particularité de drainer l’énergie de tous les êtres vivants. Fly Man se sent donc faible. Trop faible pour pouvoir manipuler la bombe, qui vient d’actionner un compte à rebours. Il faut dire qu’on sombre à nouveau dans l’illogisme. Quitte à lancer une bombe atomique sur Fly Man est-ce qu’il n’aurait pas mieux valu qu’elle explose au moment de l’impact plutôt qu’avoir à mettre au point un complexe système de drainage d’énergie ? Pourquoi ne pas tout faire exploser directement de manière à être débarrassé sans délai de Fly Man ? Tout simplement parce que, sur le plan scénaristique, ceci laisse le temps d’une troisième intervention d’un autre héros…

La bombe atomique à retardement est détruite par un rayon laser, émis par… le cheval robot de Black Hood. Tout comme Comet ou le Shield, Black Hood était un personnage édité par MLJ/Archie dans les années 40. Il s’agissait d’un simple policier, Kip Burland, qui avait adopté une identité masquée pour combattre un criminel nommé the Skull et qui avait par la suite continué de jouer au super-héros jusque dans l’après-guerre. La différence avec le Shield ou Comet, c’est que Black Hood était revenu dès 1960 (Adventures of the Fly #7) comme un allié occasionnel de The Fly. Au lieu d’être simplement un aventurier masqué sans pouvoir ou gadget particulier, Black Hood chevauchait désormais un cheval robot (assez caricatural) équipé de tout un arsenal et surnommé Nightmare. Archie l’avait ensuite utilisé dans quelques histoires d’une page où Black Hood expliquait aux lecteurs… les préceptes du karaté. On l’avait encore revu en 1964 aux côtés de The Fly. Et là, pourtant, après avoir fait échoué la bombe (et fait battre en retraite l’avion qui l’avait lancé), Black Hood demande à Fly Man d’expliquer au monde entier qu’il (le Black Hood) est de retour pour combattre tous les malfaiteurs. Bien sur cette intervention déclenche une nouvelle fois la colère de Spider. Mais la population est heureuse de savoir que, par les temps qui courent, tant de super-héros sont de retour pour protéger le monde.

D’ailleurs le lendemain un message apparait dans le ciel, encourageant les héros à se réunir pour former les Mighty Crusaders (les « Puissants Croisés »). Comet, Black Hood et Fly Man se rendent donc au point de rendez-vous (une fête foraine), où ils rencontrent le Shield. Mais ce n’est pas lui qui a envoyé le message. Sur le coup les héros pensent que l’appel provient sans doute d’un autre collègue (après tout Archie Comics disposait encore de Fly Girl, du Jaguar et de quelques autres personnages mineurs). Et en attendant cet hypothétique cinquième larron, le Shield explique que ce serait effectivement une bonne idée de s’allier : l’organisation de Spider est trop complexe à combattre pour un seul d’entre eux. Le Shield insiste donc sur le fait qu’il est pour la création des Mighty Crusaders. Mais, surprise, Fly Man fait une objection. D’abord il est contre ce nom, qu’il trouve ridicule et tout droit sorti d’un comic-book. Ensuite, il n’est pas convaincu que les autres sont assez puissants pour travailler avec lui (vu comment ils lui ont sauvé la vie ces derniers jours, c’est d’une ingratitude totale). Fly Man va jusqu’à les traiter d’has been. Très vite, le ton monte et les héros en viennent aux mains. On sent bien que Siegel tente d’imiter les scènes de chamailleries propres à Marvel (les disputes entre la Chose et la Torche Humaine ou encore le départ d’Hulk dès Avengers #2). Mais il y manque l’humour façon Marvel. Les héros Archie se sautent à la gorge de manière totalement artificielle et sans grande raison. Mais bientôt le Shield s’étonne que Fly Man n’utilise pas ses pouvoirs contre eux, pour se défendre. Le héros-mouche explique alors qu’ayant beaucoup patrouillé avant de venir il a passé sa limite pour la journée. Comet, Black Hood et Shield sont dégoûtés. C’est ca le héros qui leur reprochait de ne pas être assez puissants ? Vexés, ils s’en vont en ne voulant plus rien avoir à faire avec lui. Fly Man leur hurle alors que s’il avait encore ses pouvoirs il leur ferait regretter leurs paroles. Mais après leur départ il s’en veut un peu d’être monté sur ses grands chevaux et se promet (à voix haute) de s’excuser auprès d’eux la prochaine fois qu’il les rencontrera.

Mais une voix s’élève dans la fête foraine, pourtant en apparence totalement déserte. Elle interrompt Fly Man et objecte qu’il n’y aura pas de prochaine fois. Le héros se retourne mais ne voit rien de spécial, si ce n’est un mannequin habillé comme un clown. Lequel mannequin ne tarde pas à s’animer. C’est Spider lui-même qui a utilisé ce déguisement pour s’approcher de Fly Man. Il pointe alors une arme vers le héros et celui-ci, sans ses pouvoirs, n’est pas en mesure de contre-attaquer. Spider s’exclame « Oui, tu vas mourir Fly Man ! Mais avant de te détruire avec des balles, je vais avoir le plaisir de te massacrer avec mes poings ! Dans ton état de faiblesse, ce sera facile ! ». Et effectivement pendant quelques cases Fly Man reçoit coup sur coup pendant que Spider ricane, lancé dans un monologue au sujet de la gloire qu’il va retirer de la mort du héros. Mais ce dernier se redresse. Soudainement il n’a plus du tout l’air faible. Et il explique alors qu’il jouait la comédie. Et Fly Man utilise alors un autre de ses pouvoirs, la capacité de tisser des fils d’acier (hm… on n’est pas très loin de la toile de Spider-Man) pour ligoter Spider. Le brigand s’interroge. Fly Man est encore en état de tisser ? Mais il avait perdu ses pouvoirs pour la journée pourtant ! Fly Man explique que ça faisait aussi partie de la comédie. Tout comme la dispute avec les autres héros qui, après un signal de Fly Man, ne tardent pas à revenir. Tout était faux. Les quatre justiciers avaient anticipé le traquenard de Spider. En fait, grâce à sa connexion avec le monde des insectes, Fly Man avait été prévenu par une vraie araignée, dès son arrivée sur les lieux, que le pantin habillé comme un clown était en fait Spider. Fly Man a ensuite déclenché la bagarre avec ses équipiers pour mieux pouvoir leur glisser son plan à l’oreille.

Mais même s’il s’est fait avoir, Spider reste un adversaire bien équipé. Ses gadgets lui permettent de se libérer du cocon de métal qu’a tissé Fly Man. Et une autre de ses inventions le rend invisible (ou bien le téléporte, ce n’est pas très clair). Cette fois Spider s’est échappé. Mais le Shield revient à la charge avec l’idée de départ : « Pourquoi est-ce que nous ne formerions pas le club des Mighty Crusaders ? ». Réservé, Fly Man lui dit qu’il faut y réfléchir jusqu’à ce qu’ils rencontrent à nouveau. On enchaîne avec une vue du public et des unes de journaux, tandis que « le monde entier se demande quelle sera la réponse ». Comprenant que l’officialisation de l’équipe est à l’ordre du jour, le Spider, revenu dans son QG, est pétri de honte. C’est lui qui a lancé l’idée d’une réunion des Crusaders (via le message dans le ciel). Mais il ne pensait pas qu’ils le feraient vraiment. Spider décide de demander à ses hommes de lui botter les fesses pour le punir (là encore c’est un témoignage du ton plus gamin des histoires d’Archie par rapport à Marvel ou DC). L’histoire se termine sur les quatre héros qui réfléchissent mais ne sont pas encore totalement certains de leur choix. Spider, planqué derrière eux, dans une poubelle, souffle alors au lecteur de voter « non » pour la formation de ce groupe. Ce qui est bien sûr une manière de dire qu’il faut voter pour, puisque le méchant Spider est contre….

La conclusion (et la révélation que la dispute entre héros était orchestrée) excuse dans une certaine mesure le ton assez peu subtile de Siegel au niveau du scénario et des dialogues. Mais qu’on ne s’y trompe pas. Cette scène de bagarre restera représentative de la manière de gérer les Mighty Crusaders à l’époque. Dès Fly Man #32 ils se rencontreraient à nouveau (cette fois en compagnie de Fly Girl qui deviendrait le cinquième membre du groupe) et se sauteraient à la gorge tout aussi facilement parce qu’ils sont incapables de s’entendre sur le nom de l’équipe. Fly Man veut conserver Mighty Crusaders mais Comet est contre et la dispute est en train d’enfler quand ils sont attaqués par un autre adversaire. A force de rechercher des motifs de dispute, le scénario donne à la longue un égo démesuré et vain aux personnages, sans vraiment construire une dynamique. On aurait pu imaginer, par exemple, qu’un triangle amoureux se forme entre Fly Man, Fly Girl et un autre membre de l’équipe (un peu à la manière du triangle Cyclope/Angel/Marvel Girl de l’époque). Mais il n’en est rien et les Crusaders se comporteront comme des héros hyper-susceptibles.

Dans Fly Man #33, on passerait encore un cap quand les Crusaders recruteront deux nouveaux membres, Hangman et le Wizard… qui les trahiraient avant la fin de l’épisode parce que finalement ils préfèrent la vie criminelle. On sent bien l’influence d’épisodes de Marvel, comme l’alliance entre Hulk et Sub-Mariner ou la première apparition de Wonder Man (quand il trahit les Vengeurs). Mais, chez Archie, les choses sont exécutées de telle sorte que les Crusaders passent pour des personnages qui n’ont pas le moindre sang froid. Au point qu’il est difficile de ne pas les trouver ridicules. D’autant que le scénario sera riche en deus ex machina totalement délirant. Par exemple à la fin de Fly-Man #32, les Crusaders sont coincés dans une base sur le point d’exploser. C’est le moment où le Shield (Bill Higgins) annonce : « J’ai une confession à vous faire : Je suis capable de me déplacer d’un endroit à un autre en faisant usage de téléportation ! Je peux tous nous tirer d’affaire mais si j’utilise la capacité maximale de ce pouvoir je ne serais plus jamais capable de me téléporter !« . C’est un peu comme ci Captain  America disait aux Vengeurs « à propos, je ne vous en ai jamais parlé mais je peux me téléporter. Par contre attention ca ne marchera qu’un fois et je ne vous expliquerais jamais d’où m’est venu ce pouvoir inexpliqué…« . Pas vraiment le haut du panier en matière de crédibilité interne…

Après ces trois épisodes « constitutifs » de l’équipe dans la série Fly Man, les Mighty Crusaders auraient droit à leur propre titre dès novembre 1965. Mais l’ensemble de la manœuvre n’aurait pas le résultat escompté. La série Mighty Crusaders ne durerait que sept numéros (une véritable claque pour l’époque). La revue et le groupe seraient vite envoyés dans les limbes par Archie Comics préférant se retirer des super-héros pour se concentrer sur les aventures d’Archie (le héros, pas l’éditeur), beaucoup plus rentable (en 1966 la série Archie s’écoulait à presque 500.000 exemplaires, contre seulement 340155 pour Spider-Man).

Si les Mighty Crusaders furent un échec, l’exemple d’une tentative où la formule l’emportait sur la créativité, il n’en demeure pas moins que l’équipe laissa plus de traces qu’on pourrait le croire. D’abord, depuis, Archie a pratiquement ramené les Crusaders au moins une fois par décennie (à l’exception des 70’s) pour des tentatives de relance. La dernière en cours, les New Crusaders, voit les enfants de ces héros s’entraîner sous la supervision de Joe Higgins (le Shield originel). Mais l’héritage des Crusaders allait se répandre aussi ailleurs. Marvel allait prendre soin de qualifier ses Vengeurs de « Mighty Avengers ». Puis en 1968 Henry Pym allait changer de nom de code et d’équipement. Renonçant à ses pouvoirs de croissances qui faisaient de lui Giant-Man/Goliath, Pym allait adopter l’identité nouvelle de Yellowjacket, un personnage commandant à un ensemble d’insectes plus large (y compris les abeilles) et donc les épaulettes rappellent sérieusement les ailes de Fly Man. Dans les années 70, les Crusaders allaient être le nom de deux groupes utilisés dans un crossover clandestin entre Marvel et DC. Dans les aventures des Invaders de Marvel, les héros de la série affrontèrent des Crusaders qui étaient en fait une parodie des Freedom Fighters de DC). Et dans les pages des Freedom Fighters de DC, les personnages luttèrent contre des Crusaders qui étaient un pastiche des Invaders de Marvel.

Le dérivé le plus important des Mighty Crusaders reste cependant un scénario jamais finalisé d’Alan Moore, qui est ni plus ni moins que l’idée initiale de Watchmen. Moore avait en effet d’abord pensé son projet avec les personnages de MLJ/Archie en tête (avant de l’adapter aux anciens héros de Charlton). Le meurtre initial qui lance la série depuis être celui du Shield (Bill Higgins, le Shield qui cofonde les Mighty Crusaders) dont on devait trouver le cadavre en train de flotter dans un port. Dans la version finale de Watchmen il reste d’ailleurs une trace de l’influence des personnages d’Archie. Si l’ensemble de Watchmen repose sur deux générations de héros (celle du Golden Age représentée par les Minutemen et l’ère contemporaine avec les Watchmen), l’histoire de Moore et de Gibbons fait état d’une équipe intermédiaire, les Crimebusters, supposée avoir existé dans le milieu des années soixante et s’être séparée presque aussitôt, en 1966 (date de la fin de parution des Mighty Crusaders). Moore et Gibbons montrent alors un héros ringard, Captain Metropolis, qui tente d’organiser les Crimebusters mais sans succès, mais sans succès, une dispute avec le Comedian désintégrant pratiquement d’office tout espoir de collaborer. Captain Metropolis est visiblement basé pour une bonne partie sur le 3ème Shield (Bill Higgins). Quand aux Minutemen, un des membres les plus emblématiques est Hooded Justice, qui intègre divers éléments du Hangman et de Black Hood.

L’existence (jamais finalisée) de ce proto-Watchmen démontre bien à quel point l’idée de base des Mighty Crusaders n’était pas si ridicule. Il y avait de la place chez Archie pour un groupe du même type que les Avengers, qui aurait pu ensuite avoir son propre destin. Hélas, la direction éditoriale bêtifiante de Goldwater et le scénario dépassé de Siegel auront eut raison de l’entreprise. Le paradoxe final étant que cette brève renaissance des héros Archie est restée dans les mémoires comme une copie unilatérale des personnages Marvel. Alors qu’à l’évidence, comme nous l’avons vu, les personnages d’Archie sont à la base de plusieurs concepts qui ont fait Marvel. Sans le Shield ou Fly Man, Marvel aurait-il pu inventer Captain America, Yellowjacket et the Wasp ? Sans doute que non. Mais en définitive l’Histoire est écrite par les vainqueurs. Et, de ce fait, les Mighty Crusaders restent donc dans l’ombre des Avengers…

[Xavier Fournier]