Marvel’s Inhumans S01E08

Marvel’s Inhumans S01E08

12 novembre 2017 Non Par Xavier Fournier

Les Inhumans se concluaient vendredi soir à la TV américaine. Black Bolt, Médusa et leurs autres cousins ont donc résisté aux plans de Maximus mais aussi payé un certain prix pour sauver leur peuple. Dans les coulisses producteurs et auteurs distillent quelques vagues pistes pour « l’après », encore qu’on puisse se demander quel « après », à ce stade.

L’affrontement final ?

Black Bolt et toute la famille royale sont de retour sur la Lune mais à défaut de réellement pouvoir leur résister l’usurpateur Maximus a mis en place un véritable chantage. S’il est renversé, le boucler qui protège la cité d’Attilan s’effondrera. A partir de là, ce ne sont guère « courses-poursuites » dans les couloirs de la cité, les partisans de Black Bolt et ceux de Maximus ayant quand même un certain talent pour se chercher tout en s’évitant. Ce dernier épisode de la saison est l’occasion de valoriser un peu Triton, absent de la plupart des épisodes, en insistant sur son côté « combattant hors pair ». Ce qui fait que d’un côté on a parfois l’impression que le groupe écope deux Karnaks et que surtout on se demande comment le guerrier Triton s’est contenté de se faire tirer comme un lapin dans le premier épisode. A part si quelques humains avec des armes à feu sont plus puissants que des gardes royaux d’Attilan. Et c’est bien l’impression qui demeure, qui s’étend au reste des éléments. La plupart des « méchants inhumains » sont HS ou réduits aux rangs de garde avec des armes. Les 3/4 de la famille royale ne font pas usage de pouvoirs spectaculaires (va pour Médusa, elle aussi « hors service » mais la puissance d’une Crystal est clairement sous-exploitée). Lockjaw est efficace et fidèle. Mais il reste comme un îlot au milieu de représentations qui ne font pas le job. Sans parler des seconds rôles montrés avec des têtes difformes ou des pattes de crabe dont on se demande, au final « mais lui c’était quoi son pouvoir ? ». En fait la production semble avoir balancé tout le budget « bad inhumans » dans les poursuivants envoyés sur Terre mais ne plus en avoir pour la phase finale. Et on reste à se demander ce que le public non familier des comics a pu comprendre de certains personnages (franchement les deux muettes en blanc dans la salle de l’ordinateur, est-ce que l’on n’aurait pas pu s’en passer ?)

Marvel's Inhumans S01E08

Grand refuge ?

Marvel’s Inhumans a commencé en montrant les principaux héros bourrés d’illogismes et de décisions contradictoires. Allez, disons que sur les premiers épisodes les ressortissants d’Attilan étaient « cons comme la Lune » et que cela ne tenait pas entièrement à leur lieu d’origine. Sur cette dernière phase de la série, on évite de gros moments gênants pour les créations de Jack Kirby et de Stan Lee. Pas de passage où Médusa tente de retirer de l’argent, par exemple (encore qu’un cousin récemment ressuscité et désormais présenté comme l’idiot du village mais le scénario tente de l’explique). C’est l’histoire elle-même qui continue de prendre la tangente. Par exemple l’autre refuge que se trouve les Inhumains est à peine mentionné. On passe d’un « je vais en parler au patron » à un plan filmé montrant des lumières. Mais aucune « mesure » de l’endroit et jusqu’au bout la réalisation semble minimiser le peuple Inhumain. C’est à dire que tout au plus on voit une cinquantaine de figurants réunis par Crystal. Et on se doute bien que la production ne va pas louer les services d’une légion de comédiens. Mais enfin il existe maintenant des logiciels qui génèrent des foules (les hordes de zombies aperçues dans Walking Dead ou dans Game Of Thrones), quelque chose qui puisse permettre que, lorsque la famille royale s’adresse à son peuple, il y ait un contre-champ qui donne l’impression qu’il y ait du monde. Jusqu’au bout, jusqu’au dernier plan, l’envergure de la série est bridée par le manque d’ambition de la production. Plutôt qu’esquisser ou véritablement gérer allusions et non-dit, elle botte en touche et cache les choses sous le tapis. Le premier aperçu lointain de la prison, à la fin de la saison 2 de Walking Dead, oui, c’est de la mise-en-place. Là, au contraire, ça donne vraiment l’impression de « écoutez, on ne sait absolument pas ce que c’est que ce truc, alors on ne va pas pour l’expliquer ». Et cela cadre avec la manière avec laquelle, sur la fin de la première saison d’Iron Fist, Scott Buck s’est contenté d’évoquer K’un L’un avec un vague portail rocheux et puis après… ben on sait pas (encore que dans Iron Fist l’absence de K’un L’un est gérée comme un mystère alors qu’ici on se contente de ne rien dire).

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A la poursuite du sens ?

Avec un démarrage laborieux (et c’est un mot poli pour le dire), on ne s’attendait pas véritablement à un redressement miraculeux en l’espace de huit épisodes. A la décharge des producteurs, auteurs et réalisateurs, il arrive que certaines séries TV démarrent de façon maussade et trouvent un rythme en l’espace d’une saison de 22 épisodes, ce qui ici ne risquait pas d’être le cas, la saga dans sa globalité étant jugée sur une poignée d’épisodes qui génèrent, en alternance, incrédulité et embarras. Et les questions de budget pour mettre à l’image TOUS les pouvoirs des Inhumains ne sont même pas une excuse. Par exemple, qu’est-ce que cela aurait couté de plus de donner à Maximus son « pouvoir » dans les comics, c’est à dire son génie scientifique ? Sauf qu’ici il n’est pas foutu de maîtriser le bouclier d’Attilan. Qu’est-ce que cela aurait couté de plus de révéler que, comme dans la BD, c’est un télépathe « latent » rendu fou par ses pouvoirs ? Et vlan vous balanciez ça vers la fin, vous révéliez que Maximus avait manipulé son monde, qu’il était lui-même responsable des illogismes apparents du peuple Inhumain et vous rendiez un peu de sens au récit. L’histoire elle a bien quelques bases solides, frôlées vers le 5ème/6ème épisode, quand Medusa se rend compte que Louise n’est pas dangereuse et que Crystal découvre que l’on peut faire des bisous à un humain. Si depuis le début on nous avait expliqué que ce ne sont pas seulement les pouvoirs des Inhumains qui font peur aux humains mais que l’inverse est vrai, que les Inhumains sont tellement convaincus que « les humains c’est le mal » que c’est ce qui pousse à les réduire en esclavage, on aurait là aussi un élément qui fait sens. La série serait alors la lente découverte par les Inhumains de leurs propres préjugés. Et c’est ce qui est tenté, d’ailleurs, sauf que comme Gorgon et Karnak n’ont pas le même discours, copinent avec des humains directement sans la moindre réserve et que Black Bolt lui aussi n’a pas l’air de fuir l’humain, toute cette trame tombe à l’eau.

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Et plus si affinités ?

Jusqu’au bout, les Inhumans restent quelque chose de froid. On ne sympathise pas avec la plupart des personnages et on peine à trembler de ce qui pourrait leur arriver. Marvel Television est aussi passé à côté du sujet car, en dehors du codétenu de Black Bolt et de la fille que Triton voulait sauver, le sujet des Inhumains « terriens » est totalement évacué. Au point que le professeur (personnage également peu géré et peu cohérent) semblant convaincu que sa seule manière d’accéder à de l’ADN Inhumain c’était de mettre la main sur les « gens de la Lune », un peu au mépris de ce qui a été vu et raconté dans Marvel’s Agents of S.H.I.E.L.D. D’autre part une guest-apparition de personnages déjà rencontrés dans l’autre série n’aurait pas été un mal. Comme poire pour la soif et promesse d’un lendemain, les Inhumains s’achèvent en faisant allusion à un autre ennemi que l’Humanité et dont on peut comprendre qu’il s’agît sans doute des Kree (avec hiéroglyphes aliens incandescents pour marquer le coup). On peut douter qu’il y aura une seconde saison des Inhumans (encore que tout est possible dans ce bas monde). Mais avec un peu de chance, l’intrigue sera reprise par les Agents of S.H.I.E.L.D. dans la saison à venir. Car même si Coulson et ses ouailles ne sont pas une panacée, cela reste quelques étages au-dessus de ce qui, avec ce huitième épisode, termine la plus mauvaise série Marvel de l’ère moderne.

[Xavier Fournier]