French Collection #105

7 juin 2011 Non Par Comic Box

[FRENCH] Vous qui êtes fan des histoires de Mickey à travers les siècles, série bien française (scénarisée par Pierre Fallot puis Jean-Michel Le Corfec et dessinée par Louis Santel puis Pierre Nicolas) publiée dans le Journal de Mickey à partir de 1952 soyez les bienvenus dans cette chronique.

Car cette semaine nous allons nous aussi explorer les âges mais grâce à Loïs Lane et non Mickey. En effet à partir de Superman’s Girl Friend, Lois Lane #19 (août 1960), les scénaristes chargés de la destinée de l’éternelle amoureuse de Superman vont lui faire explorer les siècles.

Cette « série » d’aventures est le plus souvent inconnue des commentateurs de comic. Comme nous l’avons vu dans French Collection #101, les épisodes de Superman’s Girl Friend, Lois Lane seront centrer sur des thèmes « classiques » (suspicion que Clark Kent soit aussi Superman, tentative d’épouser Superman) mais aussi sur de nouveaux axes scénaristiques comme l’obtention de superpouvoirs divers et variés, les « Elseworld » (histoires imaginaires) et la jalousie vis-à-vis d’autres femmes dont notamment Lana Lang.

Tous ces éléments se retrouvent dans la série d’épisode que j’intitule « Loïs Lane à travers les siècles » en hommage à Mickey. Dans la série publiée dans Le Journal de Mickey, Mickey boit par erreur la potion du Professeur Durandus et voyage ensuite à travers les époques. Il rencontre des personnages historiques ou de fiction et partage des aventures avec eux. A chaque fin d’épisode, un coup sur la tête le projette dans une autre époque. Que tout ceci soit imaginaire ou non n’a pas grande importance dans le monde des funny animals des comics de Walt Disney.

Dans les épisodes de Loïs Lane relatifs à cette thématique la téméraire journaliste ne saura quasiment jamais vraiment si elle a rêvé ou si les événements sont réels. Quasiment car dans l’épisode Loïs Lane, Slave Girl! paru dans Superman’s Girl Friend, Lois Lane #33 la jeune journaliste voyage réellement dans le passé. Appelée à comparaître dans un procès, les accusés glissent dans son sac une bombe temporelle qui la projette dans le passé. Mais ce qui est sur c’est que chacun des épisodes comportent de très nombreux points communs que nous allons évoquer.

Premièrement, tous les voyages de Loïs Lane se produisent par accident et chacun peut donc passer pour un rêve ou un délire. Soit qu’elle respire des fleurs au parfum entêtant, soit qu’elle se blesse avec une flèches ayant soit disant appartenu à Robin Hood (argument scénaristique qui est très proche de celui qui donne naissance à Queen Arrow [cf. French Collection #85]) ou qu’elle soit exposée aux rayons d’une météorite.

A chaque fois, Loïs se réveille dans le passé en comprenant et parlant la langue de l’époque (totalement étrangère ou un anglo-saxon archaïque) et le plus souvent dans une situation assez inconfortable. Soit du fait de son décalage évident dans l’époque (elle n’a pas de famille et de moyens de subsistance) soit parce qu’elle est prise pour quelqu’un d’autre (comme une esclave en fuite). A chaque fois, un ou plusieurs des protagonistes de son rêve / aventure sont des sosies des supporting characters des séries Superman. Superman en Leonardo da Vinci et très souvent Lana Lang comme adversaire ou « concurrente ».

Car à chaque voyage, Loïs fait la rencontre d’un personnage hors du commun qui est par certains aspects comparables à Superman. Cela permet de renouveler un peu le scénario classique de Loïs jalouse d’une autre femme. En effet, le scénario inverse est impossible dans les temps présents car de qui Superman pourrait-il être jaloux (quoique dans un Elseworld, Loïs épousera Batman). Tandis que dans le passé en l’absence de Superman, des personnages comme Samson, Petronius (gladiateur romain en fuite beau comme Apollon et fort comme Hercule), Robin Hood et Leonardo da Vinci peuvent le supplanter dans le cœur de Loïs.

Car très souvent persuadé d’être perdu à jamais dans le passé, Loïs envisage de refaire sa vie avec le personnage titre de l’histoire. Et souvent, la femme qui possède le physique de Lana Lang se mettra en travers de sa route (elle est par exemple Marianne, la fiancée de Robin Hood). Les personnages historique / légendaire décrit dans chaque épisode possèdent même parfois l’équivalent de superpouvoirs. C’est notamment le cas de Samson et de Petronius qui possède une super-force. Tous possèdent également une identité secrète leur permettant de faire le bien de manière désintéressé de manière à créer une forte assimilation au personnage de Superman. En effet, cela permet de justifier que Loïs envisage de vivre avec eux. Il serait en effet inenvisageable qu’après avoir obtenu l’affection de Superman elle puisse vivre avec un homme « normal ».

Quasiment tous possèdent également un repaire secret, une sorte de Fortress of Solitude. Et tous trouvent Loïs extrêmement « moderne » et volontaire et veulent partager leur vie avec elle.
Les épisodes permettent donc de traiter un thème impossible dans les séries classiques de Superman : la demande en mariage. Mais, bien entendu à ce moment, Loïs disparaît et se retrouve dans son présent avec un ou plusieurs de ses amis avec elle qui lui explique qu’il ne s’agissait que d’un rêve ou d’un délire. Ces épisodes sont très agréables à lire, dessinés par le grand Kurt Schaffenberger, et permettent si l’on adhère à la thèse d’un réel voyage dans le temps (là où il reste un doute à la fin de l’épisode) d’intégrer des personnages historique / légendaire dans la continuité super-héroïque de DC Comics.

Enfin, comme je l’indiquais ces épisodes sont assez méconnus aux Etats-Unis et méritaient bien une chronique. D’autant plus que quelques épisodes (dont le « premier » de la série avec Samson) ont été publiés en France dans les Petits Formats de l’éditeur Artima / Arédit et notamment Flash 1ère série.

[Jean-Michel Ferragatti]