Avant-Première Comics VO: Review DCeased #1

Avant-Première Comics VO: Review DCeased #1

1 mai 2019 Non Par Xavier Fournier

La Justice League a enfin battu Darkseid une bonne fois pour toutes. Au point de lui faire promettre de ne plus jamais revenir sur Terre. Mais le seigneur du côté obscur s’en moque. Il a désormais l’arme ultime à sa disposition et les moyens de propager l’équation de l’Anti-Vie à travers l’univers. DC Comics tient son équivalent « maison » des Marvel Zombies. Mais l’éditeur peut-il se permettre d’aller aussi loin que la série que Robert Kirkman avait écrit, en d’autres temps, pour la concurrence ?

DCeased #1DCeased #1 [DC Comics]
Scénario de Tom Taylor
Dessin de Trevor Hairsine & James Harren
Parution aux USA le mercredi 1er mai 2019

Jack Kirby a pensé Apokolips, Darkseid et sa recherche de l’équation de l’Anti-Vie comme une parabole critique du totalitarisme. Ce que veut Darkseid, c’est la fin de toute pensée individuelle dans l’univers, remplacée par une adoration sans borne centrée sur sa seule personne. Dans DCeased, l’équation est utilisée d’une manière très différente et l’on peut mettre au crédit du scénariste Tom Taylor de prendre le soin d’expliquer comme l’Anti-Vie peut muter en quelque chose de totalement différent. Mais on regrettera cependant qu’on n’en soit pas resté à l’équation première, tant la contamination de la pensée individuelle pourrait déboucher sur une situation plus originale. Au lieu de cela, on a les dieux d’Apokolips qui jouent avec des forces qu’ils ne comprennent pas et qui, par accident, accouchent d’un virus zombie traditionnel pour ne pas dire déjà archi-vu et revu. DCeased repose en effet sur une viralité propagée par les médias, les téléphones, les écrans. Ce n’est ni plus ni moins que le préambule des films The Signal (2008) et Cell Phone (2016). A partir de là Taylor peut dérouler le discours apocalyptique propre à DC Comics ces dernières années, voisin de tous ces projets où les super-héros de l’éditeur finissaient, par exemple, en drones mécaniques aux ordres de Brother Eye. Cette fois, tous les super-héros « connectés » cèdent immédiatement au virus et ne reste que ceux (y compris, ô surprise, un certain Batman) qui ont pu éteindre l’écran ou le téléphone avant qu’il soit trop tard.

« This is time for god to die. »

Niveau dessins, ce premier épisode est mis en images par deux artistes au style fort différent, Trevor Hairsine & James Harren. Là où Hairsine se veut pseudo-réaliste, Harren a un style beaucoup plus expressif, énergique. Cette différence dans les ambiances fait qu’on sort un peu de l’histoire avant d’y rentrer à nouveau. Globalement, DCeased ne joue pas la carte de l’originalité. Et on comprend relativement pourquoi : les super-héros (ou tout au moins une partie d’entre eux) transformés en zombies, c’est le genre de projet qui est taillé sur mesure pour attirer les fans de gore et de récit survivaliste. A ce stade, il y a cependant un problème. Il y a des années, Marvel Zombies est devenu un phénomène parce que les Avengers et autres super-héros infectés se laissaient aller aux actes les plus ignobles. Spider-Man s’en voulait ensuite d’avoir dévoré sa chère Tante May et même Mary-Jane. Kirkman avait utilisé l’idée de base pour en faire quelque chose de transgressif. Cette fois, la transgression est la grande question. A part une scène finale où un infecté blesse une de ses victimes, le récit est finalement très « sage ». On a des mangeurs de chair qui ont la gentillesse de manger hors-champs. On peut se demander si l’éditeur qui s’est pris un énorme retour de manivelle quelques mois en arrière pour avoir osé montrer (au sein de la gamme Black Label) le « bat-zizi » va vraiment pouvoir montrer quelque chose de dérangeant. Certes il y a déjà quelques héros contaminés mais, à ce stade, c’est comme lire Marvel Zombies SANS les scènes plus furieuses. C’est peut-être seulement un épisode de mise-en-place. Mais auquel cas les auteurs devront clairement afficher la couleur dès le numéro suivant et nous raconter quelque chose qui a plus de personnalité. DC est assuré de la rentabilité et du succès sur ce genre de choses. Mais manque encore une réelle plus-value, une forme de surprise, qui fasse que la lecture soit mémorable et pas simplement un exercice dont on connait déjà les tenants et aboutissants.

[Xavier Fournier]