Avant-Première VO : Review Gavelston #1

9 novembre 2008 Non Par Comic Box

[FRENCH] Gavelston prend pour point de départ une anecdote historique : le pirate français Jean Lafitte se retira à une certaine période de sa vie à Gavelston (Texas) où il avait pour ami un certain Jim Bowie, par la suite devenu une véritable légende de l’Ouest (Bowie faisant partie des héros américains qui luttèrent à Fort Alamo). Les gens de Boom! se sont intéressés à ce que pouvait donner, réunis, ces deux hommes si hauts en couleurs. Une aventure historique sur le ton de la comédie.

Gavelston #1 [Boom!] Scénario de Johanna Stokes, Ross Richie, Tom Peyer, Mark Rahner
Dessins de Greg Scott, Todd Herman
Sortie américaine : Mercredi 12 novembre 2008

Boom! semble avoir découvert la base de la série le jour où ses scénaristes sont tombés sur ce qu’on pourrait appeler une note de bas de page de l’Histoire : l’un des plus fameux pirates (ou flibustier, tout dépend si vous voulez flatter la mémoire de Lafitte) vécut au Texas et y fut l’ami d’un bagarreur de légende.  Mais si vous craignez les exposés historiques et leur tendance monomaniaque à raconter la seule réalité, vous pouvez respirer. Jean Lafitte et Jim Bowie se sont connus, c’est vrai… Mais dans quelle mesure ? A partir de là l’imagination des auteurs a repris ses droits. Il faut dire que rien que le « pitch » (des pirates en plein Texas) a quelque chose d’intéressant. Du coup Lafitte et Bowie ne sont pas que de simples connaissances partageant quelques tournées dans un salon, non, la nouvelle série de Boom! en fait un véritable tandem.

Il faut dire que si la base de départ est le réel, on est vite dans un contexte de fantaisie. D’abord Le Jean Lafitte de ce comic-book est représenté tel un frère jumeau du Capitaine Jack Sparrow. A part une ou deux cicatrices pour le distinguer, il est difficile d’imaginer quelqu’un d’autre que Johnny Deep quand on regarde le personnage (ce qui est étonnant parce que le vrai Jean Lafitte n’avait pas du tout cette allure). D’ailleurs ce n’est pas qu’une ressemblance de surface. Jean Laffite est écrit comme Sparrow, il a le même côté baratineur et la même faculté à mettre en rogne des équipages entiers. L’influence des films Pirates des Caraïbes est manifeste. Jim Bowie est plus minimaliste dans le sens où le personnage n’évoque pas forcément un acteur ou un film quand on le prend individuellement. En tandem avec Lafitte, par contre, le mécanisme qui s’instaure me fait penser un peu à ce qu’on peut voir dans Shangaï Kid. Bowie est l’aventurier « sérieux » de la paire, celui qui sais se battre et est obligé de gérer l’exubérance de son nouvel ami. Ce n’est pas pour autant aussi bourré de gags et de pirouettes grand public que Shangaï Kid ou Pirates des Caraïbes mais ca y fait en tout cas penser.

On oublie donc assez vite la promesse d’une réalité historique pour passer à quelque chose de plus « enlevé » mais en un sens, pourquoi pas ? L’idée n’est sans doute pas que les choses se soient passées comme ça mais qu’elles aient été *possibles*, dans le domaine du plausible. Et tant pis si le vrai Lafitte ne portait pas tout à fait le même costume. Les auteurs semblent plus intéressés par le contraste Pirates/Texas (à peine ébauché dans ce numéro, où on voit peu la ville de Gavelston pour l’instant, mais ca va venir). Je suis plus circonspect sur le fait d’avoir changé de dessinateur au bout de quelques pages. Greg Scott et Todd Herman n’ont pas tout à fait le même style (même si la colorisation tente de nous convaincre du contraire) et pour un premier numéro, où les choses sont supposées s’instaurer, c’est gênant. En fait le seul point commun qu’ils ont c’est que tous les deux peinent à maîtriser le visage de Bowie, qui n’est pas cohérent d’une page à l’autre (peut-être pour le coup auraient-ils du se trouver un acteur-modèle).

L’idée est intéressante mais on ne prendra la vraie mesure de la série que le mois prochain, quand le Texas prendra plus de place dans l’intrigue. Espérons cependant que l’éditeur saura choisir un seul dessinateur pour la série et s’y tiendra… Ce serait un plus indéniable.

[Xavier Fournier]