Avant-Première VF: Lloyd Llewellyn

11 avril 2010 Non Par Comic Box

[FRENCH] Ses Eightball ou Ghostworld sont devenues des références. Mais c’est aussi par l’hallucinant (mais finalement méconnu) Lloyd Llewellyn que Daniel Clowes a commencé son parcours dans la BD américaine des années 80. Les éditions Le 9ème Monde sortent ces temps-ci une intégrale bienvenue qui permet de voir l’évolution de l’auteur.

Lloyd Llewellyn, Intégrale des Histoires Hallucinantes et Extraordinaires de Lloyd Llewellyn [Le 9ème Monde] Scénario et dessins de Daniel Clowes
Parution en France le 17 avril 2010

C’était en 1986. A l’époque dans la plupart des comic shops vous aviez les titres Marvel d’un côté et les DC de l’autre. Et puis dans un coin se trouvait un ou deux cartons marqués « indés », qui regroupaient essentiellement le reste et qui semblait bien souvent promis à accrocher la poussière.  Et pourtant il y avait du Miracleman, du Airboy et d’autres petits trésors du même genre bien souvent éclipsés par le mega-event mutant du moment. Un jour de 1986 donc, je découvre Lloyd Llewellyn en back-up d’un Doomsday Squad de Fantagraphics et je fais connaissance du même coup avec le style de Dan Clowes. Bien vite il y aura Eightball, Ghost World, David Boring et d’autres choses du genre mais Lloyd Llewellyn garde pour moi une certaine spécificité dans la trajectoire de l’auteur : celle d’un matériau brut. Lloyd Llewellyn est un enquêteur tombant systématiquement dans des contextes aussi hallucinés qu’hallucinant, avec un zest d’écriture automatique et une science certaine du clin d’oeil et du pastiche (comme « Sous le grand chapiteau », qui mouline aussi bien Krypto que Superman).

Ce qu’il y a de fascinant dans Lloyd Llewellyn c’est que de segment en segment on voit Clowes prendre ses marques, expérimenter, grandir… là où ses productions ultérieures sont sans doute plus « gérées ». On voit le Clowes débutant devenir petit à petit l’auteur qu’on connaîtra par la suite et cette intégrale contient une bonne partie des racines de son génie et de son humour. L’album est par ailleurs à conseiller à ceux qui appréciaient le Métal Hurlant des années 80. Le 9ème Monde a eu la bonne idée de faire préfacer l’ouvrage par Serge Clerc et il faut bien dire que scénaristiquement il y a des rapprochements à faire. Llewellyn aurait pu paraître dans le Métal des 80’s au côté des pages de Serge Clerc ou de Yves Chaland sans faire tâche. Lloyd Llewellyn n’avait qu’un défaut ces dernières années : la difficulté à se procurer l’intégralité de la trentaine d’histoires produites par Clowes, publiées à l’origine dans des revues séparées. Et ne parlons pas de l’impossibilité de lire cette globalité en VF… Pour tout dire je commençais même à me demander si un de ces quatre Lloyd Llewellyn n’allait pas faire l’objet d’un « héros oublié » dans un Comic Box à venir. Mais non. Plus la peine. Réglée, la lacune. Oublié, l’oubli. Le 9ème Monde publie donc le 17 avril cette intégrale de Llewellyn, procurant au lecteur francophone cette étape initiale du travail de Clowes. Certes le recueil vaut 39,95 euros (pour 272 pages en N&B) mais pour qui aime Daniel Clowes voici une dépense qui ne parait pas injustifiée, loin s’en faut…

[Xavier Fournier]