Avant-Première Comics VO: Review Justice League #14

Avant-Première Comics VO: Review Justice League #14

19 décembre 2018 Non Par Xavier Fournier

Tandis que la Terre se remet de la disparition supposée d’Aquaman et de la fin de Drowned Earth, la partie la plus cosmique de la Justice League recherche des informations à l’autre bout de l’univers. Hawkgirl, Green Lantern et Martian Manhunter se retrouvent sur Thanagar Prime. Mais, selon l’expression consacrée, sur Thanagar, alias Hawkworld, « on n’aime pas les étrangers qui posent des questions ». Et la situation dégénère vite.

Justice League #14Justice League #14 [DC Comics]
Scénario de Scott Snyder & James Tynion UV
Dessins de Jim Cheung & Stephen Segovia
Parution aux USA le mercredi 19 décembre 2018

Même si l’introduction et la conclusion, quelques pages dessinées par Jim Cheung, sont l’occasion de voit Batman, Superman et Wonder Woman qui continuent de s’interroger sur le « mystère Starman », l’essentiel de l’épisode est consacré au trio Hawkgirl, John Stewart et Martian Manhunter. Et c’est une décision bienvenue puisque d’une part on respire avec ce casting « recentré » et que de l’autre il s’agit sans doute de trois personnages qui symbolisent la nouvelle donne à l’intérieur de la Justice League et qui sont plus malléables que la « Trinité » classique (Bruce+Clark+Diana). Disons que pour le coup les trois vedettes du numéro forment une « trinité alternative ». On retombe assez vite sur les poncifs de Snyder et Tynion. Leur Batman, loin d’être le « Uber-Batman » qu’écrivait Morrison ou quelques autres scénaristes, prend donc une décision franchement stupide, qui met en danger la vie de quelqu’un d’autre. Alors que sur une série qui repose autant sur le « culte du secret » il serait intéressant d’exploiter le côté détective de Bruce à un niveau cosmique. Heureusement, donc, Batman n’est pas le point d’ancrage du numéro et, du côté d’Hawkworld, on retrouve assez vite l’autre pilier du discours snyderien : il y a des secrets dans les secrets, eux-mêmes cachés dans d’autres secrets. L’avantage, cette fois, c’est d’assumer un peu mieux, à voix haute, la chose et de faire de Thanagar une culture basée là-dessus. Hawkword est aux secrets de l’univers ce que la Suisse est au système bancaire mondial. Reste alors à savoir si la Thanagar visitée par la Justice League est cohérente avec celle explorée dans la série Hawkman ces derniers mois. Et de ce côté-là, l’équipe créative nous réserve quelques surprises.

« I welcome you to the secret core of the universe with a solemn heart. »

En clair, les deux versions de Thanagar aperçues dans Justice League et dans la série solo d’Hawkman n’en forment qu’une (enfin presque, puisqu’au bout de quelques pages il y a un twist, géré). Si les statues géantes représentées ici par Steven Segovia étaient dessinées par Bryan Hitch, comme dans l’autre titre, tout serait parfaitement raccord. Seuls les deux styles (et c’est bien normal) séparent les représentations. Là où les choses sont différentes, c’est bien dans la polarité des scénarios, comme deux moteurs qui tireraient dans des sens différents. Là où Venditti s’efforce de mettre en ordre, de construire, on en reste ici aux poupées russes systématiques de Snyder et Tynion qui cherchent, elles, à fracturer la réalité. Il y a, encore et toujours, des secrets dans les secrets. D’un côté on pourrait se dire, positif, que c’est une manière de continuer d’étendre l’univers DC ou d’y réintroduire des personnages disparus. De l’autre, c’est un peu comme un tour de montagnes russes dont on aurait saisi le rythme. C’est à dire, par exemple, que lorsqu’on nous annonce la mort d’un personnage très secondaire, on comprend presque immédiatement qu’il y a un « loup », alors que les trois héros principaux, eux, mettent des pages à le comprendre. Un peu à l’image du Batman « amateur » aperçu au début, on se dit que les membres de la Justice League n’ont guère l’instinct limier. Surtout, Snyder et Tynion vont bientôt devoir se dépêcher de livrer quelques réponses (comme sur Starman et le héros aperçu à la fin de ce numéro, qui devient une sorte de version concurrente d’un personnage établi récemment). Parce qu’à force de vouloir charger la barque en termes de secrets et de mystères, non seulement cela devient prévisible mais en plus on ne va bientôt plus savoir par quel bout prendre l’intrigue. Malgré ces réserves chroniques pour cette série, il n’en reste pas moins que le coup de spotlight sur ces trois héros est bienvenu et oxygène les choses. C’est par ce type de personnages moins vus ces dernières années que passe sans doute le vrai élargissement de l’univers…

[Xavier Fournier]