Avant-Goût VO : Deepak Chopra’s Beyond #1

24 mai 2008 Non Par Comic Box

[FRENCH] Virgin Comics est dans une phase où l’éditeur tente de démontrer à son lectorat américain potentiel qu’il est capable de cuisiner autrement ses revues qu’avec du riz au curry. Comprenez par là que s’il ne renonce pas à ses racines hindoues, il s’emploit à ce que son accent ne soit plus une gêne pour le public occidental. Après Kalki la semaine dernière, Beyond, écrit par Ron Marz, va totalement dans ce sens, privilégiant la piste du thriller mystique. Un comic plein de suspens…

 

Deepak Chopra’s Beyond #1 [Virgin] Scénario : Ron Marz
Dessins : Edison George
Sortie aux USA le 28 mai 2008

« Les frontières ne sont plus ce qu’elles étaient » semble dire la horde de téléphones portables qui apparait dans les premières cases de ce numéro. Pendant un instant on n’a aucune idée de l’endroit où les choses se passent. C’est un peu comme si le temps avait suspendu son passage. Et puis très vite ce bas monde reprend ses droits. Tous ces téléphones voulaient immortaliser une explosion (due, on imagine, à un attentat). Mais Michael n’en a que faire. Il remonte à contre-sens la marée humaine. Michael, c’est le héros de l’histoire: Un père de famille de passage en Inde avec sa famille. On comprendra tout juste, avant un flashback, qu’il a un problème lié à une porte…

Et puis le retour en arrière nous en apprend plus. Michael est un peu de rabas-joie de sa famille. Là où sa femme et son fils semblaient très bien se faire à ce voyage, lui leur a un peu gâché la journée, en mode « homme pressé », seulement intéressé par les affaires. En plus, il est visiblement un peu bigot/xénophobe et ne manque pas de voir dans le moindre passant un voleur potentiel du sac de sa femme. On n’entre dans le vif du sujet que lorsque l’épouse et le fils s’éloignent pour faire des courses. La femme de Michael disparait dans des circonstances mystérieuses. Michael et Ty, son fils, doivent donc se lancer dans une quête qui, au demeurant, évoquerait un peu des films comme « Frantic »…

Sauf qu’un autre élément ne va pas tarder à se faire sentir. Michael n’a pas l’habitude d’écouter les autres aussi au début ne fait-il pas attention aux avertissements de Ty… Ce dernier s’est en effet aperçu que ce qui leur arrive est raconté dans… le comic book qu’il a sur lui! Là, s’il fallait faire un rapprochement, ce serait avec le feuilleton Heroes (dans la saison 1, le personnage de Hiro se laissait guider par un comic prophétique d’Isaac Mendez): là aussi les deux hommes se retrouvent à tourner les pages de la BD. Sauf que dans le cas de Michael et Ty, les dernières pages du numéro sont blanches et ne se remplissent qu’au fur et à mesure. Pas moyen de tricher pour aller voir comment tout çà se finit…

Michael a ses doutes mais enfin, comme il est prisonnier des événements, il n’a pas trop le choix. D’autant qu’il capte bien la voix de sa femme lui demandant de l’aide mais elle vient d’une voix sans issue. Il retourne donc à son hôtel où une apparition (une mystérieuse femme brune) va lui apprendre qu’il y a bien une porte dans la rue mais une porte mystique, avec de curieux assaillants essayant de passer dans notre monde. Michael est à moitié convaincu d’avoir rêvé mais le lendemain, il faut bien se rendre à l’évidence, la porte est bien dans la rue (là, on lorgne vers la série TV the Lost Room)… Lisent-ils l’avenir grâce à ce comic-book ou bien est-ce quelqu’un tente de les aider à distance ? Pour l’instant, mystère…

Comme je le disais, on peut faire de nombreux rapprochements et les intrigues s’empilent comme des poupées russes. Mais Ron Marz au scénario a su faire fructifier l’idée de départ de Deepak Chopra. L’idée que le (anti)héros soit un occidental plein de préjugés sur l’Inde est bonne à deux niveaux. D’abord cela nous change de tous ces personnages à la Gary Grant qui n’ont pas de défaut sur le plan moral. Ensuite c’est une bonne parabole sur la méfiance que certains pourraient avoir envers l’univers de Virgin. Edison George livre ici un dessin honnête mais surtout efficace. Un seul petit bémol, l’éditeur qui a demandé à Luke Ross d’illustrer la couverture ne l’a visiblement pas bien orienté. Le héros tel qu’il est représenté sur la couverture n’a rien à voir avec son apparence dans l’histoire et cette couverture est plus un faux-ami qu’autre chose. « Beyond » m’avait déjà intrigué dans les premières pages, quand il ne s’agissait que d’une affaire de kidnapping et je ne suis pas sûr que ce qui se cache derrière la porte sera finalement à la hauteur mais c’est une forme de thriller qui capte assurément l’intérêt. A voir si le cap sera tenu dans les numéros suivants…

[Xavier Fournier]