French Collection #154

French Collection #154

15 mai 2012 Non Par Comic Box

[FRENCH] Au début du silver age, DC Comics ne misait pas tout sur la rénovation de ses anciennes gloires mais développait aussi des nouveaux personnages dont certains s’éloignaient assez radicalement du modèle classique des super-héros. Showcase #37 à #40 (1956 Series) publient en effet un nouveau groupe de personnage très atypique pour une publication de DC Comics. Le Dr. Will Magnus est un inventeur devenu multimillionnaire grâce à ses multiples brevets. Mondialement connu, il est l’homme qui a rendu réel le mot science-fiction comme le dit le Colonel Henry Caspar a une réunion d’urgence des autorités américaines.

Une créature préhistorique mutante vient de se libérer d’une gangue de glace millénaire et sème le chaos avec son regard radioactif capable de fondre le métal le plus résistant ou de congeler un avion de combat en vol. Impuissante, l’armée décide de demander l’aide de Magnus. Le Colonel Caspar découvre alors la dernière invention de Magnus, un robot humanoïde intelligent capable d’émotion. La superbe Platinum (également appelé Tina) est constituée de platine et possède les propriétés de ce métal. Elle est ainsi capable de s’étirer sous la forme d’un fil ultrafin mais également ultrarésistant.

Magnus compte en faire don au musée de la science mais devant l’urgence, il décide au contraire de répliquer le processus de création de Tina et construit une équipe d’intervention de cinq robots masculins. Gold est capable de s’étirer quasiment à l’infini ou de prendre la forme d’une feuille de quelques microns. Lead est capable de se transformer en bouclier capable de bloquer les radiations. Iron est extrêmement résistant et super fort. Mercury est le seul métal capable de prendre une forme liquide à température ambiante. Enfin Tin est le dernier membre des Metal Men. Un septième membre non officiel viendra rejoindre l’équipe. Il s’agit de Nameless, un robot fille en kit vendu dans le commerce que Tin construit dans Metal Men #13 (1963 Series) et dote d’une véritable personnalité grâce à des pièces détachées provenant du laboratoire de Magnus..

Plus étrangement, chacun des Metal Men possède un caractère lié au métal qu’il représente. tin étant le métal avec le moins de propriétés il s’agit également de celui qui a le moins de caractère. Il bégaie et ne possède aucune confiance en lui. Il se sacrifiera néanmoins régulièrement pour protéger ses camarades soit car il pense qu’il est le plus dispensable, soit qu’il essaye de prouver sa valeur. Mercury est tout l’inverse. Il est vantard et s’énerve facilement. Iron est l’équivalent du bellâtre musclé des lycées américain tandis que Lead est loyal mais également un peu lent. Enfin, Gold est brillant. C’est un parfait stratège et est clairement le chef de l’équipe. Platinum est un peu à part. Elle a été créée avant les autres, c’est une femme et elle doit s’imposer dans l’équipe. De plus, elle possède un caractère très affirmé et surtout est amoureuse de Will Magnus.

Ce dernier attribut à un défaut des responsomètres qui anime les Metal Men et ne prend pas ses sentiments au sérieux. Utilisant une soucoupe volante, l’équipe menée par Magnus va combattre la créature préhistorique mutante. A la fin de l’épisode, toute l’équipe est détruite. Le Colonel Henry Caspar propose alors aux lecteurs d’envoyer une carte à National Periodical Publications (l’ancien nom de DC Comics) s’ils souhaitent revoir l’équipe en action.

Robert Kanigher et Ross Andru, les deux créateurs de l’équipe n’auront sans doute pas attendu l’avis des lecteurs puisque dès le numéro suivant l’équipe est de retour (et au regard des délais de production l’épisode était sans doute en cours de réalisation au moment de la publication du premier même si Kanigher a indiqué dans une interview que l’épisode entier a été réalisé en une dizaine de jours). Il est d’ailleurs à souligner que Robert Kanigher est souvent perçu comme un auteur conservateur assez misogyne. Ceci est sans doute inexact comme le montre le beau personnage féminin qu’est Platinum, même si certains de ses traits de caractères sont assez caricaturaux (ce qui peut être mis sur le compte des propriétés du métal), ainsi que son rôle d’Editor de la série Wonder Woman (même si cette dernière n’est pas entièrement exempte de clichés assez commun pour l’époque).

Dès le deuxième épisode donc, les Metal Men sont de retour. Le Colonel Henry Caspar arrive à convaincre le Dr. Will Magnus de reconstruire l’équipe pour qu’ils reçoivent une médaille. Mais cette nouvelle version des robots est complétement dépourvu d’émotion. Attaqué pendant la cérémonie, les Metal Men réagissent étrangement et sont hués par la foule.

De retour à son laboratoire, Magnus essaye de comprendre pourquoi la deuxième version de son équipe est « incomplète ». Il découvre alors que pendant la construction de la première il y avait une forte activité d’aurore boréale. Il décide alors de récupérer les restes de la première équipe et de les réparer plutôt que d’en construire de nouveaux. Une fois réparés, les anciens Metal Men montrent toute leur personnalité. C’est suite à cet épisode que date le passage obligé par une reconstruction des Metal Men originaux et qui explique que toutes les tentatives de copie se solderont par un échec.

Le troisième épisode test les voit affronter celui qui deviendra non seulement un de leur ennemi récurrent mais également un vilain important de la continuité super-héroïque de DC Comics. Le Colonel Henry Caspar demande une nouvelle fois l’aide du Dr. Will Magnus et des Metal Men (il s’agit de la dernière apparition de ce « personnage alibi »). Il leur demande de retrouver le Professor Ramsey Norton qui a disparu. Ils le découvrent gigantesque et agonisant. Il leur explique qu’il a créé par hasard une terrible menace. Afin de recueillir les résultats ratés de ses expériences, il a créé un énorme récipient géant en plastique de forme humanoïde qu’il a baptisé Chemo. Visiblement, l’interaction accidentelle des produits chimique a produit une intelligence maléfique qui a réussi à animer le récipient. Capable de cracher des produits chimiques corrosifs, Chemo l’a aspergé pour le tuer. Mais sous l’effet des produits, Norton a également changé de taille. Lâché sur le monde, Chemo détruit tout sur son passage jusqu’à ce qu’il soit arrêté par les Metal Men.

Il revient cependant dès l’épisode suivant (et dernier épisode test) et réussit à contaminer Will Magnus. Sous l’effet d’un crachat de Chemo, il change également de taille et devient radioactif. Il est obligé de s’exiler dans l’espace mais Chemo s’embarque également sur la fusée et est une nouvelle fois détruit. Dans le processus, Magnus retrouve sa forme, et revient ensuite sur Terre pour reconstruire une nouvelle fois les Metal Men. L’équipe aura visiblement beaucoup de succès puisque plusieurs mois après (sans doute non pas pour attendre le retour des lecteurs mais les relevés de vente) paraîtra un titre Metal Men (1963 Series) qui durera 41 numéros. Quelques années plus tard, le titre sera poursuivi avec trois numéros de réédition avant de repartir avec des épisodes inédits.

Comme nous l’avons dit, la série est atypique pour une publication DC Comics. Non seulement il ne s’agit pas d’une véritable équipe de super-héros, bien qu’ils aient croisés Atom [Ray Palmer] ou Metamorpho [Rex Mason] et Batman [Bruce Wayne], mais surtout ses membres dysfonctionnent. En effet, sous le prétexte des caractéristiques des métaux qui les constituent chaque membre possède un tempérament propre qui conduit à des affrontements internes. Leurs aventures sont plus réalistes que celles de leurs prédécesseurs. C’est ainsi qu’il est plusieurs fois référence aux produits dérivés des Metal Men. C’est à cette occasion que nous découvrons des figurines de quasiment tous les héros scénarisé par Robert Kanigher (et qui étaient également publié par Artima – Arédit) : The War that Time Forgot, Johny Cloud, Capt. Storm, Ennemy Ace, Sgt. Rock (cf. French Collection #62), Haunted Tank (cf. French Collection #62) & Wonder Woman (cf. French Collection #26).

Mercury est régulièrement jaloux du leadership de Gold, Platinum est emporté et notamment contre les conquêtes féminines de Doc Magnus dont elle est jalouse. Mais les Metal Men montrent également des sentiments très positifs. Ils sont capables de se sacrifier les uns pour les autres ou de compatirent aux malheur de l’un d’entre eux comme lorsque tin solitaire cherchera une âme sœur.

Leurs adversaires seront également un peu atypiques en lorgnant plus vers des thématiques de science-fiction. Nombreux seront les envahisseurs d’outre-monde ou des robots dont certains répliqueront les Metal Men avec d’autres éléments de la table de Mendeleïev. La série a été une des plus novatrices du silver age pour DC Comics et nous reviendrons dans un autre French Collection sur certaines de ses particularités.

En France, la série a bénéficié d’une large exposition puisque tous les épisodes à partir de Metal Men #11 (1963 Series) jusqu’à la fin de la « première » série (à l’exception du #28 qui doit sans doute se trouver dans une publication que je ne possède pas) ont été publiés par l’éditeur nordiste Artima – Arédit dans le titre Aventures Fiction 2ème série (à l’exception du cross-over avec Metamorpho [Rex Mason] qui a été publié dans Etranges Aventures) même s’ils n’ont jamais eu l’honneur de la couverture. Malheureusement comme d’habitude avec Artima – Arédit le respect de l’ordre chronologique ne sera pas au rendez-vous.

Il est par contre important de souligner que pour une fois, les traducteurs de l’éditeur nordiste firent un excellent travail plein de charme et d’imagination. Les Metal Men devinrent donc Les Métalliens, Gold est rebaptisé Oreste, Iron devient Fernand et Lead est prénommé Louis. Tin est lui étrangement appelé Stan tandis que Mercury devient tout simplement Mercure et Platinum est rebaptisé Platina (ce qui est raccord avec son surnom de Tina).

Le cross-over avec Batman [Bruce Wayne] sera même publié par Sagédition et sera pour le lecteur français la seule occasion de voir les Metal Men en couleur mais malheureusement avec des traductions littérales de leur nom beaucoup moins poétique.

[Jean-Michel Ferragatti]