Avant-Première Comics VO: Review X-Men #1

Avant-Première Comics VO: Review X-Men #1

18 octobre 2019 Non Par Xavier Fournier

Après sa refonte du peuple mutant dans House of X et dans Power of X, Jonathan Hickman lance maintenant une série régulière pour continuer de dérouler son plan. Si la série est intéressante tant qu’on regarde le « plan », les personnages sont atones, béats, Wolverine, Cyclops, Lorna Dane sont tous écrits d’une même voix, comme si c’était Madrox. On retrouve le Hickman de la fin d’Infinity, où seuls les événements comptaient et où les personnages étaient perdus de vue.

Avant-Première Comics VO: Review X-Men #1X-Men #1 (Marvel Comics)
Scénario de Jonathan Hickman
Dessin de Leinil Francis yu
Parution aux USA le mercredi 16 octobre 2019

Dans le milieu des années 80, le lancement de la série X-Factor a été un événement. C’était la reformation des X-Men originaux, quelque chose qu’on ne croyait plus voir depuis le Giant-Size ou la seconde génération de X-Men avait pris le pouvoir (sans parler du fait que Jean Grey était passée pour morte pendant quelques années). Il n’y avait qu’un problème : pour se différencier thématiquement de ce qui avait précédé, Cyclops et les autres s’étaient laissé convaincre que pour lutter contre les discriminations il n’y avait qu’à se faire passer pour des ultra-racistes et diffuser eux-mêmes des publicités anti-mutantes. La réunion des cinq mutants était incontournable. Leur plan, par contre, était proche de l’incohérence. On n’est pas loin de ce cas de figure avec les X-Men d’Hickman maintenant qu’on est supposé passer aux affaires sérieuses et que les personnages se comportent… comme une sorte de communauté totalement stone, inconsciente de la portée de ses actes. Même si la fin des deux miniséries a justifié que Charles Xavier se comporte de manière totalement différente par rapport à ce qu’on connaissait auparavant, voici Cyclops et les autres totalement béats, faisant des barbecues avec des personnages connus pour être des psychopathes et des serials killers et un discours martelé comme quoi l’Humain est l’adversaire. Le seul qui a le droit de citer (sans doute parce qu’il est le père de trois mutants de cette nouvelle nation), c’est Corsair, sorti de là les mutants partent du principe que tout mutant est bon et que tout humain est un adversaire en puissance. Tout est faisable, tout est argumentable… mais ce qui choque c’est que personne ne bronche, personne n’a l’ébauche d’une différence de point de vue. Le « gros » problème de Storm dans l’épisode c’est qu’elle est un peu fatiguée en ce moment. Et les mutants de l’île sont tous d’accord pour réciter à voix haute un plan pour lequel ils sont tous d’accord (ce qui fait qu’on se demande bien pourquoi Cyclops explique les choses à Lorna, par exemple). On n’est pas loin de la situation des débuts d’X-Factor.

« Should I begin purging the mainframes? Should I destroy the datacore? »

On est content de voir que des personnages comme Polaris ou les Starjammers ont leur place dans la série. Mais le « plan » laisse à désirer et surtout personne ne semble se poser de question. A croire que d’ici quelques numéros on va nous raconter que tout ce beau monde est sous la domination mentale d’Onslaught ou de Cassandra Nova ou quelque chose du genre. Hickman aime les histoires futuristes où les héros décident d’intégrer leurs adversaires. Doctor Doom ou le Wizard avaient intégré la Future Foundation. Ex Nihilo avait rejoint les Avengers. Mais pour autant la personnalité des autres protagonistes n’avait pas été écrasée. Là, on a l’impression que la majeure partie des « héros » est sous un traitement médical lourd. Le plan d’Hickman peut être intéressant, mais les individualités sont désintégrées. Ah non, pardon, deux mutants ne sont pas d’accord sur la cuisson d’un steak. Du coup l’effet est très mitigé. Certes, Hickman a « la carte » et il est adoubé d’avance. Mais si on y regarde bien l’aspect communautaire avait été traité d’une façon proche (et en prenant soin de montrer différents points de vue) dans la période Utopia par Matt Fraction. Leinil yu anime tout cela de façon plaisante pour ce qui est de l’aspect visuel. Il prend un plaisir tangible à utiliser les costumes classiques de certains personnages. Mais on en est là : autant House of X et Power of X pouvaient passer pour des déclarations d’intention d’Hickman, en attendant que les choses sérieuses commencent dans les séries mensuelles, autant là ça commence et les persos sont toujours noyés/avalés dans le grand plan mutant. Ok, le plan d’Hickman a remis des persos sur la route. Mais on peut se demander s’il est forcément le plus indiquer pour s’occuper des persos en question. Du coup, on se dit qu’il sera peut-être intéressant de surveiller plutôt les séries annexes écrites par d’autres, qui sauront peut-être mieux se distinguer. Hickman donnera sans doute des choses intéressantes sur le long terme, au bout du compte. Il y a de l’ambition, ca donnera sans doute quelque chose d’ici quelques dizaines d’épisodes. Mais on n’y est pas, là. Il y avait beaucoup plus d’élan dans son Avengers #1 ou dans sa reprise des Fantastic.

[Xavier Fournier]