Avant-Première Comics VO: Review Event Leviathan #4

Avant-Première Comics VO: Review Event Leviathan #4

14 septembre 2019 Non Par Xavier Fournier

Toujours aux abois, démunie devant les actions de Leviathan, la communauté super-héroïque de l’univers DC (et surtout le petit cercle réuni autour de Lois Lane) se demande comment contre-attaquer. Mais la paranoïa règne et les héros n’arrivent pas à beaucoup de résultats. Heureusement, les renforts arrivent. Le type de renfort qu’on n’attendait plus…

Event Leviathan #4Event Leviathan #4 (DC Comics)
Scénario de Brian Michael Bendis
Dessin d’Alex Maleev
Parution aux USA le mercredi 11 septembre 2019

Il faut reconnaître à Bendis, à côté de certains défauts narratifs, d’arriver à faire régulièrement de la prestidigitation. C’est à dire que pendant qu’il nous montre la main droite et nous invite à la regarder, il prépare son prochain truc dans la main gauche. Cette technique lui a permis maintes fois de mettre de l’emphase sur des révélations ou des arrivées. Par exemple, malgré ce qu’on peut penser ou pas de Secret Invasion au final, la scène où Elektra se révèle finalement être une Skrull avait finalement marqué les esprits. C’est un exercice similaire que nous propose l’auteur avec Event Leviathan et un cocktail de personnages « bankables » et d’autres moins « intouchables » tels que Manhunter. Pendant que l’on se demande qui, dans la bande, pourrait être une « taupe », le scénariste nous a laissé la dernière fois sur la promesse d’un choc frontal entre les forces de Leviathan et Superman. Mais l’ellipse règne, encore et toujours, chez Bendis et nous sommes déjà, ici, en train d’observer les conséquences de la rencontre plus que la rencontre en elle-même. On notera au passage que le scénariste, depuis qu’il a entamé sa reprise de Superman, fait un ben effort pour renouveler les conditions qui font que les ennemis de « Supie » peuvent cependant avoir une chance de lui tenir tête, même quand ils n’ont pas de Kryptonite ou de soleil rouge sous la main. Mais surtout ceux d’entre vous qui appréciaient que Bendis, dans les numéros précédents, ne fasse pas appel qu’à des têtes d’affiche vont trouver leur bonheur encore plus ici, alors que le récit passe en mode « poupées russes » et qu’il y a, en somme, des cercles secrets à l’intérieur des cercles secrets. On reconnait bien la touche de celui qui avait introduit les Illuminati dans le mythe des Avengers, même si ici il serait sans doute faux de penser qu’on parle des héros les plus influents de leur univers. On peut faire à nouveau la comparaison (sur ce plan seulement) avec Secret Invasion, qui lui avait permis de ramener des personnages comme Mockingbird. La différence avec le crossover de Marvel c’est qu’ici il n’y a pas la nécessité de remplir des doubles pages entières avec des personnages sautillants qui s’affrontent sans déboucher sur quelque chose de nouveau. Bendis joue sur un exercice où il est plus à l’aise : la causerie.

« Do your detectives have anything? »

Alex Maleev, lui, est comme un poisson dans l’eau dès qu’il y a un élément urbain ou un gage de normalité. Mais quand on rentre réellement dans un contexte super-héroïque, tout en dessinant bien les choses, on sent bien que son cœur n’y est plus. C’est d’autant plus marquant dans les premières pages (la scène dans la Batcave) où ses indications de décor sont minimalistes et rattrapée à la mise en couleurs. Il y a trois traits qui se courent après et quelques plafonniers. Publiées en noir et blanc, ces pages seraient un tantinet vides. Par la suite, il y a un certain regain, sans doute parce que les héros tiennent conciliabule dans une cuisine puis au fond d’une ruelle. Ce qu’il faut reconnaître à Maleev, c’est qu’autant le « super-environnement » lui donne du fil à retordre, autant en revanche il sait saisir les expressions, les corpulences et les attitudes des personnages sans rien sacrifier de son style. C’est ce qui lui permet, en une seule case, de croquer de façon fidèle et identifiable plein de nouveaux arrivants qui viennent donner un angle nouveau à cette histoire.

[Xavier Fournier]