Avant-goût VO : Review The Twelve #3

2 mars 2008 Non Par Comic Box

thetwelve03.jpg[FRENCH] Déjà le troisième numéro de cette maxi-série et l’histoire de Straczynski prends un tour en partie prévisible (la moralité d’une partie du groupe fait d’eux des gens pas forcément appréciables dans le XXI° siècle) mais carrément originale sur un autre plan. A plus forte raison quand le récit commence à s’intéresser aux membres des « Douze » qui ont été les plus discrets jusqu’ici.

Twelve #3 [Marvel] Scénario de J.M. Straczynski
Dessin de Chris Weston

Sortie américaine le 5 Mars 2008

Mister E a fait partie des membres les plus mineurs de la série jusqu’ici. Je ne suis même pas sûr que ce « pseudo-Spirit » ait eu un dialogue cohérent depuis le premier numéro. Mais là J.M. Straczynski s’en sert comme un vecteur pour un discours qu’on a rarement vu abordé de cette manière dans les comics. Tout le monde (ou presque) connait l’histoire de certains des premiers auteurs de comics, obligés de déguiser leur identité, de « l’américaniser » pour pouvoir travailler. Il semble que JMS dresse à travers Mister E une parabole de l’homme ne s’assumant pas. En tout cas au moment des retrouvailles avec sa famille (car Mister E a quelques parents encore vivants), cela donne un propos incisif… Difficile, après, de ne pas rapprocher celà d’un homme qui, plus tard dans l’épisode, est soumis à un destin terrible alors qu’il possède dans sa collection des dessins de Captain America. Est-ce que JMS fait un pied de nez a certains auteurs de comics qui ont préféré vivre « cachés » sous des pseudonymes sonnant irlandais ou anglais? Cela en a tout l’air. Après la scène de Dynamic Man dans l’épisode précédent, The Twelve confirme donc qu’on est bien loin de l’histoire au premier degré d’une douzaine de héros décongelés. Il s’agit plutôt de voir comment ce qui est moral a un moment donné ne l’est plus dans une autre époque et, à partir de là, d’établir un discours métatextuel sur l’évolution du monde mais aussi (en tout cas dans cet épisode) du milieu des comics.

Je dois dire que depuis le début je me demandais pourquoi le Phantom Reporter ne se remettait pas mieux des événements sachant qu’il était évident que même si les méthodes ont changé, il est certain que n’importe quel journal donnerait cher pour avoir ses mémoires. La question semble être réglée dans ce numéro, mettant de manière passagère un terme à son adoration silencieuse pour la Black Widow du Golden Age.

Il paraît (si l’on en croit son blog) que Chris Weston s’est vu en son temps proposer les dessins de la série Marvel Zombies et qu’il a refusé, pensant que la série ne marcherait pas. Il est depuis le premier à reconnaître que ce fut là une belle erreur mais il trouve dans ce numéro une occasion de se rattraper. Le voici en effet qui représente l’origine du Fiery Mask, liée à des zombies (y compris un Faiseur de Zombies qui doit faire dans les deux ou trois mètres de haut). Cela comble une lacune qu’avait la série jusqu’ici. Si les persos sont connus pour peu qu’on ait eu l’occasion d’acheter les coûteux Golden Age Masterworks de Marvel, les lecteurs découvrant les héros à l’occasion de The Twelve ont sans doute un peu de mal à savoir qui est qui. Balancer un peu de flashback n’est donc pas un mal même si j’imagine que certains auront du mal à avaler ces histoires de zombies géants ou de pacte avec le diable. Avant d’entrer dans cette série, il faut savoir adopter le même état d’esprit que pour la lecture des Seven Soldiers de Morrison. A savoir: admettre qu’on ne cerne pas tous les tenants et les aboutissants des personnages et ne pas se braquer sur des éléments fantastiques qui renvoient à un autre âge.

Beaucoups avaient criés un peu vite à la lecture du #1 à des supposés ressemblances avec Watchmen, essentiellement parce qu’un des personnages à chapeau y tient un journal et qu’à la fin du #1 l’un des héros finissait mort sur le trottoir. Avec des épisodes comme celui-ci, JMS et Weston peuvent dormir du sommeil des justes, ca n’a décidément rien à voir. L’important étant que bien malin serait celui qui devinerait où va nous emmener cette maxi-série… Les Douze restent décidément pleins de surprises.

[Xavier Fournier]