Oldies But Goodies: Flash Comics #1 (1940)

Oldies But Goodies: Flash Comics #1 (1940)

3 décembre 2011 Non Par Xavier Fournier

[FRENCH] Le Flash des années 40 (Jay Garrick) symbolise le « Golden Age »,  et plus particulièrement le Golden Age de DC Comics, pour de nombreux lecteurs. C’est aussi un des premiers super-héros spécialisé dans la rapidité et, à ce titre, le pionnier de tout un genre. Et dans le même temps le rappel de ses origines est le plus souvent expédié… en vitesse… au point que le public moderne ne les connaît sans doute que dans les grandes lignes. Un petit rappel s’impose…

Les comics de l’époque étant notoirement antidatés, c’est fin 1939 que les jeunes lecteurs de l’époque purent découvrir le premier numéro de Flash Comics, revue éditée par All-American (gamme soeur de la firme « Detective Comics » et à ce titre une des deux futures composantes de DC Comics). Flash, c’est bien sûr le héros principal de cette anthologie mais aussi « l’homme le plus rapide au monde », inspiré sans doute de l’exagération d’un des talents de Superman (qui était « plus rapide qu’une balle »). Mais la composition de ce titre donne un certain éclairage sur la genèse du personnage. Flash Comics #1 comportait également la première apparition du héros volant Hawkman, directement dérivé des Hawkmen apparaissant dans FLASH Gordon. Un Flash Gordon qui (comme nous l’avons déjà vu en parlant de Blue Bolt Comics), dans les serials, évoluait dans un costume comportant un long éclair sur la poitrine. Structurellement, on verra que Jay Garrick n’a pas grand chose à voir avec Flash Gordon mais sans doute faut-il voir dans son nom une volonté de surfer sur la notoriété du personnage d’Alex Raymond. Comme le scénariste de Flash, Gardner Fox, était aussi le scénariste d’Hawkman on voit bien que l’auteur n’ignorait rien du strip de Raymond. Mais il est aussi possible que Garrick ait été pensé comme un héros super-rapide sans que son nom soit Flash et que ce pseudonyme soit un ajout plus tardif, au moment de justifier le titre de l’anthologie. On verra un peu plus loin quel aurait pu être son nom initial…

Dans la première page de l’histoire, Gardner Fox décrit « le Flash » (puisqu’à l’époque il convient de placer un article devant le nom) comme étant : « Plus rapide que la foudre qui traverse le ciel… Plus rapide que la vitesse de la lumière… Plus vif que la rapidité de la pensée… C’est le Flash : La réincarnation du Mercure ailé… Sa vitesse sidère les scientifiques, elle fait la joie des opprimés et laisse bouche bée la multitude ! ». Comme Hawkman, l’autre héros lancé par Fox dans le même numéro, est littéralement la réincarnation d’un prince égyptien, la présentation de Flash comme étant la « réincarnation de Mercure » peut faire tiquer mais cette déclaration restera un effet de manche, jamais vraiment matérialisée dans la série.

Le héros nouveau n’est pas, au sens propre, la réincarnation d’un dieu grec. Au contraire le scénariste ne tarde pas à nous montrer qu’avant devenir « la chose la plus rapide sur Terre » Jay Garrick n’était qu’un étudiant commun inscrit à l’université Midwestern (nom assez commun qui fait que l’action pourrait aussi bien se passer au Texas qu’en Illinois). On fait donc la connaissance de ce Jay alors qu’il tente de convaincre une jolie blonde, Joan Williams, de l’accompagner à un bal. Ce qui à l’époque revient à lui demander franchement si elle veut devenir sa petite amie. Mais Joan est gênée et fini par avouer qu’elle ne peut pas : Jay n’est qu’un simple joueur de football secondaire tandis qu’elle a déjà promis la soirée au capitaine de l’équipe Bull Tryon. Jay se vexe : elle ne veut pas y aller avec lui parce qu’il n’est qu’un débutant au football ? Joan se montre plus claire : « Non… mais parce qu’un homme avec ta constitution et ton cerveau devrait être une star, pas un simple joueur ! Tu n’utilise pas ton esprit au football ! ». Jay Garrick se promet alors de lui montrer qu’il peut grimper dans l’équipe. Mais il devient vite apparent que malgré sa bonne volonté il n’a pas les moyens de son ambition : On voit une scène d’entraînement où Jay se révèle toujours aussi nul au football américain.

Mais le sport n’est qu’une facette de la vie de Jay. S’il n’est pas bon au foot, il est par contre un excellent étudiant en laboratoire, où il travaille sous la houlette d’un professeur bienveillant. Un soir son mentor constate que cela fait trois ans que Jay expérimente sur « l’eau lourde » (nom vernaculaire donné à l’oxyde de deutérium). En suivant les conseils de son tuteur, Jay décide qu’il est temps de « séparer les éléments » sans qu’on sache totalement ce qu’il veut dire par là. Mais cette nuit là Jay reste au laboratoire pour surveiller cette nouvelle étape de son expérience.

A trois heures et demi du matin, le jeune homme n’en peut plus. Il décide de fumer une cigarette (ce qui n’est pas franchement la chose à faire dans un laboratoire). A l’époque que les héros fument n’avait rien de rarissime (dans les années 40 Steve Rogers/Captain America fume la pipe de manière courante) mais la manière dont la chose intervient dans le récit tend à souligner le côté insouciant de Jay. Il se tourne pour tirer une bouffée et, prenant appui contre le plan de travail, déséquilibre le flacon qui contient son expérience. Le contenant s’écrase au sol et le liquide se dissipe sous la forme d’un gaz. En se penchant pour ramasser les débris, Jay articule avec difficulté « Whoa… ce gaz est un truc puissant… C’est trop pour moi ! ». Et il s’écroule sur le sol, inconscient. Comme il est seul dans l’édifice, il reste là à inhaler des vapeurs pendant le restant de la nuit et n’est découvert par son mentor, le professeur Hughes, qu’au petit matin…

Bientôt on appelle les secours. Hughes, inquiet, demande au médecin si c’est sérieux. L’autre homme refuse de se prononcer : « Je ne sais pas ! C’est un nouveau gaz ! Je ne peux prédire le résultat ! ». Cette remarque est importante car elle détermine bien que Jay Garrick ne s’est pas contenté de respirer de l’eau lourde (il arrive assez souvent que des chroniqueurs ou des scénaristes écrivent que Flash doit ses pouvoirs au fait d’avoir inhalé simplement des vapeurs d’eau lourde). L’eau lourde renversée par terre ne devient pas spontanément un « nouveau gaz ». Il semble plutôt que Jay travaillait sur une expérience à base d’eau lourde qui a donné naissance à un autre élément. Pour l’instant peu importe : Jay reste à l’hôpital, entre la vie et la mort, pendant plusieurs semaines, sous l’oeil inquiet des médecins. Mais bientôt le métabolisme du jeune homme reprend le dessus et il se réveille affamé, déclarant qu’il pourrait manger un cheval entier ! Une touche intéressante car dans les années 8 le scénariste Mike Baron liera la vitesse du 3ème Flash (Wally West) à un métabolisme accéléré : Wally doit alors manger pratiquement en permanence pour compenser la dépense d’énergie liée à sa vitesse. Bientôt un des docteurs prévient le professeur Hughes : « Je ne veux pas vous alarmer professeur… A moins que le spécialiste venu de New York soit fou… Votre garçon deviendra la chose la plus rapide sur Terre ! Les éléments d’eau lourde accélèrent les réflexes d’une personne. Ce gaz a agit comme l’injection d’un vaccin. La science sait que l’eau lourde rend une personne plus rapide que d’ordinaire. Pour avoir respiré ce gaz, Jay peut marcher, parler, courir et penser plus vite que la pensée ! Il sera probablement capable de courir plus vite qu’une balle ! C’est un phénomène scientifique ! ». L’idée qu’il peut « courir plus vite qu’une balle » confirme donc la filiation avec Superman. Mais ce qu’il y a peut-être de plus surprenant dans ce passage c’est que l’identité de Jay n’est pas caché. Le professeur Hughes mais aussi les médecins de l’hôpital et ce mystérieux « spécialiste de New York » ont tous inspecté Jay et compris les pouvoirs qu’il a désormais. Quand surgira quelques temps plus tard Flash, l’homme le plus rapide du monde, comment penser que Hughes et les autres ne feraient pas le rapprochement ?

On ne sait pas très clairement si les docteurs préviennent Jay de leur découverte. Ce qui est certain c’est qu’un jour, alors qu’il se prépare à sortir de l’hôpital et regarde par la fenêtre, Jay aperçoit Joan de l’autre côté de la rue, sur le point de prendre le bus. Il se précipite à sa rencontre et… traverse l’hôpital et la rue pratiquement sans l’avoir réalisé. Les patients n’ont que le temps de voir une silhouette floue et pensent avoir aperçu un fantôme. Quand il arrive à côté de Joan, elle est très surprise, n’ayant pas eu le temps de le voir venir. Mais elle est contente de le voir et lui explique qu’elle était sur le point d’aller rendre un livre à la bibliothèque. Serviable, Jay propose de le faire à sa place en expliquant que ça ne prendra qu’une minute. Et effectivement il fait l’aller-retour en un éclair, s’arrêtant juste pour parler à la bibliothécaire. Forcément quand il revient aussi vite Joan se doute de quelque chose ; « Tu n’es parti que deux secondes… Jay… Que t’est-il arrivé ? ». Jay joue franc jeu : « cela m’effraie aussi mais je pense que je ne suis qu’un phénomène scientifique… Peu importe… Finalement tu veux aller à ce bal avec moi ? ». On ne sait pas trop si Joan est impressionnée par la vitesse nouvelle de l’homme. Ou si elle veut simplement être gentille avec quelqu’un qui sort de l’hôpital après avoir manqué de mourir. Mais la manière dont elle accepte fait plutôt penser à la première solution : Joan veut bien l’accompagner au bal… à la condition qu’il joue au foot pour le prochain championnat « Avec toi de notre côté nous ne pouvons pas perdre ! ».

Et là forcément Jay Garrick lui explique qu’il ne peut pas, que ce serait tricher et déloyal puisqu’il a des pouvoirs surhumains. Non ! Attentez ! Ce n’est pas du tout ce qu’il lui dit ! Au contraire, il lui accorde cette faveur « mais c’est bien parce que c’est toi ! ». Malheureusement le coach ne sait pas que Jay est devenu super-rapide. Et quand le championnat arrive, il fait comme d’habitude : il garde le jeune homme sur le banc de touche, là où il ne sert à rien ! Mais finalement il y a des blessées de l’équipe (en particulier Bull Tryon, le rival de Jay pour sortir avec Joan) et le coach n’a d’autre choix que de faire appel à Garrick. Au grand déplaisir du public, qui l’a surnommé « pied de plomb » suite à ses précédents déboires. Mais là, bien sûr, tout est différent. Jay est si rapide que l’équipe adverse n’a pas le temps de le voir. Il a même le temps de grimper dans les gradins à super-vitesse pour demander à Joan comment elle trouve qu’il s’en tire. Au final Jay devient la star de l’équipe de football et a droit à son rancart avec l’élue de son coeur. Tout ça pour avoir tiré parti d’un avantage qu’il est le seul à détenir.

On notera qu’on n’est pas dans le pathos habituel des super-héros plus tardifs qui refusent de profiter de leurs pouvoirs. Ce premier épisode de Flash fonctionne selon une définition très « nietzschéenne » : le surhomme fait usage de sa nature supérieure sans état d’âme. Bientôt Jay et Joan sont diplômés. Joan annonce qu’elle va aller travailler avec son père sur un projet de bombardier atomique (en 1940 l’idée est relativement avant-gardiste). Jay décide, lui, qu’il ira à New York pour devenir professeur assistant à la Coleman University. Mais une fois installé à New York, Jay lit dans la presse locale les exploits d’un gang de racketteurs : « Peut-être que le District Attorney n’a pas été assez rapide pour les attraper… Hmmm… quelque chose doit être fait à ce sujet ! ».

Et là, une simple vignette nous explique que « cette nuit là les gangsters reçoivent la visite d’une silhouette portant les ailes de Mercure… Une foudre humaine… Le Flash ! ». En bas de la vignette on voit bien, en tout petit, le héros en costume mais on ne le voit pas en action ! Tout juste la case suivante nous montre la réaction catastrophée des gangsters après qu’il se soit attaqué à leur chef, certains d’eux décidant que c’est trop dangereux de continuer à être criminel avec un tel homme dans les parages. La chose sidérante dans ce passage c’est qu’il fonctionne à base d’ellipse. On ne voit pas dans quelles conditions le héros décide de l’identité et du costume qu’il va adopter. On ne voit pas non plus son premier combat. Bref, Gardner Fox fait l’impasse sur le moment le plus spectaculaire depuis le début du récit.

Mais le fait-il vraiment ? Car si on regarde bien ce passage sent aussi un travail de coupe. Peut-être que l’éditorial d’All-American a simplement décidé de raccourcir l’histoire d’une page ou deux. Mais pourquoi cette partie plus que le très dispensable match de football ? Peut-être justement parce que c’est l’endroit où Jay Garrick expliquait le choix de son alter-ego… qui n’était pas Flash. Si on y regarde bien, on découvre des indices qui montrent que le héros est passé très près de s’appelle Mercury (Mercure). D’abord il y a le rappel du nom Mercury (déjà cité dans l’introduction) dans ce passage mais il y aussi le fait que deux concepts se superposent dans le costume : Le motif de l’éclair et le casque classiquement associé avec le dieu Mercure. Seulement à priori aucune de ces deux idées n’est justifiée par l’origine des pouvoirs de Jay. Avec le Flash des années 50 (Barry Allen), la question ne se pose pas : Il est lui aussi exposé à un mélange chimique à un moment où il est frappé par la foudre. Là, on comprendra que Jay ne va prendre comme identité masquée « l’Eau Lourde » pour évoquer l’idée de vitesse mais il semble curieux que rien n’anticipe, ne justifie l’adoption plus tardive d’un alias. Sauf que si on regarde bien il y a un jeu de mots caché dans la scène du laboratoire. La substance manipulée par Jay Garrick se présente sous l’aspect d’un liquide qui se transforme en vapeur très facilement. Autrement dit l’élément se comporte comme… le mercure (aussi surnommé « Vif-Argent ») et l’idée qu’un jeune professeur de chimie agisse sous l’identité de « Mercure » se justifie alors doublement. Si – comme c’est probable – Gardner Fox a été obligé de rebaptiser son héros Flash, on comprendra que dès lors la possible scène explicative ne fonctionnait plus !

Le combat escamoté, Jay Garrick rentre chez lui et adopte à nouveau une tenue civile, rangeant son costume. Il fait alors preuve d’un héroïsme croissant : « Je me sens mieux quand je met ma vitesse au service de la lutte contre le crime… Je me sens utile à l’humanité ! ». Ce qui est étonnant c’est que Jay continue à ne pas cacher ses talents de rapidité dans la vie de tous les jours. Ainsi il utilise les cours de tennis de l’université Coleman pour jouer… seul ! Il est si rapide qu’il peut jouer des deux côtés : il va plus vite que la balle et elle n’a pas le temps de tomber. Et il ne se cache pas. C’est ainsi que Joan et un homme arrivent et le trouvent dans cet état. Joan s’écrie « Seulement une personne peut faire ça ! Jay Garrick ! ». Elle explique alors au jeune homme que son père a été kidnappé et qu’elle pense qu’il pourrait l’aider à le retrouver. Mais alors qu’ils discutent une voiture arrive, un fusil dépassant de la fenêtre… Les occupants tirent sur Joan et filent sans attendre. Ils ne peuvent donc pas voir que Jay a été plus rapide que la balle, qu’il intercepte en plein vol. Il court assez vite pour empêcher qu’elle touche Joan… et lui promet qu’il l’aidera le soir même.

Pendant ce temps les gangsters sont revenu à leur repère, convaincus d’avoir tué la jeune femme. Les conjurés se réunissent alors. Ils sont quatre et se surnomment les Faultless Four (les « Quatre sans défaut »). Leur chef, Sieur Satan (le « sieur » semblant indiquer une vague origine française) explique qu’ils auront bientôt le secret du bombardier atomique, que Williams va craquer. Et une de ses complices, Duriel, explique alors qu’il va retourner dans la « salle aux miroirs » pour voir si le savant est prêt à parler. Il s’agit d’une pièce couverte de surface réfléchissantes, destinée à laver le cerveau de la personne qui y est enfermée. Chargé de cette salle des miroirs, Duriel est donc un peu l’ancêtre du Mirror Master (un ennemi régulier de Flash à partir des années 50). Mais Williams tient bon. Le gang décide alors que le choc de voir sa fille morte pourrait faire craquer l’homme. Un des Faultless Four décide donc d’aller chercher le cadavre… enfin ce qu’il croît être un cadavre. Mais arrivé dans le quartier des Williams il demande son chemin à quelqu’un en lui demandant s’il a entendu parler de la « fille morte ». En fait l’homme a qui il a demandé le chemin est, par pur hasard, Jay Garrick qui se rendait chez Joan pour lui parler. Mais alors qu’ils se trouvent tous les deux sur le perron des Williams, Joan sort sur le pas de la porte pour les accueillir. Surpris, le gangster s’éclipse en prétendant qu’il y a erreur…

Le malfrat saute dans sa voiture et Jay explique à Joan qu’il semblait en savoir long sur la tentative d’assassinat du matin. La jeune femme en déduit qu’il doit s’agir d’un des membres des Faultless Four, un groupe de savants qui a écrit à son père il y a quelques mois pour exiger de connaître le secret du bombardier atomique. Mais il n’a pas voulu parler alors ils l’ont enlevé. Jay s’exclame alors « On dirait que c’est un travail pour le Flash ! Adieu ma chérie ! » et Jay part à toute vitesse. S’il y avait un doute que Joan connaissait la double identité du héros, nous voici maintenant renseignés. Désormais vêtu de son costume de Flash, le héros a tôt fait de rattraper la voiture du curieux personnage qui posait des questions sur Joan. L’homme poursuivi, en descendant de voiture, remarque juste un coup de vent soudain, sans réaliser que Flash vient de le dépasser pour se cacher non loin de là. Bientôt les Faultless Four discutent du fait que la jeune femme est toujours vivante. Sieur Satan est furieux et exige qu’on fasse une nouvelle tentative pour l’éliminer. Mais Flash, qui est entré dans l’appartement, s’écrie : « Je ne vous conseille pas d’essayer encore ! ». Un des hommes sort un revolver et tente de lui tirer dessus… mais bien sûr Flash peut courir plus vite que les balles… Mais bientôt il disparaît ! Les gangsters se retrouvent seuls dans la pièce. En fait Flash est en train de fouiller le reste de l’édifice pour trouver le Major Williams. Il le libère sans attendre et le père de Joan le remercie alors… mais sans sembler le reconnaître (pourtant le Major et Jay ont été vu ensemble lors de la remise de diplômes, à la fin des études de Jay et Joan). Ce n’est que la première qu’on constate que bien que Flash ne porte pas de masque les gens ne semblent pas faire le rapprochement avec Jay Garrick. Des décennies plus tard on expliquera que Flash « vibre à super-vitesse » ce qui fait que les contours de son visage sont flous. Williams s’accroche au dos du héros et Flash a vite fait (forcément) de le ramener chez lui. Et de revenir aussitôt épier les malfaiteurs…

Il apprend ainsi que les Faultless Four veulent provoquer une panique sur la plage de Coney Island de manière à faire diversion. Pendant que la police les cherchera là-bas, ils comptent en profiter pour aller enlever Williams et sa fille. Plutôt que de les capturer sur le coup, le Flash décide de prendre un risque calculé : « Si je les laisse agir, je pourrais les arrêter pour tentative de meurtre ! ». En fait le plan des Faultless Four est de survoler en avion la plage et d’ouvrir le feu sur les baigneurs. Le lendemain, c’est d’ailleurs Sieur Satan qui est aux commandes de l’avion. Flash, qui s’était glissé sur la plage en tenue « civile », intervient alors et, comme à son habitude, arrête les balles avant qu’elles puissent toucher quelqu’un. Sieur Satan prend la fuite dans son avion mais Flash sait qu’il doit au même moment arrêter la tentative de kidnapping de Joan et de son père. Il lui suffit de se montrer devant chez eux et les Faultless Four préfèrent ne pas intervenir, de peur de se faire prendre. Bientôt, il les retrouve pourtant à leur repère. Mais Sieur Satan se glisse hors de la pièce et abaisse un interrupteur : « J’ai tué le Flash ! Je l’ai électrocuté ! La pièce est piégée pour tuer ! Je les ai tous tués ! ». Derrière lui Flash ricane : « Tu n’as pas vu que je m’étais glissé hors de la salle, derrière toi ? Tu peux pas m’échapper ! ». Sieur Satan n’a donc tué que ses trois complices (Duriel, Orloff et Smythe). Mais il tente alors de s’enfuir à bord de sa « nouvelle voiture », pensant sans doute qu’elle est assez rapide pour semer le bolide humain. Mais c’est peine perdue. Le Flash tient la cadence sans problème. A hauteur de la voiture il lui dit « Tu vas mourir… Tout comme Duriel, Orloff et Smythe ! » Paniqué, Satan lance sa voiture dans un ravin et trouve la mort.

La conclusion de l’histoire voit Jay Garrick et les deux Williams trinquer à la santé du Flash. Le major, ne réalisant pas que Jay est son sauveur, chante les louanges du Flash: « C’est la plus merveilleuse personne… Il m’a sauvé la vie et a brisé les Quatre… Est-ce que tu le connais, Joan ? ». La jeune femme prétend que non puis, faisant un clin d’oeil complice à Jay, dit simplement « Après tout un secret est un secret ! ». L’épisode s’achève donc sur l’officialisation que Joan est dans la confidence et que la dynamique du couple ne sera absolument pas celui d’une Lois Lane cherchant à démasquer son Superman. Flash (ou « le Flash ») allait devenir rapidement un personnage important et sans doute le héros le plus connu d’All-American (juste devant Green Lantern, Wonder Woman n’étant pas créée à l’époque). All-American serait aussi la maison mère de la Justice Society of America (apparue dans All-Star Comics #3) et bien que le groupe soit une sorte de crossover permanent (composé à la fois de héros publiés par ailleurs par All-American ou Detective) il était évident que l’éditeur mettrait un de ses personnages à la tête du groupe. Flash serait donc le premier chef de la JSA. Après que All-American et Detective aient fusionné dans National Periodical, l’ancêtre de l’actuel DC Comics, on peut considérer que Jay Garrick deviendra par ordre d’importance le quatrième personnage de la firme globale, juste derrière Superman, Batman et Wonder Woman. Mais au début des années 50, la première génération de super-héros passée de mode, Flash et la majeure partie de la JSA cesseraient de paraître. Ce « Mercure » avorté donnerait plus tard le coup d’envoi officiel du Silver Age (la seconde génération de héros masqués). Puisqu’il avait été le numéro quatre de l’univers DC et que la troïka Superman/Batman/Wonder Woman n’avait pas cessée ses activités, c’est lui qu’on relancerait en priorité, sous la forme d’un nouveau Flash nommé Barry Allen et toujours écrit par Gardner Fox. Cette fois, Fox ne s’y tromperait pas, diminuerait les références à Mercure et expliquerait qu’un éclair était à la base des pouvoirs du héros… Mais ça, c’est déjà une autre histoire…

[Xavier Fournier]