Oldies But Goodies: Captain Flight Comics #11 (1947)

Oldies But Goodies: Captain Flight Comics #11 (1947)

14 juillet 2012 Non Par Xavier Fournier

[FRENCH] Le comble pour un super-héros aux pouvoirs incendiaires, c’est de ressembler comme deux gouttes d’eau à un autre. Certes, il est un peu normal que la plupart des personnages liés au feu aient un degré de proximité avec le vénérable Human Torch du Golden Age. Mais l’éphémère Blue Flame allait pousser le bouchon bien plus loin qu’un simple voisinage thématique…

Vu son nom, la série Captain Flight Comics, publiée entre 1944 et 1947 par Four Star Publications, semblait prédestinée à recueillir surtout des aventures d’aviateurs (« Captain Flight » se traduisant par « Capitaine Vol »). Mais si le titre racontait bien les exploits d’un pilote d’aviation nommé Captain Flight, l’éventail d’histoires allait bien vite se révéler plus large qu’on aurait pu le penser. Captain Flight Comics allait également accueillir plusieurs super-héros. On découvrirait au fil des pages aussi bien Black Cobra, Red Rocket, Torpedo Man ou Yankee Girl. En fait assez vite les super-héros dévorèrent toute la place possible dans cette anthologie. Ils n’étaient pas forcément tous très originaux. Plusieurs d’entre eux avaient un certain degré de parenté avec des personnages existants. Red Rocket rappelait ainsi Red Torpedo, un ancien personnage de Quality Comics. Torpedo Man avait lui aussi un degré de parenté avec ce même ancêtre mais, même si ce n’était pas un atlantéen, on pouvait le rapprocher de Sub-Mariner. Ironiquement Captain Flight Comics allait aussi publier quelques histoires d’un criminologue nommé Professor X (précédent celui de Marvel de près de deux décennies, même si, là, la ressemblance s’arrête au nom). En 1947, dans Captain Flight Comics #11, les lecteurs allaient cependant faire la connaissance d’un nouveau personnage, The Blue Flame, qui démontrait lui aussi une volonté d’imiter la concurrence. Et pour cause : Dès la première page le lecteur de comics ne peut que remarquer la forte ressemblance qui existe entre Blue Flame (silhouette bleue entourée de flammes) et l’Human Torch de Marvel Comics (qui lui donnait plus dans les couleurs rouges et jaunes).

« Parmi tous les tumultes titaniques que Blue Flame a rencontré lors de ses batailles contre le crime, il n’avait jamais pensé que le jour viendrait où il rencontrerait un homme comme S. Aitan. D’ailleurs était-il un homme ? ». L’entrée en matière de l’unique épisode de Blue Flame cherchait visiblement à convaincre le lecteur que le héros existait de longue date. On aurait pu croire au énième numéro d’un héros très connu (ce qui était d’une certaine manière le cas si on considère que le personnage est Human Torch sous un autre nom). Dans les comics du Golden Age, il n’était pas rare que les auteurs ne se donnent pas la peine de présenter les origines d’un héros et jouent la carte d’une existence préalable. Le plus souvent, néanmoins, ce manque de présentation concernait plutôt les détectives masqués. Comme il s’agissait d’hommes normaux combattant le crime, il n’y avait pas d’explication particulière à donner. On déduisait qu’ils avaient décidé d’enfiler un costume quelques temps avant l’aventure et qu’ils agissaient par pur altruisme. A titre d’exemple, l’épisode initial de personnages comme Batman ou le Blue Beetle ne comporte aucune origine ou explication d’un « pourquoi ». On attendait d’abord de voir si le héros était viable avant de s’embêter à raconter sa genèse. Chez les personnages surhumains, la chose était plus rare. Le plus souvent il fallait justifier ses aptitudes. Un personnage capable de s’enflammer spontanément, ça ne se trouve pas spécialement sous le chapeau d’un cheval. En temps normal les auteurs n’auraient pas manqué de se fendre d’une explication, quand bien même mineure. Mais là…

Là, le scénariste préfère commencer en s’intéressant à l’adversaire du héros. On découvre ainsi le dénommé S. Aitan (aperçu et identifié sur la première image) en train de marcher dans la rue avec un sac d’où dépasse des bijoux. Comme un policier tente de l’arrêter, l’arme à la main, on en déduira que S. Aitan (personnage à l’allure satanique, au point d’avoir des oreilles en pointe) vient de commettre un hold-up. Le policier le menace mais ça n’arrête pas le terrible S. Aitan, qui le neutralise d’un coup en pleine face : « Comment osez-vous interférez ? ». Puis le voleur saute dans une voiture et prends la fuite. C’est à ce moment que Blue Flame arrive sur les lieux, volant tout en étant enveloppé de flammes, dans une attitude une nouvelle fois typique du Human Torch des origines. Il tente de rassurer le policier tombé à terre : « Ne vous donnez pas la peine, Flaherty ! Je vais mettre la pression sur ce personnage ! ».

Les dialogues sont écrits sur un ton très particulier, assez proche de celui plus tard emprunté par le feuilleton TV Batman, avec des jeux de mots assez présents, comme si les personnages étaient des acteurs de Vaudeville, pas réellement inquiets de leur propre sort. Ainsi, quand Blue Flame se pose sur la voiture de S. Aitan, ce premier pense d’abord à placer une réplique : « Voici une nouvelle sorte d’auto-stoppeur… Après tout, machin chaud, je ne t’ai pas invité ! ». Blue Flame ordonne au voleur de freiner mais celui-ci l’entend d’une autre oreille. Au contraire il fonce vers une ouverture béante dans la rue (une sorte de bouche d’égout). Et quand la voiture passe dessus, un système ingénieux permet à S. Aitan de disparaître sous la voie. Blue Flame, surpris, éteint le feu qui l’entoure et apparaît pour la première fois clairement. Il s’agit d’un personnage brun (alors qu’Human Torch était blond) et il porte pour seul costume un petit slip bleu (la Torche portait le plus souvent une combinaison rouge). En fait, si on y regarde bien, cette image « au repos » de Blue Flame pourrait aussi bien être une vignette recoloriée d’Human Torch (le torse apparaissant couleur chair pour mieux masquer la combinaison). Mais surtout, sous cette forme, Blue Flame ressemble énormément à Toro, le jeune assistant d’Human Torch. Doué des mêmes pouvoirs que son mentor, Toro The Flaming Kid (« Le gosse enflammé ») portait en effet pour seul costume… un short bleu. Et Toro était brun… La variation utilisée pour que Blue Flame ne soit pas 100% identique à Human Torch ne s’est donc pas donné la peine d’aller chercher très loin…

Blue Flame inspecte la voiture et comprend qu’elle comporte une sorte de trappe qui permet au conducteur de disparaître sous la voiture. Avec les dialogues du début mais aussi l’apparence de S. Aitan (qui ressemble à un magicien d’opérette), la trappe vient renforcer la liste des éléments théâtraux de ce récit.

N’étant pas le dernier des abrutis, Blue Flame en déduit qu’il faut chercher sous le véhicule et trouve la bouche d’égout à travers laquelle S. Aitan s’est enfuit quelques instants plus tôt : « S’il peut supporter de courir dans les égouts, je pense que je le peux aussi… ». Bientôt Blue Flame est surpris par le gangster qui apparaît derrière lui : « Sois le bienvenu dans mon humble demeure… Tu veux te joindre à moi ? ». Comme de bien entendu, Blue Flame n’est pas le moins du monde intéressé par cette proposition. Il s’enflamme, à nouveau couvert de flammes bleues, et se précipite vers le voleur, lui arrachant des bijoux qu’il tient : « Je vais te reprendre ces joyaux volés ! Oh, mais tu as décidé de te taire maintenant que tu es pris ? ». Mais bien vite Blue Flame déchante. Le S. Aitan qu’il vient de capturer n’est qu’un mannequin de cire et les pierres précieuses sont fausses. Le héros a été trompé une nouvelle fois (et le scénariste, lui, se garde bien de nous expliquer comment le supposé mannequin de cire a pu parler quelques cases plus tôt).

Sous l’effet de la chaleur, la silhouette de cire est en train de fondre mais Blue Flame remarque quelque chose au sol : « Ne me dites pas que ce cerveau a laissé tombé quelque chose qui pourrait être un indice ? On dirait une carte de visite ! ». En fait c’est un mot écrit par S. Aitan, qui se moque de son poursuivant : « Désolé de te décevoir ! Mon double n’est pas très fort mais moi je le suis ! ». Arrivé à ce stade, il faut bien constater que S. Aitan avait préparé sa fuite (le temps d’installer le mannequin de cire, d’écrire la carte de visite…). Mais scénaristiquement c’est on ne peut plus limite puisque cela supposerait que le voleur savait AVANT le hold-up qu’il serait poursuivi par Blue Flame (qui semble pourtant être passé par hasard au moment où S. Aitan malmenait Flaherty). Blue Flame remonte néanmoins l’égout en direction de la rivière et aperçoit un hors-bord qui prend de la vitesse. C’est évidemment S. Aitan qui s’éloigne. Mais le héros enflammé peut voler à la vitesse d’une torpille et continue donc la poursuite. Le voleur comprend qu’il ne le sèmera pas si facilement : « Tu es plus malin que je le pensais… Pourquoi ne pas me joindre pour une ballade ? ». Blue Flame arrive à la hauteur du hors-bord et tente de s’emparer des commandes : « Moins de palabres et plus d’action ! Nous retournons vers la rive et tu vas en prison ! ». Mais bien sûr S. Aitan n’est pas franchement du même avis. Il s’empare d’une sorte de maillet et assomme Blue Flame (qui très fortuitement venait d’éteindre sa flamme sans raison véritable, juste parce que sinon le maillet aurait fondu à son contact et la scène ne fonctionnerait pas). Le combat s’engage et Blue Flamme ne semble pas se rendre compte qu’avec sa flamme ce serait réglé en 5 secondes (là aussi le suspens ne fonctionnerait pas, S. Aitan ne semblant pas avoir de superpouvoirs). Finalement le gangster fait mine de se jeter à l’eau puisque les flammes (que le héros n’utilise pourtant pas) n’y auront aucun effet. Blue Flame, toujours en mode « éteint », le rattrape de justesse par un pied et l’empêche de plonger.

A ce moment des évènements s’enchaînent de manière peu logique ou cohérente, comme si on avait retiré quelques pages ou au moins quelques cases explicatives au début de l’histoire. Capturé, S. Aitan se retrouve à quatre pattes dans le hors-bord et s’écrie : « C’est indigne : Je ne sais pas ce que mes sujets penseraient s’ils me voyaient ! ». Ah bon ? Des sujets ? Comment ça des sujets ? S. Aitan serait quoi ? Un roi ? Un démon (comme la variation du nom Satan peut le laisser croire) régnant sur une région de l’enfer ? Mais alors pourquoi était-il en train de voler un sac de joyaux sans le moindre homme de main ? Puis, surprise, S. Aitan change d’un seul coup de tactique : il mord le poignet de Blue Flame dans un « mouvement digne d’un cobra » et « répand son venin » ! Les dents de S. Aitan sont donc enduites de venin et ça aussi on avait oublié de nous l’expliquer ou même de nous le montrer (il aurait pu s’en servir pour attaquer Flaherty en début d’histoire). Mais Blue Flame est plus résistant que la moyenne. Il résiste visiblement au venin et est en état de frapper S. Aitan qui part à la renverse… dans l’eau. Autrement dit précisément ce que le gangster démoniaque voulait faire quelques instants plus tôt mais que le héros voulait empêcher. Là, c’est Blue Flame lui-même qui le pousse à l’eau sans s’apercevoir de la contradiction et qui déclare que, de toute façon, il le capturera à nouveau quand il reviendra à la surface. S. Aitan, avant de disparaître sous les eaux, a le temps d’émettre de sérieux doutes.

Plus tard, Blue Flame constate avec amertume que son adversaire est sous l’eau depuis plus de 5 minutes et qu’il s’est sans doute noyé. Le héros utilise alors le hors-bord pour retourner vers la ville. Ce qui peut sembler bizarre au premier abord (il irait plus vite en s’enflammant et en volant) mais quand on y réfléchit le hors-bord lui permet sans doute de transporter les bijoux sans les endommager. Le héros fonce ensuite au Q.G. de la police pour rendre le butin, expliquant que le coupable s’est noyé. Mais le commissaire, très étonné, lui demande alors ce que veut dire un message écrit sur une carte de visite : « Tu m’amuses beaucoup, Flamme Bleue, peut-être que nous nous rencontrerons à nouveau ! Signé… S. Aitan ! ».

Et ainsi s’achève le seul épisode de Blue Flame paru pendant le Golden Age. La raison première, c’est qu’il n’y eut pas de Captain Flight Comics #12. Le titre s’arrêta avec ce numéro et il ne risquait donc pas d’y avoir de suite. Il est cependant permis de douter que Blue Flame était promis à un grand avenir, même si l’anthologie avait duré. Dans le jargon des comics, ce récit est ce qu’on appelle un « filler » (un « remplisseur »): un épisode bouche-trou produit bien avant et qui n’a servi qu’à boucher un trou de six pages dans la revue. D’ailleurs c’est évident si on y regarde bien. L’histoire semble comporter de nombreux soucis de logique interne mais si on y regarde bien elle était sans doute plus longue à l’origine (ce qui explique ces références étranges à des sujets) et a été écourtée pour correspondre aux pages disponibles. Reste à savoir comment et pourquoi Four Star Publications a pu prendre le risque de publier un tel plagiat d’Human Torch et de risquer le courroux de Timely/Marvel, le véritable éditeur de la « Torche Humaine » originelle. En fait il faut remettre les choses dans le contexte de l’époque. Bien qu’Human Torch soit très célèbre et identifiable dans les comics des années 40, Timely/Marvel était loin d’être un éditeur aussi important que DC ou Fawcett à l’époque. La preuve en est que la société avait du renoncer de poursuivre les imitations de Captain America et en avait été réduit à publier un avertissement demandant à ses lecteurs de préférer l’authentique plutôt que les copies. Singer un personnage de Timely, c’était donc moins risqué qu’imiter Marvel ou DC. En tout cas à l’époque.

Une autre raison de l’existence de cet épisode est qu’il n’a sans doute pas été produit pour Four Star Publications. On ne connait pas l’identité du scénariste mais les dessins sont marqués d’un « SZ » qui correspond à la signature de Zoltan Szenics. Zoltan Szenics ? Qui est donc ? Quelqu’un de pas aussi populaire qu’un Joe Kubert ou qu’un Gil Kane. Szenics fait partie de ces noms qui ne sont pas imposés dans l’Histoire des comics mais qui y ont contribué, à leur manière et de façon régulière, pendant plusieurs années. Si on se base sur ce qui est connu et identifiable, Zoltan M. Szenics (1915-1995) aura passé la plus grande partie de sa carrière comme lettreur et encreur. C’est à dire principalement comme un assistant pour d’autres artistes. Mais pendant le Golden Age on ne créditait pas systématiquement l’équipe créative et on n’a qu’une vision très partielle du parcours de Szenics. On sait qu’il était d’origine hongroise et qu’il a commencé à travailler dans le milieu de la BD américaine dès les années 30. Mais Szenics (surnommé Zully par ses pairs) ne signait pas toujours ses travaux de son propre nom. Cette aventure de Blue Flame en est la preuve. Il est arrivé d’autres fois que Szenics prenne pour pseudonyme une variation de son prénom, Zolton. Peut-être utilisa-t-il d’autres noms, ce qui complique la tâche de tout historien lancé sur sa trace. Parmi les divers repaires identifiables, on sait que Szenics avait collaboré au fameux studio « Eisner & Iger » (qui fournissait du contenu clé en main aux éditeurs à la fin des années 30). Szenics faisait déjà partie des employés réguliers de Quality Comics en 1940 et qu’il était à ce titre un collègue de gens comme Jack Cole. Szenics fut aussi le lettreur de Will Eisner sur les premiers épisodes du prestigieux Spirit. Le plus souvent lettreur ou encreur, il ne fut que très rarement dessinateur (on note ainsi quelques pages du Black Hood de chez Archie/MLJ). Il travailla aussi pour des histoires publiées par DC Comics et sans doute d’autres éditeurs…

En quoi cette carrière mal connue peut-elle nous éclairer sur la genèse de Blue Flame ? C’est simple : Elle ouvre quelques hypothèses. A commencer par le fait que cet épisode pourrait tout simplement avoir été, à l’origine, une histoire pensée et produite pour être vendue à Timely/Marvel quelques années plus tôt. Un épisode test que Szenics aurait illustré pour tenter sa chance auprès de la société de Martin Goodman ou que le studio « Eisner & Iger » lui aurait commandé en le destinant à Goodman. L’explication la plus simple serait que « Blue Flame » soit simplement un épisode prévu pour Human Torch mais qui ne serait jamais paru et qui aurait été simplement recolorié quelques années plus tard pour tenter de le faire passer pour un autre héros finalement pas si éloigné. Ce qui est intéressant de noter c’est que dans Marvel Comics #1, en 1939, le scénario du premier épisode d’Human Torch fait tout spécialement référence à la capacité du héros à changer la couleur de sa flamme… en bleu ! La mise en couleurs des dessins, elle, n’en tient pas compte, mais il y a, dans le texte, un gros indice qu’Human Torch a bien failli être bleu. Une variation de cette idée de départ est que Blue Flame n’aurait pas été une histoire d’Human Torch maquillée mais une imitation initiée par une demande de Martin Goodman lui-même. On sait qu’il cherchait à reproduire le succès de son héros-vedette. L’invention de plusieurs autres héros de Timely fut causée par les demandes de Goodman qui demandait à ses auteurs ou aux studios de lui fournir d’autres personnages façon Human Torch. C’est ainsi que furent créés, à des degrés divers, des personnages comme le Fiery Mask de Joe Simon ou encore le Blue Blaze, héros lugubre qui doit ses pouvoirs à… une flamme bleue. Une troisième théorie (à laquelle je crois moins, mais ce n’est qu’un sentiment personnel) serait de s’en tenir aux images et à l’uniforme (le simple slip) porté par le héros dans Captain Flight Comics #11 : Blue Flame ne serait pas une histoire d’Human Torch maquillée mais un dérivé avorté. Ce serait Toro, le compagnon brun de la Torche, qu’on verrait dans cette histoire. Il se serait agît de donner ses propres aventures solo à ce faire-valoir mais, pour une raison ou pour autre (par exemple ne pas vexer Carl Burgos, l’inventeur d’Human Torch), le projet serait resté dans les cartons. Au moment de le publier Four Star Publications se serait donc contenté de changer la couleur de la flamme mais le « costume » serait resté dans l’état. On ne peut être sur de ce qu’était Blue Flame à l’origine mais c’est assurément une histoire maquillée, transformée à la va-vite pour combler les dernières pages disponibles d’un magazine sur le déclin.

Pour toutes ces raisons Blue Flame n’est donc pas le plus original des super-héros. Mais il a la particularité d’être tombé dans le domaine public américain, aucun ayant-droit n’étant en mesure d’en revendiquer la propriété (Four Star Publications s’est éteint depuis longtemps). Ce qui veut dire que si Human Torch est un personnage dûment possédé et déposé par Marvel Comics, son imitateur, Blue Flame, est utilisable par… tout le monde ou presque. C’est un fait que n’a pas manqué de relever AC Comics, éditeur de Femforce. Dans cette série, de nombreux personnages secondaires sont des héros du Golden Age tombés dans le domaine public. A l’intérieur de l’histoire, la justification veut que dans l’après-guerre la plupart des héros se soient sentis inutiles et aient préférés être plongés dans une sorte d’hibernation en attendant que le pays ait à nouveau besoin d’eux. Pour une raison obscure, les dits-héros n’auront pas jugé bon de s’éveiller pendant la guerre du Vietnam ou quelques autres crises majeures que les USA ont pu traverser. Mais à l’ère moderne ils ont été tiré de leur sommeil et se sont attaqué à nouveau à la criminalité et à de nombreux super-vilains. Vous aurez deviné que Blue Flame fait partie de ces héros « revenants » et on a pu le revoir dans plusieurs épisodes de Femforce. Avec une caractéristique cocasse : Femforce est une revue imprimée en noir et blanc. Blue Flame n’y apparait donc absolument pas en bleu mais bien privé de toute couleur. Du coup, dans les faits, il est en tout point identique à une version en noir et blanc d’Human Torch…

[Xavier Fournier]