Avant-Première VO: Review Action Comics #1004

Avant-Première VO: Review Action Comics #1004

29 octobre 2018 Non Par Xavier Fournier

C’est un mystère qui occupe Superman pratiquement depuis sa reprise par Brian Michael Bendis ? Qu’est-il donc advenu de Lois, partie dans l’espace pour élever son fils mais curieusement revenue sur Terre sans en toucher mot à son mari. Le scénariste plus ou moins adroitement aux questions et instaure, dans la foulée, la nouvelle alchimie des relations au sein du couple Kent. Enfin… à condition qu’il y ait toujours un couple Kent !

Action Comics #1004Action Comics #1004 [DC Comics]
Scénario de Brian Michael Bendis
Dessins de Ryan Sook
Parution aux USA le mercredi 24 oct 2018

Dans son jeu reconstruction de la vie de Superman/Clark Kent, Bendis a réparti l’essentiel des effets spéciaux du côté de la série Superman et s’est gardé le côté vie privée pour Action Comics. Il est donc logique que ce soit dans ce titre qu’on pose la question de la présence de Lois Lane-Kent, aperçue ces derniers épisodes sur Terre sans sembler particulièrement pressée de retrouver Superman. L’épisode commence pourtant avec la démonstration que la situation échappe aussi bien à Lois qu’à Clark puisque quelqu’un d’autre apprend et révèle le retour de la journaliste, qui plus est en tournant la chose en scandale. Superman a donc quelques questions pour son épouse… ou plus exactement il en avait puisqu’avec l’utilisation d’ellipses propres à Brian Michael Bendis, on découvre qu’il était déjà au courant de l’essentiel. Qu’est-il donc arrivé à Lois (et par extension au petit John) ? On peut dire que sur ce plan Bendis est inégal. Il débouche effectivement sur une situation intéressante mais sans que les explications soient particulièrement logiques. Que Lois revendique une certaine indépendance c’est un fait. Qu’elle revienne vivre à Metropolis sous le nez de Superman mais en se cachant sous une perruque, cela devient une situation baroque difficilement compréhensible dans le contexte interne de la série. Mais dans le même temps cette prise de distance appelle, comme un retour de manivelle, une redéfinition de la complicité des Kent. On regrettera que Bendis paraisse si pressé de se débarrasser de Jon/Superboy mais dans le même temps cela faisait longtemps que l’on n’avait pas vu Lois et Clark parler autant de leur relation ou même assumer (mais dans des scènes pas putassières pour autant) leur sexualité. Disons que la mise en place est bancale mais que pour autant elle débouche sur quelque chose d’intéressant.

« Poked a little hole in your story. Made you doubt the entire damn thing. »

Aux dessins on retrouve le trop rare Ryan Sook qui nous donne une vision classique et par conséquent intemporelle de Clark et de Superman, une sorte de manière de résister au temps, au changement, qui vient à contresens de la volonté de DC ces dernières années de le mettre « au goût du jour » en le faisant suivre telle ou telle mode. Le Superman de Sook est une sorte de monument en dehors de son époque, un effet justement maîtrisé pour répondre, en creux, aux palabres et aux gesticulations des gens qui l’entourent. Superman jette même un coup d’œil oblique à l’histoire de sa mort, au Superman des années 90, en parlant du « bon vieux temps » tandis qu’un Jimmy Olsen lui répond sans rien à comprendre la situation. Ce n’est pas que Superman est paumé, c’est que son entourage s’agite autour de lui. Protagoniste principal de la série, Superman en est aussi le témoin. Le mix entre les volontés de Bendis et de Sook se complète admirablement, malgré les réserves que l’on peut avoir sur les justifications de Lois, et l’épisode est très efficace. Reste à voir combien de temps le Daily Planet pourra continuer d’être une telle marmite…

[Xavier Fournier]