Avant-Première VO: Do Androids Dream of… #10

30 mars 2010 Non Par Comic Box

[FRENCH] Dans le genre « arroseur arrosé » voici le chasseur d’androïdes suspecté lui-même d’être un androïde par une agence de police dont il n’a jamais entendu parler. Et la femme qui répond chez lui n’est pas son épouse ! De quoi semer le doute dans l’esprit du personnage comme dans celui du lecteur. Un passage bien schizo, qui véhicule bien les fondamentaux de Philip K. Dick.

Do Androids Dream of Electric Sheep #10 [Boom!] Scénario de Philip K. Dick & Tony Parker
Dessin de Tony Parker
Parution aux USA le mercredi 31 mars 2010

Quand Philip K. Dick écrit sur des gens qui jouent aux gendarmes et aux voleurs, il y a toujours un moment où les personnages oublient qu’il s’agit d’un jeu. Ou au contraire finissent par trouver le jeu si réel qu’il se demandent si la fiction n’est pas leur existence en dehors ce qui n’est peut-être pas un jeu. Nombreux sont ses romans où le héros se demande si finalement il n’a pas tout inventé et s’il peut se faire confiance à lui-même. Ce dixième numéro de Do Androids Dream of Electric Sheep donne toute sa dimension à l’aspect paranoïaque du roman de Dick, aspect tout juste survolé dans le film Blade Runner.

Deux choses viennent peut-être perturber l’adaptation par ailleurs ultra-fidèle que fait Tony Parker. D’abord (et c’est une remarque récurrente dans bon nombres de publications Boom) il y a l’encrage que je trouve un peu trop linéaire, que retrace plus les crayonnés plutôt de leur rajouter réellement de la force. Ensuite il y a l’effet pervers d’une adaptation « mot pour mot ». Non seulement le dessinateur est fidèle à l’action mais il ne se contente pas de la représenter. Elle est doublement exprimée puisque les commentaires du roman sont conservés. Par exemple un personnage ne va pas se contenter de dire une phrase en décrochant un téléphone. Le commentaire, sous la bulle, va insister d’un « dit-il en décrochant le téléphone ». C’est un parti pris qui pourra gêner certains lecteurs, comme si on regardait un film en oubliant d’avoir coupé le commentaire audio du réalisateur. D’un autre côté on ne pourra pas faire à ce comic-book le procès d’un manque de fidélité. Et pour le numéro qui nous intéresse aujourd’hui cette narration sur deux niveaux participe même à l’étrangeté de l’histoire et au malaise du héros. Dans le cas présent ça passe dont plutôt bien mais une fois encore mieux vaut être prévenu et accepter cette règle de narration. Personnellement, tant qu’à choisir, je préfère cette option plutôt que ce qu’on a parfois pu voir sur de vieilles adaptations de Conan ou de Dracula où les personnages mimaient les actes décrits dans les livres mais ne reflétaient pas, finalement, la prose de leur créateur.

[Xavier Fournier]