Swamp Thing S01E01

Swamp Thing S01E01

2 juin 2019 Non Par Xavier Fournier

Swamp Thing, troisième série originale produite pour la plateforme DC Universe, faisait ses premiers pas cette fin de semaine. C’est loin d’être la première adaptation à l’écran de la « Créature du Marais » et des teasers inégaux avaient fait craindre le pire. Mais pour ce qui est de cet épisode de démarrage, la série conçue par Gary Dauberman et Mark Verheiden se révèle jouer selon d’autres règles que les Titans ou la Doom Patrol, avec à la clé une plus grande volonté de fidélité.

« You’re clearly not a local. »

Dans la ville de Marais (en Français dans le texte, comme disais l’autre), en pleine Louisiane, rien ne va plus. Les marécages voisins sont envahis par une végétation à la fois luxuriante et… agressive. Les lianes et autres racines sont comme autant de tentacules qui s’en prennent à ceux qui s’approchent trop. Et ça, ce n’est que le début des ennuis pour les habitants du secteur, alors que les plantes semblent aussi être la cause d’une étrange épidémie qui, désormais, menace la santé des humains. Heureusement il existe une spécialiste des épidémies qui connait bien l’endroit. Abby Arcane (Crystal Reed) a passé sa jeunesse à Marais mais s’en est éloignée après une tragédie. Elle est la première surprise de revenir à Marais. Mais rapidement les questions prennent le dessus et le seul qui semble avoir un semblant de réponse, c’est un jeune scientifique à la réputation louche. Les théories fantasques d’Alec Holland (Andy Bean) lui ont valu de se griller un peu partout. Pourtant il veut absolument partager le résultat de ses recherches avec la jeune femme.

Swamp Thing S01E01

« You like mysteries? »

Swamp Thing n’est pas un super-héros mais un personnage fantastique associé (parfois lointainement) à un univers de super-héros. C’est peut-être ce qui explique que pour la troisième série de DC Universe les concepteurs se soient radicalement éloignés de la recette des deux premières. Titans comme Doom Patrol prennent comme postulat de départ l’existence préalable de surhommes dans leurs univers. D’une certaine manière Robin, Cyborg, Robotman ou les autres n’en sont plus à s’étonner de leur existence, ils sont déjà à l’étape suivante, à se demander quoi faire de leur destin. Par conséquent la dose de « réel » dans les deux séries est minimale. On y voit peu de « vraies personnes ». Pour autant que Swamp Thing ne manque pas de superpouvoirs, cette série-là préfère partir d’un environnement normal confronté à quelque chose qui l’est beaucoup moins. Au moins pour ce premier épisode, ce n’est pas tant une histoire de créature florale que le récit d’une jeune doctoresse qui se retrouve face à une menace qu’elle ne comprend pas.

« Who are you, again? »

La série Swamp Thing ce n’est pas Superman ni même Hulk, c’est plutôt quelque chose du registre d’un épisode d’X-Files ou de Fringe. On peut même parler d’un équivalent végétal de The Thing, tant même une scène de « test » de la substance fait penser au film dans la version John Carpenter. Ceux qui doutent pourront aussi se rattraper avec une scène d’autopsie qui nous ramène à ce film de 1982. Et dans le rôle du type convaincu que la vérité est ailleurs, on a un Andy Bean qui (à défaut d’avoir un visage ressemblant au Alec Holland des comics) campe en quelques scènes un mélange de scientifique voulant bien faire mais trop impatient pour son propre bien.

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« The joy always have been in the discovery »

Ce premier épisode, mine de rien, place beaucoup de choses, avec même une certaine accélération vers la fin. C’est proprement le début des origines de Swamp Thing. Puisqu’on est plus dans le cadre d’un film fantastique ou d’horreur (rien que la scène d’ouverture place les points sur les « i »), on n’échappe pas à quelques clichés du genre, comme par exemple les scientifiques qui pensent parfois à se protéger (mais parfois pas du tout) d’une substance très infectieuse (mais parfois pas du tout). Les mêmes passeront sans encombre dans un marais paisible dans ce qui était, quelques scènes plus tôt, un secteur passablement animé et dangereux. Les choses se passent un peu selon ce qui arrange ou pas les scénaristes. Cela dit, il convient de noter que si l’épisode se fait parfois académique, il y a peu de clichés véritablement gênants. En fait, on est même plutôt surpris par un niveau général qui, sur cette première heure, est plutôt bon ou en tout cas meilleur que ce que les récentes annonces d’un DC écourtant en hâte la production pouvaient laisser craindre.

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« Go ahead, promise… »

Swamp Thing ne prétend pas être Legion ou Preacher mais il y a une vraie connaissance du matériel de base. Si l’histoire est quelque peu mise à jour pour ce début de XXI° siècle et en un sens « comprimée » (on a aussi bien l’origine de la créature que quelques éléments comme Sunderland et le CDC)l’esprit demeure. Difficile de savoir s’il en sera ainsi sur toute la série mais pour ce premier épisode les producteurs ont aussi choisi de faire des marécages une sorte de personnage à part entière. C’est à dire que l’action ne se passe pas simplement dans un sous-bois. De nombreuses scènes se passent dans l’eau (la construction de réservoirs a été nécessaire), ce qui pose un certain défi technique. Même si une partie des « racines » et autre plantes animées sont générées par des effets numériques, ce décor aquatique et donc plus « physique » fait qu’on a l’impression d’un tournage qui s’est donné beaucoup plus les moyens de ses ambitions (peut-être aussi parce qu’il ne s’agit pas d’une équipe mais que tout est centré sur un protagoniste principal). Avec toutes les réserves que cela impose (on a vu d’autres séries tout balancer dans un premier épisode puis donner l’impression de s’enfuir avec la caisse), Swamp Thing démarre mieux qu’on pouvait le penser. Reste que c’est une origin story et qu’il faut voir aussi, à l’usure, ce que donneront les effets autour de la créature. Pour l’heure, la série surfe sur le cinéma de John Carpenter et marche sur les pas de Len Wein et Berni Wrightson (mais sans s’interdire d’arriver vite sur certains éléments d’Alan Moore et Steve Bissette, certains posters semblant le promettre).

[Xavier Fournier]