Constantine S01E03

Constantine S01E03

10 novembre 2014 Non Par Comic Box

Constantine S01E03[FRENCH] Troisième épisode de Constantine et l’occasion pour le spectateur, après un épisode relativement fidèle et un autre totalement « générique », de trianguler, d’évaluer le rythme de croisière de la série TV. Hélas on retrouve certains défauts et surtout une gestion de l’humour qui tombe régulièrement à plat. La particularité, cette semaine, étant d’introduire un « bad guy » connu de la BD, Papa Midnite…

Constantine S01E03

Le rythme de croisière ?

Pour ce troisième épisode, la production a décidé de fusionner les éléments du « pilote » et de l’aventure de la semaine dernière. Si bien que Zed débarque dans la maison mystique où évoluent John Constantine et Chase, que l’on croise à nouveau Harold Perrineau en mode « je suis un ange, ouaip, mais faut pas me chercher ». Et en même temps on prend la mesure des éléments que l’équipe de la série a décidé de mettre en retrait. C’est-à-dire qu’on ne s’arrête pas simplement à un changement d’actrice/second rôle féminin. Constantine, que l’on nous avait vendu comme un être torturé dans le pilote, hanté par le fait d’avoir provoqué la damnation d’une petite fille, n’y fait plus du tout allusion. Et autant ce serait lassant si le sujet revenait systématiquement toutes les 5 minutes, autant priver le personnage et la série de ce thème sur le long cours est une erreur. Si l’on compare à toutes les autres séries TV actuellement dérivées de comics, il y a un aspect feuilletonnant plus ou moins précisé mais réel. Flash s’est donné pour mission de contrer les spéciaux issus d’une catastrophe, Oliver Queen est pris dans les mystères de ce qui lui est arrivé sur l’île. Walking Dead est une fuite en avant assumée, un peu comme (mais de manière différente) Agents of SHIELD. Même Gotham dégage une forme de plan avec l’évolution de personnages comme le Pingouin ou Bruce. Là ? Si ce n’était de la mise en place de Zed, si l’on n’avait pas changé d’actrice, on aurait un épisode que l’on pourrait aussi bien voir avant celui de la semaine dernière. Constantine semble avoir perdu les éléments sur le moyen ou long terme pour se concentrer sur les menaces de la semaine. Du coup le suspens en prend un coup…

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Manque plus que le Tardis…

Dans l’épisode précédent, j’avais fait le rapprochement entre le changement de sidekick et le renouvellement des compagnons de Doctor Who. Le moins que l’on puisse dire est que cette fois les auteurs ne donnent pas dans la subtilité. Entre Zed qui découvre que la demeure de John est « plus grande à l’intérieur qu’à l’extérieur » et Constantine lui-même qui nous sort son équivalent du « papier psychique » du célèbre Docteur, on ne cache vraiment pas les emprunts. Même la scénographie des scènes (à l’hosto, par exemple) est similaire. Sorti de là, les reproches faits la semaine dernière au jeu d’Angélica Celaya tiennent toujours. Elle a deux expressions : la moue de désaccord et une empathie quasi-amoureuse avec tous les personnages qu’elle croise, d’autant plus qu’elle envahit l’espace personnel des autres acteurs. Sa tendance à se tenir à 5 cm du visage des autres, en combo avec cette mine d’empathie, donne l’impression qu’elle va se pendre au coup de ses partenaires. Ce qui est d’autant plus étonnant que le personnage de Zed est écrit de manière beaucoup plus cynique que ça, aux antipodes du jeu de l’actrice. Zed, c’est un peu la Skye d’Agents of SHIELD saison 1. Peut-être, cependant, que la prod a une porte de sortie intéressante, en insinuant que John et elle ne se font pas totalement confiance et qu’elle n’a pas livré tous ses secrets.

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« What happened to the John Constantine… »

Cette semaine, les scénaristes de Constantine nous proposent une variation de The Ring. En lieu et place d’une cassette VHS qu’il ne faudrait regarder sous aucun prétexte, c’est d’un disque maudit dont il s’agît. L’écouter conduit à la mort et à la damnation. Enfin… peut-être. Cela dépend. Là-dessus, selon les scènes et les protagonistes, les effets sont totalement différents. Le premier contaminé se transforme en serial killer après quelques secondes d’écoute mais, plus loin, quand il s’agit d’autres personnes, il suffit d’arrêter le disque pour que les effets s’estompent. Va comprendre, Charles (soyons « bons clients » et imaginons que cela dépend de la pureté de l’âme de celui ou celle qui entend ce disque). The Ring ? Finalement, ce ne serait pas un mauvais modèle de partir dans quelque chose de ce genre. Si ce n’est que dans The Ring, quand même, que l’on soit client ou pas, l’effort est fait pour donner un semblant d’atmosphère oppressante. Là ? Ce n’est guère le cas, d’autant que la position du tandem s’organise de façon curieuse. Ce Constantine-là a aussi des accents de… Jack Sparrow. Quand il se lance dans un rituel, il prend des allures ridicules sans doute assumées par les auteurs (l’incantation couvert de sang, la scène dans la morgue). Constantine est le type qui est tellement habitué à recourir à des talismans bizarres qu’il en perd la plupart du temps tout sens pratique et qu’en plusieurs endroits, c’est Zed qui résout le problème de façon plus terre-à-terre. C’est très bien s’il s’agît d’établir que Zed ne sera pas une simple potiche mais pas très heureux pour installer le rôle principal de la série.

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Punk mais pas trop

Ce qui manque à cette série, c’est le côté moquerie sociale. Les premiers Hellblazer de Delano ne manquaient pas d’égratigner les « Yuppies », un peu à la manière du film les Prédateurs. Le John Constantine des premières années, c’est un exorciste prolo bien souvent en guerre contre des démons, des anges ou des sorciers qui évoluent dans des couches sociales aisées. C’est ce que pourraient indiquer les tenues friquées de Manny ou de Midnite. Mais la critique ne va guère plus loin que ces éléments de costumes. Il manque là-dedans de la rage, le côté bâtard de John. D’ailleurs c’est au moins un élément que l’on trouvait dans le pilote, quand il forçait la main à Ritchie (Jeremy Davies). L’implication, fidèle à la BD, était qu’il vaut mieux ne pas faire partie des amis de Constantine, qu’ils finissent mal en général. Mais à part une petite réplique de la semaine dernière, cette dimension semble oubliée. Si l’on sait ce qu’est Chase, on se doute qu’à un moment il y aura des révélations de ce côté-là. Mais le Constantine de ces deux dernières semaines est « un bon pote », un type qui ne laisse personne derrière et qu’inversement on n’abandonne pas. Alors qu’en fait, si le vrai Constantine doit choisir entre sauver sa peau ou la vôtre, il choisira toujours la sienne. Par contre, on appréciera mieux l’émergence d’éléments liés au passé punk de Constantine. Des références à son ancien groupe (Mucous Membrane) et aux Sex Pistols sont les bienvenues, même si elles restent en surface. Papa Midnite est plutôt bien incarné par Michael James Shaw. Si cette première apparition ne lui laisse pas totalement les coudées franches (c’est un peu le contraire de Zed: le personnage n’est pas super bien écrit mais bien joué par Shaw), Midnite s’installe comme un personnage récurrent qui va (peut-être) renforcer la mythologie de la série… Au final l’effet est « moins pire » que la semaine dernière, où j’avais vraiment l’impression de me faire refiler un scénario type d’une autre série où l’on aurait changé les noms propres pour donner le change. Mais ça reste poussif. Disons qu’à choisir, je regarde plus facilement un Constantine qu’un Gotham. Mais si l’on s’en tenait à Hellblazer et l’aspect « canal historique » de Constantine, cette série devrait être le The Shield (la série avec Michael Chiklis, pas les agents de Marvel) ou The Sopranos des exorcistes. On est loin du compte.

[Xavier Fournier]