Avant-Première VO: Batman: Return of Bruce Wayne #3

24 juin 2010 Non Par Comic Box

[FRENCH] Bruce Wayne, à la dérive dans l’espace-temps, échoue dans une nouvelle époque tandis que Grant Morrison (accompagné cette fois-ci de Yanick Paquette aux dessins) passe en mode « Pirates des Caraïbes ». L’occasion d’en apprendre plus sur les « Bat-People » et sur le passé de la Batcave…

Batman: Return of Bruce Wayne #3 [DC Comics] Écrit par Grant Morrison
Dessins de Yanick Paquette
Sortie aux USA le mercredi 23 juin 2010

Assez curieusement la couverture de Kubert est cette fois peu représentative du contenu. S’il y a bien des pirates dans cette histoire et si même Barbe Noire est au menu, vous ne verrez pas Bruce Wayne en tenue de Bat-corsaire sautant à l’abordage d’un navire adverse. Non, s’il y a bien des points communs avec Pirates des Caraïbes, on se rapproche plutôt des scènes finales du film, quand il s’agissait de s’aventurer dans une sorte de grotte maudite. Et, vous l’aurez compris, la grotte en question n’est rien d’autre que le futur sous-sol du manoir Wayne. Après un deuxième épisode de la série qui restait très centré sur le personnage principal et ses mésaventures à l’époque puritaine, ce troisième chapitre de Batman: Return of Bruce Wayne revient vers une narration et un esprit plus proche du premier numéro. A savoir : la conjugaison d’un voyage dans le passé avec une texture liée à divers éléments du DC Universe. La lignée du Black Pirate, flibustier publié de longue date par l’éditeur, se mélange avec le sort des Bat-People, cette mystérieuse tribu qui adore Batman depuis la préhistoire (d’ailleurs un peu trop : on reste quand même étonné qu’à travers plusieurs millénaires le culte reste finalement assez proche de ce qu’il était à l’origine, sans qu’il y ait de déformation plus importante). D’ailleurs je me demande un peu où étaient passés les mêmes Bat-People dans l’épisode précédent, quand Bruce s’aventurait déjà dans le même endroit. Mais globalement Morrison met en place les éléments qui vont servir à construire une réelle démarche pour Bruce (cette fois, il est plus actif dans la trace qu’il va laisser, au fur et à mesure qu’il retrouve la mémoire). On a donc l’impression d’entrer de plus en plus dans le vif du sujet…

Pour la mise en images Morrison retrouve Yanick Paquette, récemment revenu de chez Marvel et des X-Men, lequel se glisse dans l’histoire avec aisance. On connait Yanick pour sa capacité à dessiner de belles héroïnes toutes en courbes… Et bien le voici, encré par Michel Lacombe, qui nous livre un épisode pratiquement pas mixte (si on excepte une case et demi où on voit une certaine amazone) et qui nous montre par là, s’il en était besoin, qu’il est un bon narrateur même quand il n’y a pas foule de pin-up girls à incruster dans le récit. Chapeau aussi pour l’évocation réaliste de Barbe Noire, premier personnage historique « réel » à faire son apparition dans la série. Cela fait bien longtemps que DC n’a pas publié de vrai comic-book de pirate (par opposition à d’autres « genres historiques » comme Jonah Hex) et l’artiste et son encreur s’en tirent pourtant à merveille, servis par ailleurs par une mise en couleurs aux tons atypiques, qui symbolisent bien le changement d’époque. On se dit qu’on enchainerait bien avec une mini-série Black Pirate par la même équipe créative tant l’ambiance avec eux paraît naturelle… Morrison et ses divers « alliés graphiques » continuent de détourner un projet bien en vue pour forcer DC a refaire de la BD historique de genre. On est carrément quelques étages au dessus de Captain America Reborn en termes d’ambition et la réalisation est bien plus sympa, réinjectant des éléments qu’avec un peu de chance on retrouvera par la suite dans d’autres projets…

[Xavier Fournier]