Avant-Première Comics VO: Review Major X #1

Avant-Première Comics VO: Review Major X #1

3 avril 2019 Non Par Xavier Fournier

Rob Liefeld, THE Rob Liefeld, fait son retour chez Marvel en s’appuyant sur des visages connus. Cable, X-Force et Deadpool occupent une place centrale dans le lancement de Major X, nouveau personnage mutant venu d’un futur alternatif mais prêt à en découdre avec quiconque se mettra sur sa route.

Major X #1Major X #1 [Marvel Comics]
Scénario de Rob Liefeld
Dessins de Rob Liefeld
Parution aux USA le mercredi 3 avril 2019

On ne peut pas nier que Rob Liefeld soit une figure controversée. Il faut dire que son dessin n’a guère évolué depuis les années 90, entre anatomies désarticulées et expressions forcées (et beaucoup, mais alors beaucoup de poches et de rembourrages, l’auteur s’en amuse lui-même dans ces pages). Mais il faut dire aussi que lorsqu’on prend en main un épisode produit par Rob Liefeld en 2019, on sait déjà cela et à priori on sait à quoi s’attendre. Ce n’est pas dans Major X qu’on trouvera un dessin à la hauteur d’un Dave Stevens ou d’un John Buscema. Et personne, à priori, ne peut véritablement crier à la tromperie ou à la trahison. Controversé, certes, mais Rob Liefeld est un agitateur dont la présence remue en général les choses et qui a à son actif la création de Cable, de Deadpool ou d’X-Force. Et d’ailleurs Liefeld s’assure que personne ne l’oublie en utilisant d’emblée ces personnages qui sont les siens (avec une guest-apparition de Wolverine, comme à l’époque où cela faisait partie d’un rituel). Le fait est que Major X était déjà sold-out l’avant-veille de sa sortie et est déjà parti en réimpression, démontrant que, oui, même si Liefeld n’a pas le dessin le plus abouti de la planète, il génère cependant une attente certaine, peut-être une nostalgie. Il faut voir que – sans rien enlever aux auteurs qui sont encore chez Marvel ces temps-ci – depuis plusieurs années la Maison des Idées à fait le choix de mettre en avant ses personnages au détriment des auteurs. Ces derniers, quand ils se sont fait un nom, ne sont pas spécialement « retenus » et s’en vont donc chez Image Comics ou DC (des noms autrefois totalement associé avec Marvel, Romita ou Bendis, en sont la preuve). Même si Liefeld génère un certain nombre de critiques, pour la plupart justifiées, il n’en reste pas moins qu’il est un « name » qui retouche, après des années d’absence, à la sphère des mutants. Ceci explique peut-être cela et laisse rêveur sur ce qui se passerait si Marvel faisait les efforts nécessaires pour attirer à nouveau certains autres auteurs passés.

« This all feels a little familiar… Is it just me? »

Pour le dessin, on sait donc à quoi s’attendre (ou ne pas s’attendre). La différence, cette fois, c’est que Liefeld est de retour chez les mutants sans l’aide d’un(e) coscénariste. Pas de Louise Simonson ou de Fabian Nicieza pour arrondir les angles et l’histoire de Major X, l’archétype du mutant venu du futur qui doit trouver dans le « présent », négocie des virages abruptes, surtout quand on compare les dialogues à ce qui se passe. La date « présente » n’est pas très définie, à voir le casting on a clairement l’impression que c’est quand même quelques années en arrière, même si Deadpool, à l’évidence, semble faire ami-ami avec X-Force. Exemple des aléas de sens ? Major X voit sa timeline effacée (les quelques ressortissants aperçus ressemblent d’ailleurs FORTEMENT à Youngblood)… et jure de se venger sur les « traitres » qui l’ont détruites. Alors que l’histoire n’évoque aucun traitre et qu’on se demande comment « X » saurait que les événements ont un ou plusieurs responsables. On comprend d’autant moins ce qu’il espère faire dans le « présent » vu qu’il ignore les conditions qui ont causé cette destruction. Et les dialogues du début n’ont aucune continuité avec ceux de la fin. Par exemple, l’épisode commence avec Major X qui explique avoir reconnu Cable en premier puisqu’il est le sauveur de la race mutante, chose qui ne fonctionne pas du tout avec l’échange entre X et Cable vers la fin. Peut-être aussi que Liefeld aurait pu aussi se bouger pour ne pas sur-cloner Deadpool (Major X a de faux airs du personnage mais il y a également un troisième personnage qui surfe sur cette vague). Et en même temps on ne peut pas râler sur le fait que la promesse ait été essentiellement tenue. Major X, la série, lorgne à fond sur le début des années 90, les coups de sabre, les gros flingues, les griffes en adamantium et beaucoup de testostérone (au point d’ailleurs qu’à part quelques rares phrases de Domino, les femmes liées aux X-Men et à X-Force sont totalement laissées de côté). Pour finir, ceux qui veulent Liefeld pour Liefeld sont servis. Ceux qui hésitent se disant qu’ils n’aiment pas spécialement son style mais qu’ils ont peur de louper une étape importante de l’histoire des mutants peuvent cependant se rassurer. Il y a aussi, sans doute, un peu entre les deux, ceux qui liront l’épisode comme un plaisir coupable et une occasion de taper sur l’auteur. Mais vraiment, ce qu’on peut dire, c’est que personne n’est pris en traitre. C’est laid, oui, (encore que la couleur donne du tonus) mais vous le saviez. On ne va pas voir Tommy Wiseau dans The Room en s’attendant à du Spielberg. Ne sont pris que ceux qui l’ont voulu. Dommage, même avec ces paramètres, que Liefeld n’ait pas demandé à quelqu’un d’autre d’écrire ses dialogues. Cela n’aurait pas rajouté des articulations ou réduit le nombre de poches mais certaines actions auraient peut-être, du coup, plus de raisons.

[Xavier Fournier]