Avant-Goût VO : Review X-Men Origins: Jean Grey

11 août 2008 Non Par Comic Box

[FRENCH] Au demeurant ce n’était pas gagné : Qu’avaient-ils besoin de nous ressortir les origines de Jean Grey alors qu’en gros tous ceux susceptibles de s’y intéresser les connaissaient déjà ? Et c’est vrai que de plus ce numéro ne révèle aucun secret caché, aucune fille secrète de Magnéto ou résurrection « surprise » en dernière page. Non, il s’agit bien de la genèse de Jean racontée par le menu. Mais pourtant la magie opère. Le trop rare Mike Mayhew y est pour quelque chose…

Longtemps, les X-Men n’eurent pas d’origines individuelles. On les voyait se réunir à l’appel du Professeur X (dans le X-Men vol.1 #1 de 1963) juste au moment ou Jean Grey rejoignait l’école et devenait Marvel Girl (ou Strange Girl si vous êtes fan des vieilles VF). Puis quelques années plus tard Roy Thomas s’étonna qu’on ne sache pas comment le prof avait recruté ses X-Men. Du coup quelques « backups » racontèrent les débuts de Cyclope, Iceberg, Angel et le Fauve. Jean ? Pour Jean il n’y en avait pas besoin puisqu’on la voyait arriver dans l’école dans le premier épisode. Pas d’origine cachée au demeurant. Il fallu attendre un épisode de Bizarre Adventures (#27, en 1981) pour que Chris Claremont, John Buscema et Klaus Janson révèlent que si Jean avait été la dernière à rejoindre le groupe originel, elle avait en fait été la première élève de ce cher Charles, entraînée à part pour lutter contre le traumatisme de la mort de sa meilleure amie. C’est dans cet ancien épisode que Sean McKeever et Mike Mayhew puisent la matière première pour raconter l’origine de Jean Grey un peu sur le ton des récents Mythos publiés par Marvel.

Disons-le tout de suite, en terme de gouts personnels je ne suis pas toujours très fan de la production du scénariste Sean McKeever, visiblement vu par l’industrie des comics comme un spécialiste des teen-agers. McKeever est précisément le genre d’auteur qui va vous prendre un comic book pour vous raconter l’après-midi d’un des Teen Titans ou de d’une Mary-Jane Watson ado dans un centre commercial. Et s’il y a sans doute un public pour ce genre de choses, ce n’est tout simplement pas ma « came ». Question de goûts. Il est certain que dans ce spécial on retrouve un peu les poncifs du scénariste concernant la nature « contemplative » des personnages adolescents. Mais dans le cas présent cela fonctionne beaucoup mieux car il s’agit de montrer comment le professeur Charles Xavier est arrivé à faire sortir la jeune mutante de sa coquille.

Mais l’atout majeur de ce numéro c’est Mike Mayhew, qui livre une peinture bien plus fluide que ce que Marvel avait pu nous proposer sur les Mythos. Un Mike Mayhew qui s’était fait plutôt rare en termes de pages intérieures ces dernières années et qu’on retrouve avec plaisir, à quelques mois d’écart, sur des productions comme un épisode de Spawn et, bientôt, dans sa nouvelle série « Savage ». Après, il est certain que ce style peint a ses adeptes mais aussi ses adversaires qui, bien souvent, reprochent à Mayhew ou Ross d’être trop figé et de faire plus de la peinture que de la BD. Pour ma part, vu que je n’attends pas du « dessin animé » le fait qu’il s’agisse de scènes posées ne me traumatise pas plus que ça. Oui, on sent le travail d’après photo et la Jean Grey de Mayhew ressemble à une jeune Scarlett Johansson rousse. Mais c’est efficace et on en reprendrait bien une petite louchée. Fort logiquement les dernières pages nous apprennent que ce spécial n’était que le premier d’une lignée consacrée aux origines des X-Men originaux (et le prochain à venir sera consacré au Fauve) mais il aurait été intéressant de voir ce que McKeever et Mayhew auraient pu faire sur d’autres époques de la vie de Jean, c’est à dire non plus l’adolescente mais la femme (période jupe verte) puis Phoenix (ou White Phoenix, puisque les autres incarnations sont désormais différenciée de la vraie Jean). Cela aurait formé un tout, une progression intéressante à regarder.

En définitive cet épisode ne change pas la donne, ne révèle rien de spectaculaire mais il a l’avantage de présenter de façon compacte et belle une origine qui jusque-là avait été éparpillée dans différents flashbacks. Il n’est pas certain que les « Origins » des autres X-Men à venir aient la même forme de pertinence…

[Xavier Fournier]