Review : Shazam : La Rage des Dieux

Review : Shazam : La Rage des Dieux

29 mars 2023 Non Par Pierre Bisson

On l’avait oublié… mais Shazam revient pour de nouvelles aventures en famille. Il faut dire que le film sort après de multiples reports et une campagne marketing faiblarde. Alors, prêt à retrouver le côté magique du DCEU ?

CAPTAIN EVERYPOWER

Voilà déjà trois ans qu’on avait laissé Billy Batson (Asher Angel) et ses frères et sœurs après leur victoire face au Dr Sivana (Mark Strong). Les super-héros continuent de défendre Philadelphie mais ne sont pas encore les plus doués. Malgré les pouvoirs de son alter-ego adulte (Zachary Levi), Billy doute de sa capacité de leader. C’est bien sûr à ce moment-là qu’une nouvelle menace débarque : les filles d’Atlas veulent récupérer les pouvoirs des Dieux que le Sorcier (Djimon Hounsou) a volé aux Dieux. Il va falloir puiser dans des talents insoupçonnés pour réussir à devenir un vrai héros.

AUCUNE ATTENTE, AUCUNE DÉCEPTION ?

Initialement prévu pour avril 2022, le long-métrage de David F. Sandberg a été repoussé en novembre 2022 puis en juin 2023, puis rétro-pédalage pour une sortie en décembre 2022… pour finalement sortir en mars 2023. Au milieu de tout ça, la hiérarchie de l’univers DC au cinéma a changé… mais pas comme l’avait annoncé Dwayne « The Rock » Johnson lors de la sortie de Black Adam. James Gunn et Peter Safran sont maintenant aux commandes et préparent un « soft reboot » : comprenez que certains éléments du passé pourront rester dans les prochains films et que certains acteurs (comme Henry Cavill/Superman) ont été remerciés. Safran est le producteur de Shazam : La Rage des Dieux (et du premier opus) mais ce n’est pas pour autant que Shazam reviendra sous cette forme à l’avenir. Avec tout ça, on n’attendant pas grand chose d’un film au futur incertain… et on est agréablement surpris. Le film ne se prend pas au sérieux mais ne vire pas pour autant dans des blagues à foison. Certes, il ne faut pas oublier que les héros sont avant-tout des enfants. Donc l’humour est assez basique et il ne faudra pas chercher le seconde degré dans toutes les blagues.

TASTE THE RAINBOW, MOTHERF****ER!

Là où la subtilité n’est pas non plus de mise, c’est dans les petits clins d’œil du réalisateur. Si les héros de la Justice League sont évoqués dès le départ (dans un monde « Snyderien »), Sandberg s’amuse à placer des allusions à ses racines cinématographiques : les films d’horreur. Outre une célèbre poupée de son compère James Wann (aussi réalisateur des deux Aquaman), il n’hésite pas à présenter des créatures horrifiques pour affronter les héros. C’était d’ailleurs déjà le cas dans le premier film avec les créatures représentant les Sept Pêchés. Même si elles semblaient sortir de Ghostbusters, elles n’hésitaient pas à dévorer la tête d’un comptable en gros plan. Ici, c’est un peu pareil : les monstres invoqués par les filles d’Atlas pourraient donner des cauchemars au jeune public, même si elles ne sont des plus horrifiques. Le réalisateur doit aussi jouer avec un placement de produit (imposé ou pas ?) et en fait un vrai argument dans le scénario. C’est « too much » mais on a un sourire coupable quand il va jusqu’à utiliser le ralenti pour bien mettre en avant les Skittles.

GRAND ENFANT OU ENFANT TROP GRAND ?

L’un des points difficiles à gérer quand les héros sont des enfants, c’est qu’ils grandissent trop vite pour les inévitables suites (hello, Stranger Things !). Environ trois ans se sont écoulés entre les deux tournages. Si pour certains, la différence ne se fait pas trop sentir (notamment pour Faithe Herman et Ian Chen), d’autres ont bien grandi. Ainsi Grace Fulton incarne maintenant aussi bien Mary en civil ou en super-héroïne. Asher Angel et Jack Dylan Grazer fleurent avec la vingtaine dans la vie réelle. Ici, on explique qu’ils ont bientôt dix-huit ans et que les services sociaux risquent de les abandonner. Malgré tout, Shazam, et son interprète Zachary Levi, continue de jouer à l’enfant. Voire à l’ado attardé. Son alter-ego humain semble être plus mature que sa version héroïque. C’est assez proche de ce qu’avait Geoff Johns dans les comics, lors du New 52 (et qui avait largement inspiré Shazam 1). Dans les comics plus anciens, lors qu’il prononçait le mot magique « Shazam », Billy était doté de la sagesse de Solomon. Ce pouvoir est évoqué dans le film mais il a l’air de totalement échappé à héros au costume rouge. Dommage, ça aurait été l’occasion de faire évoluer (en bien) le personnage et qu’il évite de toujours vanner pour détecter l’atmosphère. Les autres personnages jonglent mieux la dualité civil/héroïque. Et malgré ce problème de croissance des acteurs, le réalisateur ne les néglige pas, et au contraire, préfère mettre en avant les enfants que les super-héros. Mention spéciale à Jack Dylan Grazer et Adam Brody ! On aurait presque envie de voir un spin-off sur Freddie, tant les acteurs crèvent l’écran.

Il y a du bon et du moins bon dans ce retour de la « Shazamilly ». On adore toujours le côté sans prétention qu’avait le premier film. On est là pour s’amuser et ne pas se prendre au sérieux. Les enjeux sont là, même si on se doute que les héros s’en sortiront… même si tous n’en sortent pas indemne. On regrette que les vilains manquent quand même de relief. Lucy Liu, par exemple, vient clairement toucher son cacher (alors qu’elle chevauche quand même un dragon !), alors qu’Helen Mirren livre une performance acceptable. L’alchimie et le mimétisme des héros versions « enfants » et « adultes » fonctionnent toujours aussi bien. Si un certain cameo a fuité lors de spots TV (et il y est plus important que prévu), les scènes post-génériques sont LE second degré de Shazam : la Rage des Dieux. Alors, restez-jusqu’au bout !

Shazam : La Rage des Dieux – Sortie mercredi 29 mars 2023 – Réalisé par David F. Sandberg, avec Zachary Levi, Asher Angel, Jack Dylan Grazer, Adam Brody, Grace Fulton, Helen Mirren, Djimon Hounsou et Lucy Liu – Warner Bros Pictures

[Pierre Bisson]

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