Avant-Première Comics VO: Review The Batman Who Laughs: The Grim Knight #1

Avant-Première Comics VO: Review The Batman Who Laughs: The Grim Knight #1

13 mars 2019 Non Par Xavier Fournier

Succès commercial de ces derniers mois, le « Batman Who Laughs » est sorte de chainon manquant entre le Joker et le Judge Death (ennemi classique de Judge Dredd). Mais voilà qu’il collabore désormais avec un autre Batman venu d’un monde alternatif. Celui-ci est dingue de la gâchette et des méthodes expéditives. Serait-il une sorte de Dredd mélangé à Deathstroke ? Ce superbe numéro spécial nous livre l’origine de celui qu’on surnomme le « Grim Knight ».

The Batman Who Laughs: The Grim Knight #1The Batman Who Laughs: The Grim Knight #1 [DC Comics]
Scénario de Scott Snyder & James Tynion IV
Dessins d’Eduardo Risso
Parution aux USA le mercredi 13 mars 2019

Pendant le crossover Metal tout un flot de numéros spéciaux inégaux nous avait révélés les origines des « Dark Knights », autant de Batmen aux ordres de Barbatos qui, chacun dans leur genre, avaient basculé du côté du Mal tout en lorgnant sur les pouvoirs de la Justice League (il y avait un Dark Knight amphibie, un autre super-rapide…). Et c’était un peu un jeu de pochettes surprise, chaque spécial variant énormément selon l’inspiration des scénaristes ou la présence des artistes. La tentation de considérer The Batman Who Laughs: The Grim Knight #1 comme une occasion de revenir tirer encore sur la même corde serait grande si ce numéro n’avait pas une arme secrète sans sa manche : un Eduardo Risso au top de sa forme, dessinant les scènes du présent avec la maîtrise des ombres et des zones sombres qu’on lui connait… mais aussi un travail particulier sur les flashbacks, avec des couleurs peintes qui donnent d’emblée plus d’ambition au projet. Rien que cela, déjà, attirer l’attention et place ce numéro dans le haut du panier.

« A Batman corrupted by the Joker? Turned evil…? I understand that. But you… I don’t get. »

Surprise, le scénario est beaucoup plus nuancé qu’on aurait pu le croire. En effet, les Batmen alternatifs qui ont tourné mal ou qui ont viré « fanas des armes à feu », ce n’est pas ce qui manque. Une partie des Dark Knights surfaient déjà sur ce registre et puis on peut se référer aussi à Flashpoint pour trouver des directions voisines. Mais le « Grim Knight » n’est pas qu’un Batman bardé d’armes à feu qui joue les gros bras pour le compte du « Batman qui rit ». Scott Snyder et James Tynion IV lui donnent une vraie philosophie, qui repose sur un fait. Dans cette version des événements, le petit Bruce a pu éliminer le tueur de ses parents. A partir de là, il extrapole toute une vision du monde, basée sur cette manière de régler les problèmes. Snyder, Tynion et Risso s’amusent à tracer des parallèles avec des éléments constituants de l’origine du Batman classique, en réinventant des passages de Batman: Year One, par exemple. Le portrait débouche sur un Grim Knight qui n’agît pas par envie du mal ou par soif de violence mais parce qu’il est convaincu que c’est la seule manière de s’y prendre. Le Grim Knight, c’est un peu l’incarnation de tous ces garants du lobby des armes aux USA, convaincus que si on donnait des armes à tout le monde, y compris dans les écoles primaires, il n’y aurait pu de tuerie parce que – selon les plus extrêmes – il suffirait d’entraîner les enfants au tir pour qu’ils se défendent. Ce spécial n’est pas écrit sur un ton spécialement militant mais s’emploie surtout à décrire ce qui fait marcher le Grim Knight. Et c’est plutôt une forme d’amour vache : Il est convaincu de rendre la vie plus facile aux victimes de son « boss ». Cela donne une alchimie intéressante entre ces deux Batman, alchimie dont le Grim Knight, à défaut d’être vraiment le personnage dominant, sort grandi car il y a comme un potentiel de rédemption, un idéal déformé de la justice qui fait qu’il n’est pas qu’un Batman qui aurait mal tourné. Cette description pourrait avoir des retombées sur la série The Batman Who Laughs mais surtout, même sans ça, grâce aux dessins de Risso, ce spécial vaut le détour y compris de manière autonome, même pour ceux qui ne suivent pas les aventures régulières du « rigolard ».

[Xavier Fournier]