Avant-goût VO: Review Omega The Unknown #1

30 septembre 2007 Non Par Comic Box

[FRENCH] Œuvre d’un fan de la première série du même nom, Omega The Unknown démarre bien curieusement. Entre Marvel qui choisit de le sortir la même semaine qu’un Howard The Duck 1 (donc double insulte à l’égard de Gerber, créateur des deux héros) et une sorte de décalcomanie du scénario du #1 paru dans les années 70, Omega est visiblement fait avec amour mais cultive quelques maladresses.

Omega The Unknown #1 [Marvel Comics] Scénario de Jonathan Lethem
Dessin de Karl Rusnak
Sortie américaine prévue: 3 octobre 2007

Retour rapide en arrière : Acte 1 : Steve Gerber créé Howard The Duck mais est laissé de côté par Marvel quand le héros-canard devient le héros d’un (piètre) film. Gerber est alors obligé d’entamer une procédure contre l’éditeur pour essayer de récupérer les royalties qui lui sont dues. Acte 2 : Quand Steve Gerber et Mary Skrenes écrive le dernier épisode d’Omega The Unknow vol.1, ils passent une sorte de pacte, se promettant qu’aucun des deux n’écrira la fin de cette histoire sans l’autre. Du coup, Steve Gerber entre dans une colère assez compréhensible quand il apprend que Marvel/Max relance Omega sans l’avoir consulté. Il critique alors ouvertement le projet. Bon, ces choses arrivent. Il y a d’un côté les sensibilités artistiques et de l’autre les besoins d’un éditeur. Les deux ne sont pas toujours compatibles. Mais aurait-ce était trop demander à Marvel, au moins, de prendre soin de ne pas sortir la même semaine un Omega The Unknow et un Howard The Duck sans qu’aucun des deux ne soit écrit par Gerber ? Nul doute que s’ils étaient sortis à 15 jours de distance ça n’aurait pas beaucoup plus satisfait Gerber mais là, franchement, sur le plan symbolique, la ressortie synchrone de ces deux personnages, après des années d’absence, ressemble à un furieux bras d’honneur à l’attention du scénariste.

Une chose est sure : on ne pourra cependant pas faire au romancier Jonathan Lethem le reproche de ne pas être fan de Omega The Unknown, sorte de Sentry avant l’heure inventé par Steve Gerber et Mary Skrenes dans les années 70. Il est clair qu’il les a lu et qu’il les a aimé, ces épisodes, au point d’en donner une réplique pratiquement systématique sur le plan scénaristique. Dès lors on trouve deux grands cas de figure…
Comme Lethem et moi-même vous avez lu le premier volume d’Omega The Unknow à l’époque de sa sortie, dans les années 70 et cette redite vous paraîtra apporter bien peu de choses nouvelles à l’ensemble.
Vous n’avez jamais lu un épisode mettant en scène Omega The Unknow et du coup l’aspect nostalgie a bien peu de chance de fonctionner avec vous (peut-on réellement regretter un personnage qu’on a jamais connu ?).

Pour ces deux raisons qui s’appliquent à des publics différents, Omega The Unknown #1 tombe un peu à plat. The Eternal, par Chuck Austen, avait eu en son temps son lot de détracteurs parce que Chuck Austen avait touché à une création de Jack Kirby et à faire avec ce que bon lui semblait. Mais avec la notion de multivers propre aux comics, l’œuvre originale demeurait intouchée, inchangée et Austen fournissait au moins un travail de variation notable. Là, la variation est minime sur le plan de l’histoire. Encore qu’avant de paraître découragé pour l’ensemble de cette mini-série, je préfère attendre de voir le #2. Lethem introduit une sorte de super analyste nommé The Mink qui n’était pas dans l’histoire originelle, alors espérons que le #1 n’est qu’un clin d’œil à l’attention du récit de Gerber et qu’ensuite ce comic prend une route qui lui est propre.

A côté de ces réserves sur l’histoire, le graphisme plutôt indé de Karl Rusnak apporte, lui, réellement quelque chose à l’ensemble. Un pseudo-Superman de plus dessiné par quelqu’un comme Bryan Hitch (aussi doué soit-il) aurait semblé une parodie de plus. Le dessin intimiste de Rusnak apporte une vraie touche personnelle (assez inédite dans un comic édité par Marvel). Je n’imagine pas Rusnak se mettant à dessiner Astonishing X-Men ou Mighty Avengers (ce serait un contre-emploi) mais dans le cas présent, il permet de distinguer la série du reste de la production. Si Lethem arrive à prendre du recul par rapport à son amour pour la première série et qu’il innove son approche (un peu à la manière de Rusnak pour le dessin) cette série saura décoller. Sinon, elle restera une redite. Nous serons fixé au #2 mais pour l’instant il est bien difficile de savoir sur quel pied danser…

[Xavier Fournier]