Review : Eyes of Wakanda – S01
1 août 2025Marvel Animation nous propose une anthologie en quatre épisodes sur la mythologie du Wakanda. De l’Antiquité au début du XIXᵉ siècle, préparez-vous à une exploration temporelle de l’univers Wakandais… avec pas mal d’action au programme.
UNE SÉRIE QUI A DU CHIEN
Eyes of Wakanda se focalise sur les Hatut Zaraze, littéralement les « Chiens de Guerre » du Wakanda — l’élite secrète chargée de récupérer des artefacts en vibranium à travers l’Histoire. La série propose une structure presque d’anthologie : quatre épisodes indépendants, chacun situé à une période historique distincte — de l’Âge du Bronze occidental à la fin du XIXᵉ siècle. Cette narration permet de voir comment les Chiens de Guerre opèrent comme l’espionnage wakandais, équivalent à une CIA futuriste, évoluant en fonction des cultures rencontrées et des enjeux globaux.

UN STYLE PROPRE, FLUIDE ET SOIGNÉ
Le studio Axis Animation (en collaboration avec Studio AKA pour la séquence d’ouverture animée à la main) assure une animation CG entièrement fluide, inspirée par des artistes afro‑américains comme Ernie Barnes ou Dean Cornwell. Le rendu visuel se veut presque pictural : textures, couleurs et proportions des personnages évoquent une toile en mouvement — quand on met pause, on perçoit la sensation d’huile et de coup de pinceau. La série conserve les codes visuels et thématiques instaurés par Ryan Coogler dans les films Black Panther et Wakanda Forever : le respect de la géométrie fractale, l’authenticité des costumes, la cohérence culturelle. Chaque époque reste marquée par l’esthétique wakandaise, qu’il s’agisse de l’Égypte ancienne ou du crépuscule du XIXᵉ siècle — la continuité dans l’identité visuelle est omniprésente. Le rythme narratif alterne entre action intense, réflexions sur l’isolationnisme wakandais et enjeux moraux liés à la loyauté nationale — dans la lignée du cinéma de Coogler.

DU NEUF AVEC DU VIEUX
La série s’inscrit officiellement dans la chronologie sacrée du MCU (la « Sacred Timeline ») et elle s’intègre directement dans l’univers établi, contrairement aux séries animées antérieures, telles que Friendly neighborhood Spider-Man ou X-Men’97, qui opèrent dans des univers alternatifs. Elle introduit une version inédite d’Iron Fist, réinventée pour les besoins du projet — sans « retconner » la version live-action. Après, n’oubliez pas qu’il y a eu plus d’un Iron Fist à travers le temps. Une nouvelle incarnation de Black Panther est évoquée et nous donne une idée de le futur du MCU. L’introduction de vilains issus des comics pourra surprendre mais est cohérent avec la narration.

Cependant, il est regrettable que les quatre épisodes se concentrent sur des périodes historiques plutôt que sur des événements directement liés aux films. Il n’y a aucun lien concret avec les récits de T’Challa ou Shuri, ni avec le Wakanda contemporain tel qu’on le connaît. Par exemple, un épisode centré sur N’Jobu, le père de Killmonger aux États‑Unis, présenté dans les premières minutes de Black Panther, aurait permis une connexion émotionnelle forte avec le film original. On reste dans un univers très « historisé », mais sans recoupements narratifs directs avec les intrigues des films du MCU. Eyes of Wakanda demeure une belle initiative et un complément intéressant aux films live-action, même si elle aura sans doute laissé certains téléspectateurs en vouloir davantage. Elle n’est pas sans rappelé, dans son choix de tonalité, la série animée Animatrix, sortie en 2003 en marge du second opus de la saga Matrix.

Eyes of Wakanda constitue un apport solide au MCU, offrant une perspective inédite sur la culture wakandaise, une animation époustouflante et une esthétique directement héritée de Black Panther. La série enrichit la mythologie du Wakanda et introduit de nouveaux éléments narratifs dans un format court mais impactant. Et le fait de proposer les quatre épisodes d’un seul coup permet de mieux l’apprécier.
[Pierre Bisson]Eyes of Wakanda – Série d’animation disponible en intégralité dès le 1er août sur Disney +


