Comic Box Virgin #14 – Courtney Crumrin et les effroyables vacances

25 décembre 2008 Non Par Comic Box

 Courtney Crumrin et les effroyables vacances[FRENCH] Ma sorcière bien aimée version gothique… Harry Potter peut trembler pour sa baguette, Courtney Crumrin a plus d’un sort dans son sac. Elle aurait pu s’appeler Sally Podder, l’apprentie magicienne. Mais loin d’avoir le côté roudoudou d’un Harry, elle est rebelle Courtney. Elle a du répondant, du mordant qui lui donne un côté Pitt Bull qui ne lâche pas prise facilement. Sorcière ou pas, elle pose sur le monde son regard d’enfant qui revisite avec un oeil neuf deux grands mythes dans ce tome (les loups-garous et les vampires). Elle tient tête aux adultes, surtout à son oncle Aloysius, le grand sorcier qui n’a pas encore trouvé de formule magique pour apprendre à parler aux ados.

 Courtney Crumrin et les effroyables vacancesCourtney pensait passer des vacances sympa en Europe. Une bonne occasion pour tasser tous les petits conflits avec Aloysius. Mas le vieux continent lui révèle ses vieux démons qui passent par la peur des loups et des vampires. A peine Courtney a-t-elle posé ses bagages qu’elle est entraînée malgré elle dans des aventures qui ne seront pas sans conséquence sur elle. A l’heure où les adolescents font leurs expériences, Courtney se heurte à la réalité de la vie pour ébrécher ses rêves de jeune fille. Le côté révolté de Courtney laisse la place à une fragilité qui finit par la plonger dans une mélancolie qui donne à la BD des effluves de romantisme noir qui s’accorde à merveille avec l’esthétisme des dessins de Ted Naifeh.

Danse avec les loups…

Aloysius n’a toujours pas compris le mode d’emploi des ados. Pour aider Courtney à s’endormir après leur long périple vers l’Europe, il lui raconte le mythe du loup voleur de feu. La peur des loups fait partie des angoisses enfantines. Enfin pour les enfants normaux… mais pour Courtney, l’histoire va servir de catalyseur pour lever le mystère du peuple de gitans de Dragomir qui se transforme en loup à la nuit tombée. Le gitan, l’autre, celui dont personne ne veut chez soi. Celui qu’on considère à peine comme humain et ça tombe bien parce que là, il est moitié loup, le gitan. Plus qu’une malédiction, un mythe qui se transmet de génération en génération.  L’ignorance engendre la peur, la peur la haine, la haine la vindicte public. On cherche à le chasser et l’éliminer par tous les moyens. Mais Courtney saura apprivoiser ses peurs pour aller à la rencontre de cet autre et mettre un peu de plomb dans la cervelle et quelques sorts de sa composition aux adultes. Chaque soir elle s’échappe du manoir du professeur Alexi Mirkovic, ami d’Aloysius, pour tenter l’aventure. Comme une souris qui se glisse partout, elle découvre la liaison de la fille du professeur avec Jan, le gitan. Courtney en est persuadée, l’amour viendra à bout de toutes les malédictions. Mais la sorcière en herbe se casse les dents sur la réalité qui lui renvoie ses idéaux en pleine face.

Entretien avec un vampire

Deuxième partie de la BD, deuxième aventure. C’est dépitée que Courtney débarque avec son oncle à Krumrhein, une petite ville d’Allemagne. Elle n’est plus que l’ombre d’elle-même. Il n’en faut pas plus pour attirer l’attention d’un charmant vampire, Wolfgang, objectivement bien sous tout rapport et terriblement séduisant avec son côté dark et son regard mystérieux. Les deux se sont trouvés. Ils sont en quête d’éternité. Ils ont faim d’amour (chez Wolfgang, ça devient vite sanguin d’ailleurs). Aloysius va jouer son rôle de censeur d’ado et faire barrage avec sa magie pour éviter à sa nièce de se faire sucer jusqu’à la moelle. Mais Courtney aime bien ça (ah, les ados, tous les mêmes). Elle rêve de tomber du côté obscur de la force. Autant dire que le prochain volume de ses aventures risque d’être bien sombre (la crise d’adolescence). Le style graphique de Ted Naifeh est aussi tranchant que ses dialogues. Un vrai plaisir de se laisser entraîner par cette petite sorcière dans ses aventures fantastiques. Le scénario est d’une subtilité d’orfèvre qui évite l’écueil de tomber dans la caricature. Il n’y a pas d’un côté les forces du bien et les forces du mal (Harry Potter prends-en de la graine). La nuance nous attache un peu plus aux anti-héros de la BD. Les loups ne sont pas ceux que l’on croit, quant au vampire, on aurait bien envie de se fendre au quatre veines pour lui faire plaisir.

[Ange Lise]

Courtney Crumrin et les effroyables vacances
De Ted Naifeh
Editions Akileos, 2008