Avant-Première VO: Review Terrifics #8

Avant-Première VO: Review Terrifics #8

2 octobre 2018 Non Par Xavier Fournier

Après des mois de recherches les Terrifics ont enfin trouvé la piste de Tom Strong. Mais c’est pour tomber dans le même piège que lui. Les ressortissants des deux mondes ne contreront le terrible Doc Dread qu’en collaborant. Un numéro qui a un peu la main lourde en ce qui concerne l’héritage d’Alan Moore.

Terrifics #8Terrifics #8 [DC Comics]
Scénario de Jeff Lemire
Dessins de Dale Eaglesham
Parution aux USA le mercredi 26 sep 2018

Depuis l’aube de la série, l’ombre de Tom Strong hante les Terrifics. C’est donc un tournant important de les voir réunis, tournant d’autant plus souligné que les pouvoirs des héros vacillent et qu’ils ne sont – peut-être – plus condamnés à rester les uns avec les autres. Dessinateur fiable, Dale Eaglesham donne à tout cela le tonus qui convient, avec des héros massifs mais qui dans le même temps sont aptes à cogiter scientifiquement dans le feu de l’action. On retrouve bien là ce que cet ancien dessinateur des Fantastic Four apportait à Reed Richards, Strong et Mister Terrific étant, à leur niveau, deux variations de ce héros-penseur. Tout au plus on regrettera qu’Eaglesham ne sorte pas toujours de son registre, ce qui créé parfois des rapprochements fortuits. A force de donner des carrures similaires aux personnages masculins (sauf, pour des raisons compréhensibles, à Plastic Man), Eaglesham produit un Rex/Metamorpho qui pourrait passer pour une version alternative de Strong. Ce serait une édition en noir et blanc que les deux personnages seraient parfois indissociables.

« Ready for some action, Pneuman, you lucky bucket of bolts, you?!. »

A l’heure où le Sentry de Jeff Lemire récolte, chez Marvel, des ventes catastrophiques (ce qui n’est pas mérité), les Terrifics du même scénariste s’imposent chez DC comme les grands vainqueurs ou à défaut les principaux survivants de la vague lancée avec Age of Heroes. Ce que Lemire est en train de négocier dans la série, à l’instant T, c’est le fait que l’équipe puisse survivre au-delà de sa quête initiale, en se mesurant à Tom Strong tout en voyant apparaître une perspective où le groupe n’est plus condamné à vivre ensemble. Mais dans le même temps il y a des choses étranges. La quête de Strong s’inscrit un peu dans la même vague d’exploitation des personnages touchés par Alan Moore. L’an dernier, au moment où les Terrifics commençaient à prononcer le nom de Strong, nous avions droit également à Promethea (pour deux bien piètres apparitions dans Justice League Of America). Et puis il y a Doomsday Clock et son utilisation des personnages de Watchmen. Que les Terrifics finissent par remettre la main sur Tom Strong, c’était donc à attendre. Le contraire aurait même été une promesse non-tenue. Qu’aussitôt les personnages repartent pour un autre monde où ils tombent sur Swamp Thing (c’est le cliffhanger de l’épisode mais, bizarrement, il est révélé dès la couverture), c’est sans doute enfoncer le clou plus que nécessaire. Bien sûr Swamp Thing est une création de Len Wein et Berni Wrightson, bien avant qu’Alan Moore s’y intéresse. Mais le fait est que – les lecteurs de Justice League Dark ont pu s’en rendre compte – ces derniers temps chez DC Swampy est représenté comme un être « barbu », avec des plantes lui couvrant le bas du visage. Ce qui le ramène à nouveau vers l’auteur britannique. Utiliser Tom Strong et Swamp Thing dans le même épisode a à peu près la subtilité d’un éléphant dans un magasin de porcelaine. A charge à l’épisode suivant de dégager, on l’espère, des qualités propres et de ne pas se limiter à une « réunion d’anciens » parmi les personnages autrefois écrits par Moore.

[Xavier Fournier]