Avant-Première VO: Review Doctor Star And The Kingdom Of Lost Tomorrows #1

Avant-Première VO: Review Doctor Star And The Kingdom Of Lost Tomorrows #1

13 mars 2018 Non Par Xavier Fournier

Jeff Lemire et Max Fiumara lancent le deuxième spin-off de Black Hammer, centré sur un personnage déjà aperçu dans la série principale, à savoir un hommage explicite au Starman de James Robinson. Mais le Doctor Star peut-il porter sur ses épaules une minisérie autonome ? Et s’il était une clé de voute pour tout un pan de la logique lemirienne ?

Doctor Star And The Kingdom Of Lost Tomorrows #1Doctor Star And The Kingdom Of Lost Tomorrows #1 [Dark Horse]
Scénario de Jeff Lemire
Dessins de Max Fiumara
Parution aux USA le mercredi 7 mars 2018

Il y a peu, pour le lancement de ses Terrifics, Jeff Lemire expliquait qu’une partie des ressemblances avec les Fantastic Four étaient fortuite, presque accidentelles. Or, il faut bien voir qu’une part non négligeable de l’œuvre du scénariste se fait dans la référence. Entre Black Hammer qui nous renvoie vers une Justice League of America dysfonctionnelle et d’autres choses du genre, le Doctor Star a ceci de particulier d’être un emprunt totalement reconnu, assumé. Au point d’avoir donné à son Doctor Star le nom et le visage de James Robinson, scénariste emblématique de Starman. Doctor Star était apparu comme une simple mention, un clin d’œil dans Black Hammer. L’allusion était tellement évidente que l’on pouvait se demander s’il y avait autre chose à en dire, au-delà d’un premier degré vite établi. Mais si Lemire s’épanouit dans la référence, il ne s’y limite pas (sauf peut-être ici dans un pastiche d’Hawkman où l’équipe créative ne s’est guère foulée). C’est à dire qu’il ne s’agit pas de refaire Starman à l’identique, au-delà des apparences, mais bien d’en inverser la perspective. Le Starman de James Robinson (l’auteur) c’était Jack Knight, un héros qui se posait la question du lien avec son père. Doctor Star/James Robinson (le personnage) est un héros qui a tourné le dos à sa famille pour vivre ses aventures et qui se retrouve confronté à ses responsabilités. En un sens il y a une approche scénaristique similaire à ce qu’un Morrison faisait sur Multiversity, en faisant un Watchmen qui était tout le contraire de Watchmen tout en étant encore Watchmen.

« Your work in, uh, what do you call it… Para-radiation? »

En un sens Lemire est ici plus libre que sur Sherlock Frankenstein, parce que le personnage est plus ouvert, plus autonome. On pourrait mettre ce premier numéro entre les mains de quelqu’un qui n’aurait jamais entendu parler de Black Hammer ou de Starman qu’il y trouverait cependant une tranche de vie poignante et aisément compréhensible. Pour qui connait ce qu’on peut qualifier de Lemireverse ? C’est l’inverse. Les pistes sont nombreuses. On en vient à se dire que le Doctor Star est sans doute celui qui détient la clé d’un retour possible des héros de Black Hammer dans leur monde d’origine. Et même, à bien y regarder, Lemire joue sur plusieurs canaux. Il suffit de comparer Doctor Star And The Kingdom Of Lost Tomorrows #1 et Terrifics #1 pour se rendre compte que l’expérience de Robinson et celle de Simon Stagg sont essentiellement la même. Lemire a les outils pour jouer avec ses œuvres, qu’elles appartiennent ou pas à l’un des Big Two. Et il n’y a bien entendu pas que Lemire à bord. Le dessinateur Max Fiumara (déjà croisé chez Dark Horse, dans le Mignolaverse) donne à Doctor Star un rendu bien plus chatoyant que les précédents titres liés à Black Hammer, peut-être plus facile d’accès aussi. Les auteurs font ainsi grandir cet univers partagé mais en conservant l’esprit d’une porte d’entrée. Doctor Star parlera aussi bien aux néophytes qu’à ceux qui sont en manque du Starman de Robinson.

[Xavier Fournier]