En salles ce mercredi, Fantastic Four : Premiers Pas marque le retour tant attendu des Quatre Fantastiques dans l’univers cinématographique Marvel, après plusieurs tentatives plus ou moins heureuses au fil des décennies. Réalisé par Matt Shakman, ce nouvel opus s’inscrit dans une volonté de relancer la première famille de Marvel avec un souffle nouveau, un ton singulier et une esthétique rétro étonnamment rafraîchissante. Le pari est-il réussi ? Le MCU est-il sur la bonne voie pour retrouver le succès ?
Le récit de Premiers Pas retrace, comme son nom l’indique, les débuts des Quatre Fantastiques au sein du MCU. Mais plutôt que de miser sur un énième récit des origines, Matt Shakman part sur une introduction du quatuor in media res, tout comme son collègue James Gunn avec Superman. Oui, on ne pourra s’empêcher de comparer les deux blockbusters tout au long de cette critique. Via une émission télévisée, le public se voit présenter rapidement cette version des Quatre Fantastiques. Les grandes lignes restent intactes : une expédition scientifique qui tourne mal, des pouvoirs acquis dans la douleur, et la construction progressive d’un esprit d’équipe. Les années ont passé et les Fantastiques sont devenus des stars dans leur monde… qui a priori ne compte pas d’autres héros. Rapidement, une nouvelle menace débarque en la personne de Galactus et de son héraut Shalla-Bal, alias le Silver Surfer. Pourront-ils éviter le pire, tout en gérant l’accouchement de Sue ?
L’un des éléments les plus remarquables de Fantastic Four : Premiers Pas est son choix esthétique audacieux : un retour aux années 60, mais avec une touche futuriste qui évoque les rêves technologiques de cette époque. Le film ne se contente pas d’emprunter des éléments de décor ou de costume pour faire joli ; il adopte une véritable vision rétro-futuriste qui irrigue chaque plan. Les décors, les gadgets, les interfaces, les véhicules, jusqu’aux tenues des héros, tout évoque une vision idéalisée du futur vue depuis le passé. C’est une ambiance qui rappelle autant les premières pages des comics de Stan Lee et Jack Kirby que les séries de science-fiction de l’âge d’or de la télévision. Ce style donne au film une personnalité très marquée, à contre-courant des blockbusters modernes souvent noyés dans des effets numériques interchangeables. On pense aux films d’animation Les Indestructibles pour cette ambiance mi-rétro, mi-pop, mais ici poussée avec un sérieux et une élégance qui surprennent. Le film crée ainsi un monde à la fois familier et étrange, où les lois de la physique semblent encore malléables, et où la science a gardé un aspect naïf, presque magique. Cette atmosphère unique confère au film une véritable identité visuelle et narrative, qui le distingue nettement dans le paysage actuel du MCU.
Il est impossible d’évoquer Fantastic Four : Premiers Pas sans le comparer à l’autre grand événement super-héroïque annoncé pour cette décennie : le Superman de James Gunn. Là où Gunn promet un retour lumineux, optimiste et presque mythologique du héros kryptonien, Fantastic Four choisit un autre chemin : celui d’une fable scientifique, d’un récit de découverte et de responsabilité collective. Ce n’est pas un film sur un individu hors-norme, mais sur une équipe de marginaux liés par le destin et la science. Tout comme Superman, les Quatre Fantastiques débarquent en salles pour relancer leur franchise respectives. Et est également des super-héros qu’on a vu dans pas moins de trois adaptations (quatre si on compte celle non sortie en salle en 1994 produit par Roger Corman). Matt Shakman arrive à se différencier des autres adaptations des FF. En effet, les deux Fantastiques de Tim Story (avec Jessica Alba et Chris Evans) étaient des origin stories, présentant les Fantastiques au grand public, en surfant sur des succès comme Spider-Man de Sam Raimi. Le film de 2015, réalis par Josh Trank, adaptait la version Ultimate comics des héros, plus jeunes et plus sombres. Shakman et Kevin Feige (le boss du MCU, mais est-ce nécessaire de le présenter ?) choisissent de tout miser sur l’aspect « première famille de Marvel » et en utilisant des héros déjà actifs depuis bien longtemps. En cela, le film est moins dans l’affrontement que dans la construction, et c’est une approche rare aujourd’hui. Marvel joue ici une carte plus mesurée, plus intime, qui pourrait être une réponse aux critiques adressées à la formule épuisée du « tout est lié, tout est crise multiverselle ». C’est aussi une manière de rappeler que les Quatre Fantastiques ont toujours été à part dans l’univers Marvel… même si le message habituel : « Les Fantastiques seront de retour dans Avengers : Doomsday » nous explique qu’ils rejoindront bientôt leurs compagnons Thor, Captain America et Robert Downey Jr pour un plus grand événement. Les fans de la première heure noteront les multiples clins d’oeil aux comics des Fantastiques et à leurs créateurs.
Un film de groupe repose avant tout sur la qualité de son casting, et sur ce point, Premiers Pas frappe fort. Pedro Pascal incarne un Reed Richards à la fois cérébral, vulnérable et mystérieusement habité. Il n’est pas un leader autoritaire, mais un penseur, un homme constamment absorbé par les questions qu’il se pose, parfois au détriment des gens qui l’entourent. Souvent angoissé, son interprétation de Reed se rapproche de sa propre personnalité, l’acteur souffrant souvent d’anxiété dans la vie réelle. Vanessa Kirby, en Sue Storm, trouve un équilibre parfait entre grâce, force intérieure et lucidité. Son personnage est sans doute le plus humain du quatuor, celui qui sert de boussole émotionnelle au récit. Tout comme dans les comics. Leur relation, faite de tension contenue et de respect mutuel, donne lieu à certaines des plus belles scènes du film, souvent silencieuses, mais chargées de sous-entendus. De leur côté, Joseph Quinn (Johnny Storm) et Ebon Moss-Bachrach (Ben Grimm) apportent l’énergie et l’émotion brute nécessaires à compléter cette famille de fortune. Quinn incarne un Johnny flamboyant, jeune et impulsif, mais pas caricatural, tandis que Moss-Bachrach, bouleversant en Chose, apporte une dimension tragique qui rappelle les grands monstres mélancoliques du cinéma classique. L’alchimie entre les quatre fonctionne à merveille, et on sent que Marvel a misé sur des acteurs capables de créer une dynamique crédible, au-delà des costumes et des effets visuels. Ce n’est pas une addition de talents, mais une véritable équipe à l’écran.
Fantastic Four : Premiers Pas est une excellente surprise, et peut-être l’un des projets Marvel les plus audacieux de ces dernières années. En refusant la surenchère immédiate, en choisissant un rythme plus lent et une esthétique atypique, le film prend le risque de désarçonner les amateurs d’action non-stop. Il est vrai que le manque de rythme dans la seconde moitié pourra rebuter certains spectateurs. À l’inverse, le Superman de Gunn est plus rythmé, souffrant d’aucun temps mort. Mais ce parti pris permet aussi de poser des bases solides, de créer une atmosphère, de tisser des liens humains. Et une fois l’action sur l’écran, le film ne déçoit pas. Côté effets spéciaux, on en reste bouche-bée, car peu de plans souffrent d’un manque de soin de ce côté. Mention spéciale aux deux aliens de l’aventure : le Silver Surfer et Galactus. Ce dernier semble sorti tout droit des comics, sans pour autant faire trop « jeux vidéo » comme ça peut être le cas bien souvent pour ce genre de créature. La bande son nous emporte également et Michael Giacchino signe une mélodie tout aussi captivante que celle de son Doctor Strange.
Fantastic Four : Premiers Pas est une œuvre imparfaite, mais profondément sincère — un premier pas, justement, vers quelque chose de plus grand. Et bien sûr, on ne saura que vous conseiller de rester jusqu’à la fin. C’est un film Marvel, après tout.
[Pierre Bisson]Fantastic Four : Premiers Pas – Réalisé par Matt Shakma – Avec Pedro Pascal, Vanessa Kirby, Joseph Quinn, Ebon Moss-Bachrach, Julia Garner et Raplh Ineson – En salle le 23 juillet 2025.
Crédits photos : Disney / Marvel Studios
Tout commence avec un simple épisode de la série anthologique What If…?, diffusée en 2021…
Warner Bros. Games, TT Games, DC et The LEGO Group ont annoncé aujourd’hui LEGO Batman :…
La sortie de Superman au cinéma a changé la donne. James Gunn a officiellement tourné…
Marvel Animation nous propose une anthologie en quatre épisodes sur la mythologie du Wakanda. De…
Superman est attendu comme le sauveur de l’univers DC Comics au cinéma. Précurseur d’une nouvelle…
La série Ironheart de Marvel Studios met cette fois en lumière Riri Williams, une brillante…