Avant-Première Comics VO: Review House of X #1

Avant-Première Comics VO: Review House of X #1

25 juillet 2019 Non Par Xavier Fournier

C’est une semaine chargée pour Marvel, en termes de relances, de virages ou de bilan. Dans cet agenda bien rempli, voici le premier aperçu de la nouvelle mouture des X-Men. House of X serait-il un simple reboot des séries mutantes comme il en arrive maintenant tous les dix mois ? Non, car Jonathan Hickman installe d’emblée le concept d’un plan sur le long cours. Une ambiance où les individualités sont pour l’instant secondaires.

House of X #1House of X #1 (Marvel Comics)
Scénario de Jonathan Hickman
Dessin de Pepe Larraz
Parution aux USA le mercredi 24 juillet 2019

Les X-Men se sont à nouveau focalisés. Ils ne sont plus séparés ou divisés. Par extension tout mutant peut demander asile dans la nouvelle nation mutante, qui décide de faire sentir son poids à la fois sur le plan politique et économique. « Plan », c’est le maître mot de cette relance des enfants de l’atome. Et c’est aussi ce qui résume l’approche général de Jonathan Hickman. Les mutants qui font pousser des ambassades végétales à travers le monde ont une vision qui, fidèle au style de l’auteur, minimise les individualités pour laisser de la place à un « grand tout » futuriste. Là où dans ses Avengers c’était Tony Stark et Steve Rogers qui tentaient d’organiser une nouvelle ère de l’équipe, c’est donc cette fois Charles Xavier. Ce qui est à fois naturel et logique. Si ce n’est qu’Iron Man et Captain America se partageaient le boulot. On avait une dualité entre la moralité et la logique, avec qui plus est dans les rangs quelques fortes têtes, du caractère. Ici, tout repose sur les épaules d’un Charles Xavier masqué… dont on pourrait croire par moments qu’il s’agit d’une autre création d’Hickman, le Maker. Derrière lui la plupart des X-Men sont écrits de façon atone, tout le monde au même niveau (à part un gamin vert enjoué de rejoindre la nation mutante). Que ce soit Cyclope, Jean ou Magneto, tous semblent beigner dans la même utopie, tenir le même discours. Wolverine pourrait peut-être occuper le rôle moral de l’histoire mais il est pour l’instant effacé. Reste aussi le mystère de quelques mutants supposés morts jusqu’ici, mystère qui semble évoqué par une scène de « réveil ». L’approche d’Hickman pour ce premier épisode d’House of H est donc compliquée à jauger. Entre béatitude et encore quelques échos de radicalité (par exemple la phrase de Scott sur Franklin Richards), House of X pourrait aussi bien nous dire dès le deuxième épisode que c’est un coup de Mesmero, Mastermind, Cassandra Nova ou du Maker. De la même façon, il ne faudrait guère que deux phrases à Hickman pour faire basculer les choses, établir les X-Men comme héros ou comme menace de la série. Ce qui est vrai pour l’heure c’est que cette arrivée d’Hickman sur la branche mutante de Marvel fait écho à certains précédents, par exemple l’élément de la « langue mutante », déjà présent à divers degrés chez les Ultimate X-Men de Millar ou les New X-Men de Morrison. Hickman privilégie pour l’instant la notion d’étrangeté. On ne sait pas d’où peut surgir la menace ou même si elle est déjà-là. C’est intéressant mais, bizarrement, sans pour autant évoquer totalement de la sympathie, de nombreux personnages parlant un peu d’une seule voix.

« What are all of you thinking? »

Ce n’est pas le premier event mutant dessiné par Pepe Larraz. Il était déjà le moteur d’Extermination il y a quelques temps et une nouvelle fois il est un élément important. Larraz jongle avec un nombre important de personnages. Quand on y pense on lui donne peu d’action pour rythmer l’histoire (surtout, en fait, le passage avec Creed) et beaucoup de dialogues posés. Mais l’artiste se débrouille très bien avec ce cahier des charges, avec une narration qui joue avec sagesse sur les champs et les contre-champs. Tout ça va dans le sens d’une gestion plus focalisée des X-Men et des groupes annexes. Mais à ce stade on demande encore à voir où est le serpent dans ce nouveau Paradis. A moins que – à l’instar d’House of M auquel le titre fait référence – ce ne soit pas vraiment un paradis.

[Xavier Fournier]