Avant-Première VO: Review Jim Henson’s The Power Of The Dark Crystal #1

Avant-Première VO: Review Jim Henson’s The Power Of The Dark Crystal #1

28 février 2017 Non Par Xavier Fournier

L’univers du film cult Dark Crystal revient à travers cette maxi-série de 12 épisodes, qui se propose d’adapter le script du second film de la saga, jamais réalisé. L’occasion de retrouver l’imaginaire de Jim Henson… mais pas forcément la texture, le feeling des dessins de Brian Froud.

Jim Henson’s The Power Of The Dark Crystal #1 [Boom Studios/Archaia]
Scénario de Simon Spurrier
Dessins de Kelly Matthews & Nicole Matthews
Parution aux USA le 22 février 2017

Sorti en 1982, Dark Crystal, film réalisé par Jim Henson et Frank Oz, se distinguait par plusieurs éléments constituants. D’abord le fait que toutes les marionnettes représentaient des créatures inhumaines, sans « personne réelle » pour jouer les référents. Les rôles principaux revenant à Jen et Kira, deux « gelflings » (en gros, des elfes). Ensuite il y avait une certaine forme de Fantasy plus sombre que ce à quoi le public de l’époque s’attendait. Depuis, Dark Crystal est restée une référence dans le sens où rien n’est réellement venu occuper le même créneau. Et un second film de la licence, mis en chantier depuis des années, avec Tartakovsky un temps envisagé à la réalisation, ne s’est jamais matérialisé. Archaia ressort donc cette semaine cette suite, ce second film avorté, sous la houlette de Simon Spurrier mais en prenant soin de rester proche des idées lancées à l’époque par Henson et Oz. L’exercice est périlleux car, à l’origine, le premier Dark Crystal s’adressait à un certain public… qui s’est pris depuis plus de trois décennies dans la figure. D’où la question : doit-on produire cette suite en pensant au public originel ou bien tenter de parler à une nouvelle audience, qui a l’âge des spectateurs de Dark Crystal en 1982. L’équation n’est pas facile. Mais en un sens Spurrier est aidé par le synopsis The Power Of The Dark Crystal, qui n’était pas une suite directe. Le temps aussi a passé pour Jen et Kira, qui sont désormais vieux (l’histoire se passe un siècle après les évènements du film) et font l’objet de légendes dans leur monde, tandis que l’histoire se centre sur de nouveaux protagonistes.

« It’s all one flame… juste imagine… »

Finalement cette solution d’une toute nouvelle époque est encore ce qui convient le mieux pour mettre les différents publics sur le plan scénaristique. Une créature enflammée arrive dans ce monde, ayant besoin de l’aide des gelflings là ils n’existent pratiquement plus. C’est une nouvelle quête qui commence… mais Jim Henson’s The Power Of The Dark Crystal trébuche sur un autre aspect qui n’est pas lié au récit. C’est à dire que Kelly Matthews & Nicole Matthews dessinent cet univers de façon assez moderne, avec des couleurs plutôt flashy. En un sens c’est logique puisqu’à la fin du film, le Dark Crystal étant guéri, le monde entier sortait des ténèbres. Mais le vrai problème est que si Simon Spurrier a le souci de rester dans les clous de l’histoire, les artistes, elles, là jouent un peu trop perso, un peu trop mignon et que l’on ne retrouve pas franchement des créatures à Brian Froud. Il n’y a pas sa texture, sa complexité et la comparaison est d’autant plus aiguë qu’en couverture Jae Lee, lui, retrouve avec brio ce qui faisait l’ambiance du Dark Crystal. En fait une partie des nouveaux protagonistes inventés pour ce récit ressemblent plus à des poupées « troll dolls » qu’à l’imaginaire de la licence. Alors, oui, les goûts des enfants de 2017 ne sont pas ceux de 1982 mais dans le même temps, d’une part, les troll dolls ce n’est pas si « récent » que ça (c’est même plus vieux que Dark Crystal) et si l’on veut faire une suite à Dark Crystal, faut-il pour autant donner dans le « trop trognon » ? Ce n’est pas vraiment soit dessiné comme une « trahison » mais on a plus l’impression que les artistes avaient envie d’inventer leur propre monde plutôt que de rester dans quelque chose qui évoque réellement les règles de cet univers. C’est dommage, car cela va un peu à l’encontre des ambitions du scénario.

[Xavier Fournier]