Avant-Première VF: Review Oblivion Song T1

Avant-Première VF: Review Oblivion Song T1

7 mars 2018 Non Par Xavier Fournier

Il y a dix ans une catastrophe s’est produite, faisant des centaines de milliers de disparus alors que de monstrueuses créatures ravageaient ses rues. L’Amérique a fait son deuil. Mais pas Nathan Cole. Lui a percé le secret de la dimension Oblivion. Il sait que de l’autre côté, les survivants sont coincés dans un monde démoniaque d’où, parfois, il arrive à ramener quelques rares individus. Mais que faire si les gens de l’autre côté n’ont pas forcément envie qu’on les aide ?

Oblivion Song T1Oblivion Song T1 [Image Comics/Delcourt]
Scénario de Robert Kirkman
Dessins de Lorenzo De Felici
Parution aux USA le mercredi 7 mars 2018

Quelques jours après la conclusion d’Invincible, voici donc le nouveau bébé de Robert Kirkman. Un renouveau très attendu, qui donne une vision bien spéciale du survivalisme, différente de celle de Walking Dead mais qui la rejoint cependant sur une question : est-ce que c’est lorsqu’on est forcé à vivre dans des conditions catastrophiques que l’on peut se révéler réellement ? Là-dedans, il y a déjà quelques personnages qui, si les barrières s’affaissaient, auraient sans doute beaucoup de choses à dire à Rick Grimes ou à Michonne. Mais bien sûr, Oblivion Song est une autre paire de manches. A commencer par le fait que ce n’est pas à proprement parler la fin du monde, qu’elle a été localisée à une ville et que le héros se retrouve à être le seul à pouvoir glisser d’un plan à l’autre : d’un côté une Amérique traumatisée, très post-9/11, de l’autre un monde horrible et sauvage où de grandes créatures chassent les derniers humains. Et Nate Cole est hanté par l’idée de retourner là-bas pour y sauver, peut-être, son frère, s’il a tenu le coup dix ans dans un tel enfer. Une fois n’est pas coutume passons par l’édition VF. A la différence de l’usage, qui veut qu’un comic-book soit publié d’abord aux USA et publié quelques mois plus tard en France, Oblivion Song profite en effet d’une sortie mondiale qui tient compte du marché typique des productions de Kirkman en France. C’est à dire qu’ici Walking Dead, Outcast, Invincible et le reste des titres du scénariste sortent en librairie sans connaître l’étape fascicule. Moyennant quoi, là où les américains voient arriver sur leurs stands un épisode d’une vingtaine de pages, en France aujourd’hui on a droit à tout le premier arc en entier, dépassant l’édition américaine d’environ un semestre. Et, franchement, c’est l’idéal pour prendre la mesure de ce que nous proposent Kirkman et De Felici.

« C’est entré par le mur de mon appart, avec ses crocs et ses griffes. »

On pourrait un peu comparer Oblivion Song à quelque chose à mi-chemin entre Cloverfield (premier du nom) et Black Science, dans l’idée qu’il y a un glissement entre les mondes et que le personnage central est quand même bien foireux à sa manière, même s’il faut plusieurs épisodes pour en prendre la mesure. Le maître-mot d’Oblivion Song, son thème principal, pourrait être la Confiance. Tant il y a d’un côté des personnages qui font confiance aux autres et en même temps piétinent la confiance qu’on leur accorde. Le militaire sait ce qui est bien mais préfère suivre les ordres. L’épouse délaissée aime son mari mais, faute de présence, regarde de côté. Et Nate Cole ? Lui doit convaincre les derniers survivants qu’il est réellement un sauveur et digne de confiance… tout en étant lui-même plus préoccupé par l’idée d’expier. Oblivion Song, c’est déjà un peu comme un mille-feuilles et la possibilité d’en lire tout un arc permet de comprendre à quel point. Si la disparition d’une ville dix ans en arrière à quelques accents d’un 11 septembre transposé dans la science-fiction (ou un clin d’œil à la fin de Watchmen ?), des difficultés de retour des survivants peut s’apparenter au stress post-traumatique, à des G.I. rentrant au bercail. Enfin sans doute que ce parallèle ne tiendra pas sur le long terme mais à ce stade cela donne une idée du potentiel. Epaulé par les couleurs d’Annualisa Leoni, Lorenzo De Felici donne à Oblivion Song une ambiance lumineuse mais terrible, comme une lumière d’automne. Attendu mais par conséquent surveillé, Oblivion Song tient toutes ses promesses et s’installe d’emblée comme un rendez-vous dont on va prendre plaisir à observer les revirements et les surprises. Un démarrage captivant, dont on profiter dès maintenant en VF…

[Xavier Fournier]