Review: Logan

Review: Logan

20 février 2017 Non Par Pierre Bisson

Wolverine revient pour un dernier petit tour. Enfin, c’est ce que déclare Hugh Jackman, l’interprète du mutant le plus connu de Marvel. Il retrouve le réalisateur de The Wolverine, James Mangold, pour une aventure loin des uniformes en cuir des X-Men. Une nouveau volet qui a tout pour séduire mais qui s’égare en cours de route… La malédiction de Logan ?

Old Man Logan

Logan (Hugh Jackman) est vieux, usé. Il s’est retiré de la vie de super-héros, surtout depuis la disparition de la plupart des mutants. L’arrivée de la jeune Laura (Dafne Keen) dans sa vie le force à entamer un « road trip » avec son ami de toujours, Charles Xavier (Patrick Stewart). Le scénario de Logan reprend donc les bases de « Old Man Logan », la saga de Mark Millar et Steve McNiven : futur apocalyptique, road trip et quête pour la rédemption. Les problèmes de licences entre studios ont empêché Mangold et Jackman de piocher dans les personnages Marvel qui accompagne Logan dans la saga comics. Mais, qu’à cela ne tienne, ils n’ont pas besoin de ça pour construire leur histoire. Le film démarre donc sur la nouvelle carrière de Logan. Il est devenu chauffeur de limousine dans un monde peu éloigné du notre. Les États-Unis sont devenus très protectionniste et semblent avoir des règles très strictes en matière d’immigration. Pour être tranquille, Logan vit près de la frontière mexicaine… qui n’est pas si facile que ça à franchir en 2029. L’ex-membre des X-Men s’occupe de son mentor, le Professeur Charles Xavier, qui n’est plus aussi vaillant qu’autre fois. Aidé de Caliban (le mutant détecteur de mutants), Logan veille à ce que le télépathe le plus puissant du monde ne perde pas la boule ! Ce n’est pas une mince affaire. Surtout quand les sbires de la société du Dr. Zander Rice (Richard E. Grant) menés par Donald Pierce (Boyd Holbrook) viennent perturber cette tranquillité. S’en suit une chasse à l’homme (ou plutôt à la jeune fille) à travers les USA, à bord d’un vieux pick-up.

Notre belle famille

Si Wolverine/Logan a toujours été un personnage solitaire, il n’a jamais été aussi entouré que dans les films de la saga X-Men. Que ce soit dans le premier volet de Bryan Singer où Logan se retrouvait affublé de Malicia ou dans X3 où il devenait le leader des X-Men, Wolverine n’a jamais eu de vraie aventure « solo » même dans ses spin-offs. Ici, c’est pareil. Mais ce n’est pas simplement pour le « fan service » et la volonté de montrer plusieurs mutants à l’écran. C’est avant-tout pour développer le concept de famille et d’appartenance à un groupe. Ainsi, durant ces 135 minutes, on ne croise qu’une poignée de mutants, dont certains ne sont jamais apparus dans les pages des comics X-Men. Jackman incarne un Logan en fin de vie. Son facteur auto-guérisseur ne fonctionne plus aussi bien, il doit payer ses factures et tenter de survivre dans un monde où il ne connait plus grand monde. L’arrivée de Laura lui donne la chance de trouver un sens à tout ça. Même si à son habitude, il joue les bourrus, on sait que « Wolvie » est un être au grand coeur et qui a l’âme d’un héros. D’ailleurs, les meilleures scènes ne sont pas les combats (violents, mais nous y reviendrons) mais bien les plans de dialogues entre les divers protagonistes, notamment une scène de repas autour d’une table. Le monde des super-héros semble bien loin. Il est même souvent moqué à travers quelques lignes de dialogues et l’évocation d’une carrière parallèle des X-Men dans le monde cinématographique de la Fox. Logan est au centre de l’histoire et on n’en attendait pas autrement.

Antagoniste

Le film pêche par ses méchants. Les précédents opus de la saga Wolverine au cinéma n’ont pas réussi non plus à offrir au mutant aux griffes d’adamantium un vilain à sa hauteur. Dans X-Men Origins, on avait le droit à un mauvais clone de Deapool. Dans The Wolverine, c’était un Silver Samuraï version Transformers. Ici, c’est la même formule. En plus du Docteur Rice et de ses hommes de main, Logan va se découvrir un autre ennemi qui fait basculer l’histoire dans le n’importe quoi, voire le mauvais copier/coller. Pourquoi les scénaristes ont-ils pondu ça ? La mythologie de Wolverine (et par extension des X-Men) est riche en ennemi d’envergure. À la limite, le retour de Victor Creed/Sabertooth (incarné par Liev Schrieber dans Origins) aurait été plus judicieux. Fallait-il vraiment un ennemi si difficile à abattre pour Logan ? Non, car au vu de la milice de Pierce et Rice, il y avait de quoi faire pour des combats palpitants. Car oui, il y a de l’action dans Logan. Et de la violence ! Enfin, Wolverine se lâche. Sûrement aidé par la violence qui a aidé au succès de Deapool, la Fox a permis au réalisateur de montrer le caractère violent du mutant. Jamais trop « gore », les affrontements de Logan et Laura face à leurs ennemis reflètent la fureur bestiale des personnages. Ça tranche, ça décapite, ça se tire dessus… Bref, âmes sensibles s’abstenir.

Pour résumer, ce dernier chapitre (sauf changement de son acteur principal) de la vie de Logan boucle la boucle agréablement. Non sans défaut, il inscrit le film dans un genre assez différent des autres films de super-héros sortis ces derniers temps. Western futuriste, proche d’un Mad Max (dans le contexe tout du moins), le duo Mangold/Jackman ne s’en cache pas (les références à ce genre sont nombreuses, parfois lourdes comme l’extrait de L’Homme des vallées perdues). Il aura ses détracteurs et ses fans mais risquent de diviser les lecteurs des aventures de Wolverine. 

Logan, sortie le 1er mars 2017 – 20th Century Fox – Réalisé par James Mangold, avec Hugh Jackman, Patrick Stewart et Dafne Keen.