Avant-Première VO: Review Mister Miracle #1

Avant-Première VO: Review Mister Miracle #1

14 août 2017 Non Par Xavier Fournier

Mister Miracle, le prince de l’évasion créé par Jack Kirby, revient à l’occasion d’une nouvelle maxi-série signée Tom King et Mitch Gerads. Si le personnage est bien mal en point dans le récit, pour ainsi dire pratiquement déconstruit, le projet s’annonce ambitieux et « couillu » dès les premières pages.

Mister Miracle #1Mister Miracle #1 [DC Comics]
Scénario de Tom King
Dessins de Mitch Gerads
Parution aux USA le mercredi 9 Août 2017

Mister Miracle est une figure christique. Tom King l’a répété à souhait pendant la promotion de cette maxi-série mais c’est aussi un fait apparent dès les premiers temps du Fourth World de Jack Kirby, quand on apprend que Miracle est en fait le fils d’un personnage à mi-chemin entre Moise et « Dieu le père », le Highfather. Fils qui plus est envoyé sur Terre où il met en scène de manière cyclique sa mort possible, le temps d’échapper à des pièges de plus en plus perfectionnés. Mais Mister Miracle est toujours apparu comme un personnage joyeux, presque insouciant, comparé par exemple à Orion, fils de Darkseid élevé par le Highfather. Dans cette nouvelle série, King (non, pas Kirby, l’autre King, vous suivez ?) montre le héros sous un angle qui sent le désespoir. L’ennemi, c’est lui, alors qu’il s’est fixé un but à la fois ultime et sordide… et qu’il en vient à douter lui-même de ce qu’il voit. La chose choquera peut-être certains lecteurs old school de Mister Miracle mais, à bien y regarder, cette approche est beaucoup plus fidèle qu’on pourrait le croire au premier abord. King a des arguments, en particulier cette scène où Scott Free et Orion sont confrontés et où Barda souligne que, d’une certaine manière, le plus dur des deux n’est pas celui que l’on croit. Il y a des parallèles à faire avec les autres projets de King. En un sens Mister Miracle est comme certains personnages de Sheriff Of Babylon, traumatisé par la guerre (pour le coup celle qui oppose les New Gods à Darkseid). Son état n’est pas très différent d’un stress post traumatique militaire. Et puis il y a aussi des choses en commun avec la récente série Vision de King chez Marvel, avec une certaine dimension intime, domestique, de l’horreur. La seule petite limitation qu’on pourrait trouver à l’idée de King c’est que la question de savoir si Mister Miracle peut tromper la Mort a déjà été abordée (quand bien même il s’agissait de l’autre Mister Miracle, Shilo Norman) pendant les Seven Soldiers de Grant Morrison. Mais l’équipe créative prend un angle si différent que le sentiment de redite est parfaitement évité.

« Only Granny can teach. »

Partenaire de King sur Sheriff Of Babylone, Mitch Gerads dynamite les codes visuels de Mister Miracle. C’est à dire qu’il n’en donne pas forcément une approche très « Kirbyenne » (ce qui explique peut-être que ce projet ne soit pas estampillé du même logo que Kamandi Challenge ou Bug!) bien qu’il reste très fidèle aux costumes des personnages. Notons qu’au passage ce Mister Miracle continue d’enterrer la version 2011 post-reboot des New Gods, pour ne faire référence qu’aux incarnations laissées par Kirby. Et il n’y a pas photo : c’est la bonne manière de les moderniser. Pas en leur collant des blousons ou des costumes plus complexes mais bien se demandant comment des héros peuvent, dans l’état, fonctionner. Il ne s’agit pas de leur faire subir des changements vestimentaires mais de trouver dans quel contexte les plonger. En quelques coups de crayons, Gerads les propulse dans une ambiance digne de Vertigo. Et c’est le mot : Ambiance ! On sent que les auteurs ont relu les classiques et réellement potassé les personnages, les tournant dans tous les sens pour voir où il était encore possible de pousser la logique. Comme dis plus haut, les premières pages peuvent éventuellement déstabiliser des lecteurs de longue date de Mister Miracle. Mais passé le choc initial (une forme de « claque » au lecteur pour s’assurer d’avoir son attention), cette destruction apparente me fait plutôt penser à certains éléments du Starman de James Robinson : d’abord un côté cynique, désabusé, qui a bien des chances de mener à une redécouverte du personnage. En tout cas on se demande clairement ce qui va arriver à Scott Free à partir de là !

[Xavier Fournier]