Décès d’Al Feldstein (1925-2014)

[FRENCH] Nous apprenons le décès d’Al Feldstein, survenu ce mardi 29 avril. Il avait été l’éditeur emblématique du magazine Mad entre 1956 et 1984 (on peut dire qu’il a modelé le « Silver Age » de cette célèbre revue de BD humoristique) mais aussi un artiste complet.

Après des débuts au sein du studio Eisner & Iger où il était dessinateur assistant (à l’époque c’est lui qui dessine les taches de la fourrure habillant Sheena, la Reine de la Jungle), Al Feldstein est réellement devenu freelance dans le milieu des comics à son retour de la guerre. Junior (une sorte de clone de l’éternel adolescent Archie), publié par Fox, est alors sa première série régulière (à compter de 1947). C’est en 1948 qu’il livre ses premiers travaux à l’éditeur EC (Saddle Justice #3), passant à un registre plus orienté vers l’action (War Against Crime!, Gunfighter, Crime Patrol…). Jusque-là Feldstein était un dessinateur de pages intérieures mais il va devenir un cover-artist régulier de la firme et également un scénariste, avant d’enchaîner logiquement avec des responsabilités éditoriales. L’homme donnera à EC Comics un sens certain de l’accroche, les dessins des couvertures mais aussi tout le graphisme (calligraphie incluse) devenant une véritable signature visuelle. Chez EC, Feldstein lancera avec Will Gaines (le propriétaire de la société) des titres devenus célèbres comme Weird Science, Tales from the Crypt, Shock SuspenStories ou encore The Haunt of Fear. C’est cette gamme, fortement orientée vers l’horreur et l’humour noire, qui s’attirera les foudres des associations bien-pensantes dans les années 50, poussant EC sous le feu d’une commission gouvernementale.

EC Comics est alors obligé de réduire la voilure et se sépare d’Al Feldstein. Rien que cette première phase de la carrière d’Al Feldstein lui aurait assuré une place importante dans l’histoire des comics (il suffit de voir l’influence de Tales From The Crypt ou Weird Science sur des générations d’auteurs). Mais son histoire avec EC n’est pas terminé. Après l’horreur, la société d’édition se recentre sur l’humour. Elle lance Mad sous l’égide d’Harvey Kurtzman mais quand ce dernier s’en va, en 1956, c’est à Feldstein que William Gaines offre son poste. Si Feldstein n’est pas le créateur de Mad c’est cependant sous sa conduite (à partir de Mad #29) que le magazine va prendre sa vitesse de croisière et aussi gagner une reconnaissance internationale. Sous Kurtzman, Mad s’écoulait à 375,000 exemplaires. La version dirigée par Al Feldstein va se diffuser jusqu’à 2800000 copies !

En 1984, malgré une longue et fructueuse collaboration, Feldstein et Gaines ont de plus en plus de désaccords créatifs éditoriaux. Entre autres choses Feldstein veut étendre l’empire Mad, en faire un programme TV. Gaines, peu convaincu, refuse. Feldstein préfère alors se retirer et prendre sa retraite, marquant ainsi la fin d’une ère de la revue. Mad ne retrouvera jamais les ventes qu’il connaissait à l’époque de Feldstein.

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