Avant-Première VO: Review Volition #1

Avant-Première VO: Review Volition #1

20 août 2018 Non Par Xavier Fournier

Dans un monde où les robots sont devenus intelligents, ils n’ont guère l’occasion de s’en féliciter. Au contraire, ils sont devenus la nouvelle minorité exploitée. Bien que les robots aient des droits, les humains les gardent dans une véritable misère sociale. Les machines, du coup, ont leur propre « drogue » (une soif de mise-à-jours et d’extensions pour ne jamais être dépassées) et les inconvénients qui vont avec (un terrible virus qui les détruit). La nouvelle série Volition a tout d’une approche sociale d’un monde robotique qu’Asimov et quelques autres auteurs de Science-Fiction ne renieraient pas…

Volition #1Volition #1 [Aftershock Comics]
Scénario de Ryan Parrott
Dessins d’Omar Francia
Parution aux USA le mercredi 15 août 2018

Aftershock est un petit éditeur parfois difficile à cerner tant l’éventail des thèmes traités est assez large. Dans sa gamme, on trouve aussi bien des récits de guerre de Garth Ennis, des histoires de super-héros de Mark Waid ou bien… cette nouvelle série qui regarde résolument vers une catégorie bien connue de la Science-Fiction, à savoir la fable robotique. Les machines ont-elles une âme ? La question n’est pas nouvelle. Elle était déjà posée dans le « I, Robot » d’Eando Binder (bien avant celui d’Asimov). Blade Runner, Matrix, Terminator ou West World, parmi tant d’autres, ont déjà exploité le thème, l’emportant dans des directions différentes. La spécificité de Volition, c’est qu’ici les robots n’ont pas besoin de se soulever pour avoir des droits ou une forme de reconnaissance. En un sens, dans ce scénario de Ryan Parrott, les machines sont déjà libres. Elles peuvent avoir des enfants (en fusionnant, en couple, leurs programmes elles arriver à créer une troisième entité) et même travailler. Mais c’est là que le bât blesse : la race humaine a bien compris qu’il n’y avait pas besoin de traiter comme des objets la population synthétique alors que celle-ci lui est plus utile comme main d’œuvre bon marché. Du coup les robots sont obligés de vivre dans de véritables ghettos. Au marché noir, ils se procurent des composants qui leur permettent de ne pas devenir obsolètes. Mais comme il s’agit de bidouillages de mauvaise qualité, les robots défoncés à la technologie sont bien souvent victime du Rust (« la rouille »), un virus qui détruit leur esprit. C’est le crack pour les machines. Les robots bien portants travaillent alors dans des « cliniques » pour essayer de sauver leurs semblables, certains d’entre eux espérant qu’on pourrait retrouver un jour la trace de la créatrice des robots, sans doute la seule capable de changer leur sort…

« I am… Animated. Awake. Aware. »

Ryan Parrott et Omar Francia payent leurs hommages. Ne serait-ce que la scène d’ouverture (la naissance/l’éveil de l’héroïne, Amber) est déjà en elle-même un gros clin d’œil à la mise en service de Robocop. Et le design de certains autres robots peut faire penser aux A.B.C. Warriors chers à 2000 AD. Pourtant Volition (mot qui désigne un acte nécessitant de la volonté) sait trouver sa personnalité en décrivant de manière convaincante tout un monde futur. Quand on y regarde bien, on ne suit guère l’héroïne que pour deux scènes de ce premier numéro, l’ensemble visant plutôt à nous montrer comment les robots descendent l’échelle sociale, les uns devenant de petits cambrioleurs tandis que d’autres sombrent dans l’obsolescence (programmée, c’est le cas de le dire). A en croire la couverture, toute une partie de cette distribution ne manquera pas de se retrouver enfermé dans le même entrepôt. Volition est une série que l’on n’attend pas spécialement mais qui fait le job, à plus forte raison avec les effets de matière qu’Omar Francia plaque sur ses dessins. Même si on aurait sans doute pu faire sans le cliché ultra-éculé de « la quête de la scientifique disparue qui les a créés », l’histoire est assez prenante. Une série futuriste, fraiche et efficace, à conseiller à ceux qui ont déjà apprécié les premiers arcs du Rai de Matt Kindt chez Valiant.

[Xavier Fournier]