Avant-Première VO: Review The Magic Order #1

Avant-Première VO: Review The Magic Order #1

16 juin 2018 Non Par Xavier Fournier

Des années que Mark Millar et Olivier Coipel évoquaient, au détour de certaines interviews (y compris dans Comic Box), l’envie de travailler sur un projet commun. L’attente est terminée : The Magic Order est le premier gros lancement du Millarworld depuis son rachat par Netflix et, dès les premières pages, la magie opère. Plutôt deux fois qu’une, vu le thème…

Magic Order #1The Magic Order #1 [Image Comics]
Scénario de Mark Millar
Dessins d’Olivier Coipel
Parution aux USA le mercredi 13 juin 2018

C’est, forcément, le style du dessinateur français Olivier Coipel qui saute d’abord aux yeux. Habitué des projets chez DC puis Marvel Comics depuis presque une vingtaine d’années, The Magic Order est pour lui une rare occasion de toucher au creator-owned mais aussi d’échapper aux super-héros en Spandex. Même si les protagonistes de Magic Order ont, comme le titre l’indique, des pouvoirs magiques, même si cet ancien dessinateur de House of M’amène avec lui certains effets de recomposition visuelle qui ne déplairaient pas à une Scarlet Witch en mode « No more mutants », Olivier a toujours fait preuve d’une envie de penser les costumes comme autre chose que des collants bariolés. C’était tangible aussi bien dans sa réinvention des dieux asgardiens pour Thor, pour l’empire de Magneto dans HOM ou pour la dynastie mangeuse d’araignées dans Spider-Verse. The Magic Order fonctionnant selon une autre logique, la plupart des personnages sont en tenue de ville, permettant à l’artiste d’aller plus loin dans la diversité et le réalisme des tenues. Une volonté de réalisme qui fait que le dessinateur en profite d’ailleurs pour injecter de vraies personnes dans sa fiction. Les habitués des festivals reconnaîtront, s’ils sont observateurs, un ou deux visages de la sphère français des comics. Outre la diversité vestimentaire, le fait que Coipel créé tout un univers visuel le laisse aussi libre de faire appel à un champ plus large d’influences. Pour exemple la scène de l’enfant rejoignant ses parents au lit, passage qui conjugue avec brio des éléments narratifs évoquant non seulement les comics (normal) mais aussi une pincée de manga, le tout sans faute de ton.

« First wizard down. »

Si le dessin fait que The Magic Order est, d’emblée, une belle ballade, on peut compter sur Mark Millar pour bâtir scénaristiquement tout un univers. Ou plutôt, conscient de ses forces, Millar n’hésite pas à prolonger la déconstruction « post-watchmenienne » qui a fait le succès de plusieurs de ses plus grands succès à ce jour. The Magic Order nous raconte en effet que la Magie ce n’est pas que l’illusion et du trucage, qu’il existe au contraire une société secrète, centrée autour de la famille Moonstone, qui protège l’humanité contre les forces occultes depuis la nuit des temps. Seulement, quelqu’un a commencé à tuer les magiciens. C’est du pur Millar, on est quelque part entre Wanted et Jupiter’s Legacy (loin d’être de mauvaises références). Il y a cette idée de cercle secret déséquilibré par le meurtre initial mais aussi, à nouveau, la notion d’héritiers désinvoltes (Cordelia Moonstone a comme un air de famille avec Chloe Sampson, la fille d’Utopian). Mais il ne s’agit pas simplement de refaire. C’est comme si Millar prenait des dominos similaires pour les faire tomber de façon différente. En dernière analyse le mariage Millar/Coipel génère la petite étincelle de malice, le truc qui fait qu’on accroche. C’est d’autant plus manifeste qu’on pourrait faire des parallèles entre The Magic Order et le nouveau titre Immortal Men de DC Comics. Les grandes lignes du synopsis peuvent paraître voisines. Et pourtant avec cette nouvelle série Millarworld, il y a de l’âme, du génie et pas simplement des gesticulations d’archétypes connus.

[Xavier Fournier]