Avant-Première Comics VO: Review Avengers #14

Avant-Première Comics VO: Review Avengers #14

10 février 2019 Non Par Xavier Fournier

Les Avengers ont entrepris de lutter contre l’une des plus anciennes menaces qu’ait connu l’humanité (en tout cas au sein de l’univers Marvel) : les vampires. Il y a en effet une sorte de guerre civile ou de coup d’état au sein de la nation vampire. Dracula n’est plus de mise, remplacé par un nouveau leader militaire, qui convoite les réserves de Vibranium. Heureusement les Avengers viennent de recruter un expert en la matière.

Avengers #14Avengers #14 [Marvel Comics]
Scénario de Jason Aaron
Dessins de David Marquez
Parution aux USA le mercredi 6 février 2019

Ce n’est pas la première fois que les Avengers partent en guerre contre les Vampires mais Jason Aaron oriente la chose avec une ambition nouvelle, en liant les actions des buveurs de sang à des éléments de l’univers Marvel auxquels, d’habitude, on ne les associe pas. Il y a aussi la question « géopolitique » du rapport de force à l’intérieur du camp Vampire, avec un « Shadow Colonel » aux faux airs d’un personnage de manga qui semble détrôner Dracula mais aussi, paradoxalement, réunir les conditions au retour d’un Dracula plus « classique ». Le seul petit problème dans l’approche d’Aaron est une inconsistance dans la manière qu’ont les Avengers de gérer la chose. Un temps ils sont plus ou moins à l’aise dans le fait d’exterminer des Vampires dans les mines du Wakanda parce que, essentiellement, ce sont des « gens déjà morts ». Et puis dans une autre scène on nous explique que toute tentative de démasquer le Shadow Colonel déclencherait des explosifs (comprenez : le tuerait) et ça les Avengers ne veulent pas. Même si on pourrait avancer que dans un cas, au Wakanda, il y a un critère de légitime défense qui n’est pas présent lors de la scène avec le Shadow Colonel, on imagine mal Blade ne pas le tuer d’office. Dans le même temps les Avengers font preuve d’un amateurisme certain en « oubliant » de surveiller le compagnon du Shadow Colonel sans prendre en compte qu’il pourrait être dangereux. Mais dans le même temps l’épisode a les forces qui comblent ses faiblesses. L’ajout de Blade, un personnage qui n’a rien d’un team player et qui se moque absolument de suivre les ordres, au sein des Avengers apporte quelque chose à la dynamique du groupe. Là où tout ce petit monde s’entendait à merveille (quand bien même She-Hulk et Ghost Rider sont parfois victimes de dédoublement de personnalités), Blade est un peu ce que Wolverine est aux X-Men (et sans doute plus encore que Wolverine lui-même pouvait l’être quand il est passé par les Avengers). La question qui demeure, cependant, c’est est-ce que Jason Aaron pourra l’utiliser durablement quand le focus passera, inévitablement, à un autre sujet que les Vampires ?

« …You bloodsuckers ain’t gonna live that long. »

Le dessinateur David Marquez s’était déjà bien distingué sur d’autres épisodes de groupe, surtout sur Defenders. Il a une manière nerveuse de poser ses ombres (par moment on pense un peu au type d’encrage que pouvait apporter Kyle Baker dans les années 80) qui fonctionne très bien ici puisque l’on a un dessinateur qui d’une part sait gérer une distribution nombreuse et de l’autre s’en tire très bien dans la représentation des ténèbres. Dans un arc qui utilise les Vampires, il a toute sa place. Encore que la Legion of the Unliving a quelque chose d’un casting d’archétypes. C’est plus le carnaval qu’autre chose, avec pour l’instant peu de subtilité dans la menace en elle-même. La vraie chose qui manque à Avengers comme série, c’est une forme de personnalité visuelle, d’identité par défaut qui unirait le tout. Aaron a déjà plusieurs fois travaillé sur des séries à dessinateurs multiples, en particulier sur Thor, God of Thunder ou Mighty Thor mais ces titres ont toujours gardé un ton parce qu’un dessinateur principal se distinguait. Ici, c’est loin d’être idiot de faire appel à Marquez, pour toutes les raisons évoquées ci-dessus. Mais dans le même temps on conserve ce sentiment d’auberge espagnole, le titre sautant de manière capricieuse d’un dessinateur à un autre sans qu’on ait la sensation d’une direction artistique.

[Xavier Fournier]