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Review: Shazam

Deuxième film DC post Snyder, Shazam nous présente un tout nouveau super-héros dans cet univers cinématographique. Axé avant tout sur la comédie et la famille, le film se cherche par moment mais se détache largement de ces prédécesseurs.


MY NAME IS…

Shazam (ou Captain Marvel comme il était appelé à l’origine) est un personnage avec presque 80 ans d’aventures derrière lui. Les scénaristes ont choisi d’adapter l’une des dernières sagas redéfinissant ces origines, écrite par Geoff Johns et dessinée par Gary Frank en 2012. On suit le parcours de Billy Batson, jeune orphelin, séparé de sa mère après s’être perdu dans la foule. Passé de famille d’accueil a une autre, Billy atterrit chez les Vasquez et leurs cinq autres enfants adoptés. Et ce n’est pas la seule chose qui va changer dans sa vie : choisi par un puissant Sorcier, il va devenir son champion sur Terre, Shazam. Seul problème : en se métamorphosant, Billy devient adulte. Comment gérer ce nouveau statut et ces nouveaux pouvoirs ?

REFLET DÉFORMANT

En parallèle de l’histoire de Billy, on suit les origines du vilain du film : le Dr Sivana. Enfant meurtri et rabaissé par sa famille, le petit Thaddeus a la chance de toucher du doigt le pouvoir ultime pour mieux le perdre. Des années plus tard, il continue sa quête pour retrouver et obtenir ce dont il rêve. Autant le dire, s’il n’était pas incarné par Mark Strong (Green Lantern, Kingsman…), Sivana n’aurait pas beaucoup d’intérêt. Alors que l’œuvre d’origine utilisait le redoutable Black Adam comme adversaire, le film n’a pu s’en servir à cause d’un long-métrage Black Adam avec Dwayne « The Rock » Johnson en préparation. Du coup, Sivana se retrouve dans le rôle occupé par Adam dans le comic book. Quel dommage car on a encore le droit à une version maléfique du héros, avec la plupart de ses pouvoirs, même si le maléfique docteur a quelques atouts dans sa manche. Niveau ambition, le personnage, bien que présenté comme un scientifique et chercheur de renom, ne dépasse pas le stade de l’homme complexé qui a quelque chose à prouver. On ne comprend même pas ce qu’il souhaite faire une fois qu’il aura obtenu ce qu’il souhaite. Conquérir le monde ?

L’ENFANT QUI SOMMEILLE EN NOUS

Si Sivana est un personnage incisif, le héros Billy/Shazam est bien plus intéressant et attachant. Le casting de Zachary Levy en enfant coincé dans un corps d’adulte fonctionne à la perfection. Avec ses airs un peu ahuri, il s’émerveille de tout et fait passer aux spectateurs sa joie communicative. Quand il faut jouer les héros sérieux, l’acteur est tout aussi crédible. Billy a également une « quête annexe », dirons-nous, au résultat quelque peu décevants mais qui est là pour faciliter l’intrigue principale. Le duo Billy/Freddy est l’élément clé du film. Freddy incarne quelque part le spectateur (un peu plus geek que la moyenne) qui va suivre le parcours initiatique du héros a ses côtés.

DICHOTOMIE

Comédie ? Film d’action ? Film d’horreur ? Shazam est un peut tout ça a la fois. Pour cette dernière qualification, avouons-le, c’est un peu exagéré. Tout comme James Wan (le réalisateur d’Aquaman), David F. Sandberg vient du cinéma d’horreur (Annabelle notamment) et le réalisateur ne peut s’empêcher d’en faire un clin d’œil. Certains diront que ce n’est le temps d’une scène très perturbante et surprenante, dans laquelle Sivana révèle ses pouvoirs pour la première fois. Durant le reste du film, des manifestations démoniaques pourront déranger les plus jeunes. On dira aussi que la génération précédente a été élevée à coup de monstres dans La Momie, de dinosaures dans Jurassic Park et de revenant dans SOS Fantômes. Mais un film comme Shazam vise un public jeune. Après tout le héros est un enfant  dans un corps d’adulte. Il serait cependant mal avisé d’emmener les plus jeunes (moins de 10 ans) voir ce film sous peine de cauchemars. Dommage car l’aspect comédie fonctionne très bien. Les parents et les enfants s’amuseront devant les péripéties de ce héros enfantin.

DISTINGUÉE CONCURRENCE

Avec Aquaman, Warner avait fait un virage à 360° par rapport aux films DC signés Zack Snyder (même le Wonder Woman de Patty Jenkins avait ce ton sombre). Se rapprochant du modèle de la concurrence Marvel avec des couleurs vives, des scènes d’actions endiablées, entrecoupées de « one-liners » (blagues en une phrase), Aquaman avait des faux airs de Black Panther, le côté militant en moins. Shazam se rapproche plus d’un Gardiens de la Galaxie. La comédie prime, l’aspect « groupe » (Billy, Freddy ainsi que les autres enfants) est omniprésent et l’action vient de temps en temps ponctué l’ensemble. Malheureusement, l’action n’est pas le point fort du réalisateur. Les combats sont peu fluides, on se perd un peu (surtout dans le dernier acte), ils sont répétitifs (quand Billy se relève pour la énième fois, on croit qu’il va en finir mais non). Les « petits acolytes » de Billy (qui l’aident comme ils peuvent face à la menace Sivana) sont tes attachants mais on s’attarde trop sur des chouchous comme Darla ou Eugène. Enfin, les combats en vol rappelle le combat de Zod et Superman dans Man of Steel. Cependant cinq ans plus tard, le niveau visuel de cet affrontement n’est pas plus réussi et on voit le même style de doubles virtuels flottés dans les airs.

Shazam est-il le film qui sauvera l’univers DC au cinéma ? Oui et non, pour faire une réponse de Normand. Aquaman s’est vu beaucoup critiqué et pourtant c’est le plus gros film DC au box-office actuellement. Shazam n’est pas exempt de défauts mais il n’a pas la prétention de son prédécesseur. Alors que l’univers cinématographique Marvel s’annonce (a priori) plus sombre avec Avengers: Endgame, ici, on nous offre du pur divertissement comique que l’on peut aller voir en famille (mais attention aux plus petits). Le succès au box-office sera-t-il encore là ? Ça c’est une autre histoire…

[Pierre Bisson]
Pierre Bisson

Pierre Bisson en plus d'être l'un des rédacteurs du site comicbox.com est aussi traducteur, lettreur et maquettiste.

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