Comic Box Virgin #41 – Madame Mirage

[FRENCH] C’est pô juste, comme dirait l’autre… Alors que je m’apprêtais à sortir plein de jeux de mots sur les attributs improbables de Madame Mirage, héroïne de la série éponyme, le scénariste Paul Dini me coupe l’herbe sous les pieds en plaisantant lui-même sur ces formes qui défient la gravité, ainsi que sur la prévisibilité des fantasmes masculins.

Ce regard lucide est exprimé par l’autre protagoniste de l’histoire, Harper Temple, sœur de Madame Mirage. Petit génie en informatique, Harper a monté avec sa sœur Angie – qui jouant de sa plastique s’occupe plutôt des relations publiques – une petite entreprise qui fait joujou avec les nanotechnologies et la bio-ingénierie. Dans un monde où ce genre de connaissances peut être détourné pour créer des êtres surpuissants, les enjeux politiques et économiques des inventions des sœurs Temple sont remarquables. Elles ne tardent pas à attirer l’attention d’une société au nom équivoque, la Aggressive Solutions International, qui choisit un chemin décidément expéditif pour s’en approprier. Laissée pour morte, Harper développe un dispositif intégré à son corps pour créer un avatar aux traits (un poil caricaturés, j’insiste !) de sa sœur Angie qui, elle, est vraiment décédée. Et que vengeance soit. Plus acharnée que Uma Thurman, plus plantureuse que Jessica Rabbit, plus entrainée qu’Angelina Jolie, plus classe qu’Ava Gardner… Madame Mirage a été souvent comparée à The Shadow, héro pulp des années 1930.

Après avoir posé d’une façon assez originale le monde dans lequel ses personnages évoluent, montrant un revers de la médaille assez cynique et réaliste, qui fait triompher les super-héros méchants, Paul Dini arrive à créer un album jouissif en mélangeant beaucoup de clichés de différents genres. Le héro seul contre tous, dernier champion dans un monde sans règles ni morale ; le besoin de justice si entremêlé à la soif de vengeance d’en tâcher l’âme ; la motivation affective et familiale ; des méchants sans scrupules affublés de secondes bras un peu crétins ; la fragilité et dualité du héro, ici représentée par la nostalgie d’Harper, fille « normale » voir « banale », pour sa flamboyante sœur Angie, au point d’en oublier la véritable nature de l’hologramme Madame Mirage. Cette dernière facette est d’ailleurs très intéressante, jouée avec délicatesse là où Harper elle-même se conseille ironiquement une thérapie…

Le dessin de Kenneth Rocafort est fort agréable, malgré une utilisation un peu excessive des lignes de force et de traits autour des lignes de perspective. Un mélange détonnant entre lignes nerveuses propres à un récit d’action et finesse d’encrage adapté à une histoire aussi noire que chic.

Et même si la poursuite de son but a jeté sur Harper une ombre noire, la vengeance de Madame Mirage a l’air si glamour et classe qu’elle doit forcément faire un peu de bien… 😉

[Camilla Patruno]
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