Avant-Première VO: Review Batwoman #40

Avant-Première VO: Review Batwoman #40

19 mars 2015 Non Par Comic Box

Avant-Première VO: Review Batwoman #40[FRENCH] Batwoman et ses alliés de fortune sont lancés aux trousses de la Fée Morgane, prête à s’emparer du monde… Mais au final l’héroïne principale de la série préfère aller régler ses histoires de couple et expliquer des choses avant que la série ne s’achève. Sauver le monde ? On verra une autre fois, sans doute.

Batwoman #40Batwoman #40 [DC Comics] Scénario de Marc Andreyko
Dessins de Georges Jeanty
Parution aux USA le mercredi 18 mars 2015

Le dernier numéro régulier de Batwoman (il reste un Annual à venir pour résoudre une partie des intrigues en cours) est un exemple éclatant de la dérive de la série depuis le départ de sa première équipe créative. Côté bons points (car il y en a), Marc Andreyko termine sur une mission globale où Batwoman est devenue à son tour un chef de famille à la façon d’un Batman. De la même manière que Bruce Wayne utilise des aides dans les coups durs, la voici avec Alice, Ragman, Etrigan ou Clayface. Mais la chose passe rapidement au second plan. La ville est en danger, la Fée Morgane menace les foules… Et c’est le moment que Batwoman choisi pour aller régler des questions beaucoup plus individuelles. Et c’est un signe qu’il y a quelque chose qui ne tourne pas rond dans la Batwoman d’Andreyko. Entre un danger global et ses affaires de couple, la rousse choisit les motifs perfos. Ce qui dans l’absolu peut se comprendre (tous les héros ne sont pas forcément des altruistes à chaque seconde) mais, dans l’exécution, ne passe pas vraiment. À la décharge d’Andreyko, on peut comprendre que la décision d’arrêter tant de titres ce mois-ci vient de l’éditeur, pas des auteurs, et que ces derniers ne sont donc pas comptables de la pagination qui leur est laissée. Mais plus loin, quand l’héroïne elle-même avoue ne plus savoir vraiment qui elle est, on pense sérieusement à un méta-commentaire. Surtout quand arrive une scène maladroite au possible, liée à Nocturna.

Je pense qu’à la base les intentions du scénariste sont louables. On sent, à certains endroits, qu’il entend bien traiter Batwoman comme un personnage de la même envergure qu’un Batman. Je parlais de sa capacité à inspirer des alliés. Mais là pour le coup Andreyko a utilisé Nocturna tout comme elle avait pu fondre sur Batman à l’époque de Don Newton, dans les années 80. En fait, l’archétype de la séduction forcée est régulier chez Batman (Poison Ivy vient à l’esprit). Que Nocturna utilise ses charmes sur Batwoman est donc dans la cohérence du personnage. Louables, les intentions de départ ? Oui. Mais le problème se pose à l’arrivée, quand Andreyko se prend les pieds dans le tapis en sortant une justification alambiquée pour nous expliquer que la situation est tout sauf un cas où un personnage impose sa volonté à un autre. Non (attention Spoilers), vous comprenez, si Batwoman a été séduite c’est qu’au fond d’elle-même elle le voulait sans le savoir consciemment. Si bien qu’en utilisant l’hypnotisme Nocturna n’a fait que lui faire faire ce qu’elle voulait. Vous la voyez, l’usine à gaz ? Ce côté « Non mais en fait, moi ton agresseuse je sais mieux que toi ce que tu veux et je vais te forcer à le voir ? ». Je ne fais pas de rapprochement avec des choses du réel. Il ne faut sans doute pas chercher au-delà d’un certain point. Je ne soupçonne pas Andreyko d’avoir voulu dire que la situation était « bien ». Mais ses explications (enfin celles de Nocturna) sont maladroites au possible, font plus de mal que de bien. Alors que dans le même temps il y avait la base pour coincer Batwoman au centre d’une machination diabolique. Et comme le dessin ce n’est pas non plus cela (on a connu Georges Jeanty bien plus dynamique), Batwoman est un départ sans fanfare, sans autre point d’orgue que des explications laborieuses pour sortir le parapluie. Finalement, on a presque plus l’impression que c’est la série d’Alice, seul personnage à garder la tête sur les épaules. Au bout du compte, Batwoman se demande donc qui elle est. Et on la comprend. Il y a de quoi s’y perdre.

[Xavier Fournier]