Avant-Première VO: Review Invincible #134

Avant-Première VO: Review Invincible #134

21 mars 2017 Non Par Xavier Fournier

Si Mark/Invincible a perdu un proche, Thragg lui aussi souffre d’une perte. Et dans cette famille-là, on gère le deuil d’une façon autrement plus funeste. Mais alors que le héros de la série est sur le point de partir, il faut encore que certaines vérités soient dites. L’appel aux armes se précise, avec comme des grondements au loin.

Invincible #134 [DC Comics]
Scénario de Robert Kirkman
Dessins de Ryan Ottley
Parution aux USA le 15 mars 2017

A la fin d’Invincible #133, les choses étaient écrites au propre comme au figuré. C’est à dire que Mark et Eve étaient d’accord pour déclarer une guerre sans merci, non sans qu’Allen ait été bigrement secoué… et ait gardé pour lui un terrible secret. Tout était acquis, cousu d’avance mais voici qu’arrive un numéro qu’on pourrait qualifier d’au-revoir avant l’embarquement dans cette odyssée, peut-être la dernière. Et c’est là, si besoin est, qu’on vérifie à nouveau ce qui fait le style de Kirkman. Dans cette série comme dans d’autres, ses personnages sont capables de se raviser. Ils ne sont pas d’un seul tenant. Un peu comme vous qui partez au bureau et puis retournez soudainement à l’appartement parce que vous y avez oublié quelque chose. Bien sur les problèmes des protagonistes d’Invincible sont autrement plus fantasques mais voilà qui les singularise par rapport à une bonne partie de la production des comics où les scénaristes, souvent, sont trop conscients de leur structure, emmène le personnage d’un point A à un point B sans laisser au héros le choix de se reprendre, de changer d’avis, de faire le contraire de ce qu’il avait décidé… Ainsi Invincible #134 joue avec certaines choses mises en place le mois dernier, les déséquilibre pour mieux les reconstruire. Car dans cette série où les superpouvoirs sont nombreux il ne s’agirait pas d’oublier que sous le vernis de la parabole on parle aussi et beaucoup d’humanité.

« I can’t be mad at you for doing what’s right. »

Peut-être justement que c’est l’humanité de Mark et de ses proches qui vacille à chaque instant, dans les choix qu’ils font et parce que leurs pouvoirs pourraient les mettre « au-dessus de tout ça », à la façon d’un Miracleman. Il n’en est rien. Ici Kirkman et Ottley nous le montrent encore avec un passage emprunt à la fois de nostalgie pour les débuts de la série et de responsabilité, de fraicheur parentale, un sentiment familial que rien n’arrêtera, même pas la guerre annoncée. Et paf. Jusqu’à la dernière page les auteurs se réservent le droit de changer les plans, de remettre la balle en jeu. Moins sanglant que certains épisodes de la série, ce #134 est un vrai travail d’orfèvre, une mécanique bien huilée qui nous montre aussi pourquoi Mark et sa famille ont des raisons de se battre. Certainement pas l’épisode le plus punchy de la série mais il n’en reste pas très bien pensé.

[Xavier Fournier]