Avant-Première VO: Review Briggs Land #1

Avant-Première VO: Review Briggs Land #1

23 août 2016 Non Par Xavier Fournier

Brian Wood nous avait déjà donné DMZ, entre autres choses, le voici qui revient avec un autre espace délimité, Briggs Land, où les déchirements d’un clan familial de sécessionnistes, le genre de bande qui vit en autarcie en attendant de pied ferme, les armes à la main, que les agents fédéraux débarquent. Autrement dit un contexte explosif… qui n’est que la mise de départ pour Wood et son compère, le dessinateur Mack Chater.

 Avant-Première VO: Review Briggs Land #1Briggs Land #1 [Dark Horse Comics]
Scénario de Brian Wood
Dessins de Mack Chater
Parution aux USA le mercredi 17 août 2016

Les Briggs sont l’archétype de ces familles qui vivent retirées, convaincues que les USA vont s’effondrer ou, alternativement, venir s’attaquer à eux puisque la menace c’est les autres, la différence, le monde extérieur d’une manière générale et plus précisément quiconque ne leur ressemble pas. La secte de Waco est une référence/modèle citée dans l’histoire… Alors que la série commence, Jim Briggs, le père et le « gourou » de la famille est déjà en prison depuis un bail et encore pour longtemps. Antisémite, machiste, brutal… Il a tenté de tuer le Président des USA. Rien que ça. Mais même les barreaux ne l’empêchent pas de régner sur son clan. Il profite du droit de visiter de son épouse pour continuer de dicter ses consignes. Sauf que Grace Briggs a « sauté » la dernière séance et que la voici qui, cette fois, vient signaler à son mari que c’est fini, qu’elle a décidé de reprendre les commandes de la famille et de se passer de lui, de couper les ponts. Même les gardes de la prison en viennent à la prévenir des dangers de défier Jim Briggs. Le tout se déroule sous la surveillance, de loin, d’agents fédéraux qui se demandent quelle direction les évènements vont prendre. Grace, clairement, explique qu’elle est toujours aussi conservatrice mais pour autant est-elle aussi pourrie que son mari, cela reste à voir. Pour l’instant elle fait le tour de ses trois fils, ayant décidé de faire « sécession » de son mari pour le bien de la famille. Mais – et c’est toute la question – est-ce que les fils sont restés fidèles au père, eux, ce qui ferait qu’en famille Grace serait plus en danger que jamais ?

« Let’s see how the community responds to that. A wife, running things ? »

Avec une base à l’évidence très politisée, Brian Wood a décidé surtout de décrire une femme qui dit non au patriarcat (bien qu’on s’interroge encore sur ses motivations). Si ce n’est qu’on sait peu de choses de la femme en question et qu’autant c’est un ange, autant c’est une folle digne de la reine Cersei, seulement motivée par un amour maternel hors-norme (encore que là, clairement, Grace ne leur fait qu’une confiance relative, l’arme à la main. La chose étant que les fils en question sont adultes, bien tordus eux-mêmes, portant pour certains la croix gammée… Il y a le redneck sauvage, l’argentier qui gère la compta de la communauté et le GI fraichement revenu au bercail. Grace vaut-elle mieux ? A ce stade, on ne sait pas, mais ce n’est guère important en soit puisque Briggs Land se lit avec le parfum d’une série du réseau cablé américain, quelque chose qui pourrait aussi bien nous ramener à une ambiance à la The Shield, où tout le monde est pourri, pas un pour rattraper l’autre, mais où le panier de crabe reste fascinant à regarder, en se demandant de quel côté les dominos vont tomber. C’est quelque chose que l’on lit en imaginant une atmosphère à la True Detectives… C’est bien le scénario qui guide cette série ambigüe et donc imprévisible. Le dessin minimaliste de Mack Chater ne fait pas dans le spectaculaire mais ce serait hors-sujet, puisque la plus grande partie de l’épisode repose sur des dialogues. Le problème qu’on peut avoir avec Chater c’est qu’il dessine de manière un peu similaire le fils militaire, Isaac, et l’un des agents fédéraux qui surveille la famille. Si bien qu’à chaque fois qu’on change de cadre, à la lecture, il y a un petit temps de décrochage le temps de se dire que c’est l’autre. Mais l’important c’est que Wood installe son « nid de vipères », cette société fermée qui a peur du dehors et où le danger, désormais, est à l’intérieur. Un préambule qui change et qui, déjà, capte l’intérêt.

[Xavier Fournier]